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ARCHIVES
DE
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ARCHIVES
DE
L'ORIENT LATIN
PUBLIÉES SOUS LE PATRONAGE
DE LA
SOCIÉTÉ DE L'ORIENT LATTN
Tome IL
PARIS ERNEST LEROUX
18, me Bonaparte
1884
ARCHIVES
DE
L'ORIENT LATIN
PUBLIÉES SOUS LE PATRONAGE
DE LA
SOCIÉTÉ DE L'OKIENT LATIN
Tome IL
PARIS ERNEST LEROUX
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1884
GÊNES
IMPRIMERIE
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l'institut royal des sourds-muets
MDCCCLXXXII - MDCCCLXXXIV
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'accueil favorable qu'a reçu le premier volume
des Archives de l'Orient Latin m'a encouragé
à continuer cette publication. Aujourd'hui j'en
présente la suite aux érudits qui s'intéressent
à nos études.
Désirant conserver, — malgré les difficultés matérielles quelle office, au point de vue de l'exécution typographique , — la méthode rigoureuse qui a présidé au classement des articles du premier volume, j'ai dû cependant faire une concession aux nécessités du travail d'impression, et séparer le volume en deux séries distinctes, pouvant être mises sous presse simulta- nément: la première comprend tous les articles originaux, la seconde, les documents.
Le premier volume avait fait une part considérable à la Critique des sources; j'ai restreint, dans le second, V étendue de cette section au profit des Mélanges historiques et archéo-
586304
VI
logiques. De même^ dans la série t/« Documents, les Chartes occupent aujourd'hui une place beaucoup plus grande quauparor vantj et fai admis pour la première fois des textes ^Itinéraires,
Empêché par ma santé de donner à la publication de ce second volume tout le temps que f avais pu consacrer au premier j fai heureusement trouvé auprès de mes collaborateurs français et étrangers, une aide précieuse qui a suppléé large- ment à ce que je ne pouvais faire moi-même; je les prie d'en agréer ici mes remerciements les plus vifs.
M. Furcy Raynaud, mon ami et confrère^ s'est chargé, avec un dévouement qui ne s'est jamais démenti, de la tâche ingrate de traduire tous les articles qui m'étaient envoyés en allemand^ et un autre de nos confrères, M. Charles Kohler, a revu et corrigé les épreuves avec le soin qu'il apporte à tous ses travaux.
y espère que ce second volume pourra encore être suivi de plusieurs autres conçus sur le tnême plan: ce ne sont point les matériaux qui manquent à l'éditeur. Dieu veuille lui donner le temps et la force de les mettre en œuvre.
Comte RIANT.
Membrg de rimtiM.
TABLE DES MATIÈRES
A. CRITIQUE DES SOURŒS.
I. Ulysse RoB£RT. — La Chronique d'Arménie de Jean Dar-
dcl, évêque de Torriboli Pag. i
II. Henri Hagekmeter. — Étude sur la Chrmique de Zimmem; renseignements qu'elle fournit sur la première croisade » 17
III. Charles Schefer. — Étude sur la Devise des chemins
de Babihmie » 89
B. INVENTAIRES ET DESCRIPTIONS DE MANUSCRITS. » 103
L Comte Riant. — Invenuire des matériaux rassemblés par les Bénédictins au XYIII* siècle pour la publication des Historiens des croisades » 105
II. — Inventaire sommaire des manuscrits relatifs à This- toire et à la géographie de TOrient Latin . . . » 131
II » 510
C MÉLANGES HISTORIQ.UES ET ARCHÉOLOGIQ.UES . . » 20s
I. Comte de Mas Latrie. — Histoire des archevêques latins de Tile de Chypre » 207
n. E. G. Rey. — Les périples des côtes de Syrie et de la Petite Arménie » 33^
ni. W. Heyd. — Les consulats établis en Terre Sainte au Moyen- Age pQur la protection des pèlerins . . '> 355
II » 512
VIII Table des matières.
IV. Rcinhold Rôhricht. — Études sur les derniers temps
du royaume de Jérusalem (Suite) Pag. 365
C. Les combats du sultan Bib«rs (ia6i>i277). D :»
V. Comte Riant. — Invention de la sépulture des pa- triarches Abraham , Isaac et Jacob à Hébron le 25
juin II 19 » 411
II » 512
VI. Gustave ScHfcUMBERGER. — Sigillographie byzaïuinp des ducs et catépans d'Antioche, des patriarches d'Antioche
et des ducs et catépans de' Chypre » 423
VII. Comm. J.-B. de Rossi. — Verre représentant le Temple de Jérusalem « 439
VIII. Clermont-Ganneau. — Nouveaux monuments des
croisés recueillis en Terre Sainte ^457
II » 513
DOCUMENTS II Pag. i
I. Chartes » 3
z. Actes passés à Famagoaste de 1299 à 1301 par devant le no- taire génois Lamberto di Sarabuceto [Ch/ Cormbuo Desimomi]. » ' »
2. Fragment d*un cartulaire de l*ordre de Saint-Laiare, en Terre
Sainte [Comte de Marsy] » 121
3. Documents concernant les seigneurs de Ham, connétables de Tri- poli 1227-1228 [Comte de Marsy] » 758
4. Quatre pièces relatives à TOrdre Teutonique en Orient • . » 164
5. Documents génois concernant l'histoire de Chypre [Comte de
Mas Latrie] y* 170
6. Documents relatifs à une relique de saint Philippe, rapportée de
Terre Sainte à Saint-Remi de Reims [L. Demaison] . . » 17/
7. Chartes de départ et de retour des comtes de Dampierre-en-
Âstenois (IV* et V* croisades) [Anatole de Barthélémy] • • » 184
8. Documents relatifs aux Plàisançais d*Orient [G. Tononz] . . » 208 9.. Quatre titres des propriétés des Génois à Acre et à Tyr [Ch.r
CORNELIO DeSIMONI] » 21 3
10 Une charte de nolis de s. Louis [Ch/ L. Bblgrano] . . . » 231 II. Pièces relatives au passage à Venise de pèlerins de Terre Sainte [Comte Riant] » 237 et 512
IL Lettres » 251
1. Documents relatifs à la croisade de Guillaume, comte de Pon-
thieu [D/ S. Lôwenfeld] » 251
2. Une lettre de l'impératrice Marie de Constantinople [Comte
Riant] » 256
3. Lettres de Ricoldo de Monte-Croce sur la prise d'Acre (1291)
[Prof. R. Rôhricht] «258
4. Fausse correspondance du sulun avec Clément V [Prof. W. Wat- tbnbach] « 297
Table des matières. ix
IIL Voyages » 305
1. Lodolphus de Sudheim, D$ itinere Terre SaneU [Prof. D.' G. A. NeumammJ • »»
2. Voyage en Terre Sainte d*un maire de Bordeaux au XIV* siècle
[Comte Riant] Pag. 578
). Récit sot les Lieux Saints de Jérusalem, traduit d*un texte slavon
éa XrV siècle [R. P. J. Martinov, S. J.] » 389
4. Deux descriptions arméniennes des Lieux Saints de Palestine
fP. Léonce Almhak] » 394
I. Anatatc d'Annénie (VII* siècle), La LXX eomvetUs mrmtinitiu dt Jiru$aUm . • 39s
U. KicoUs d'Acqmnnaao (148}), Èm SS, Lùujc i* JinumUm. «400
IV. Textes divers » 405
1. Vie des saints allemands de l'église de Chypre [C. Sathas] . » »
2. Annales de Terre Sainte [R. Rôhricht et G. Raynaud] . . » 427
5. Gabriel Bar Kalâ*i, évèque de Nicosie, Poème sur la chute de
Tripoli [R. RômucuT et L Guœi] » 462
4* Fragment d*une Chanson d'Antioche en provençal [Paul Meyer]. » 467
ADDITIONS ET CORRECTIONS . ........ %io
INDEX GÉNÉRAL » 51s
INDEX CHRONOLOGIQUE DES PIÈCES PUBLIÉES DANS LE VOLUME
II 30-1 145. — Guillaume, patriarche de Jérusalem» annonce la do* nation à S. Lazare d'une citerne
1142. — Foulques, roi de Jérusalem, approuve la donation faite à S. Lazaro par Baudouin de Césarée
1144. — Baudouin, roi de Jérusalem, et Mélisende, sa mère, confir- ment la donation précédemment faite à S. Lazare par Foulques et par Mélisende
11 47, sept. — Roger, évéque de Rama, donne aux frères lépreux de Jérusalem la moitié des dîmes du casai des Infirmes
» 18 déc. — Eugène III confie à Hugues , archevêque de Rouen , le jugement d*un procès pendant entre le comte de Ponthieu, croisé, et l'abbaye de Troam
> » — Eugène III à Guillaume, comte de Ponthieu. — Même sujet
11 48. — Barisan [d'Ibelin] confirme la donation faite par Reinier de Rama à S. Lazare
» » — Humfroi de Toron donne dix quintaux de raisins à S. Lazare.
» (janvier?). — Hugues, archevêque de Rouen, fait connaître à Guillaume de Ponthieu la décision du pape
» 14 avril. — Eugène III à Hugues, archevêque de Rouen; presse le jugement du procès pendant entre Guillaume de Ponthieu et l'abbaye de Troarn
11 50, 22 juin. — Baudouin, roi de Jérusalem, approuve l'acquisition faite par S. Lazare de treize charmées de terre ....
» (après le 22 juin). — Mélisende , reine de Jérusalem , approuve l'acquisition faite par S. Lazare de quatre pièces de vigne .
11 51, mai. — Humfroi, seigneur de Toron, donne à S. Lazare une rente de trente besants
» > — Mélisende, reine de Jérusalem > donne à S. Lazare cinq charruées de terre
Pag, 123
»
124 125
125 127
2S4
25s 128 »
129 130
Index cbron. des pièces publiées.
XI
IIS3. — Robert de Frandieu donne une vigne à S. Lazare . . II, Pag. 131 II S4- — Louis VII, roi de France, donne à S. Lazare BaUwacum. » b 132 > — Ermengarde , vicomtesse de Tibëriade , donne à S. Lazare
de Tibériade deux charmées de terre b » »
II 5 5, I fèvr. — Amauri, comte d*Ascalon, donne à S. Lazare un
casai nommé Mejesie . » » 134
» 3 juillet — Amauri , comte d'Ascalon , confirme ia donation X
S. Lazare du casai de Zaythar b » 133
1159. — Mélisende, reine de Jérusalem, donne à S. Lazare une
gasterie nommée Betana » » 135
» — Geofiroi le Tort donne à S. Lazare une rente annuelle de
vingt besants » » 136
ii6a ^ Hugues de Césarée donne à S. Lazare différents biens . > » » » mars. — Hugues de Corbeil donne à S. Lazare une rente an- nuelle de trente litres de vin » » 137
1161, 9 août. — Théodora, reine de Jérusalem, donne i Richard
l'Anglais une maison touchant au palais du connétable Humfiroi . » > 138 1164, 18 mars. — Gautier Brisebarre, seigneur de Baruth, donne à
S. Lazare la moitié d*une vigne » » 139
» 25 avril. — Amauri , roi de Jérusalem , donne à S. Lazare un
esclave 9 • 140
» 16 août. — Marie, dame de Baruth, donne à S. Lazare une
rente annuelle de dix besants » » 141 .
X168, x8 nov. — Grautier, seigneur de Montréal, donne à S. Lazare
une rente de quarante besants » » »
1169. — Hugues, seigneur d*Ibelin , donne i S. Lazare une terre
simée sur le territoire de Rama » » 142
iiTa — Gautier, prince de Galilée, donne à S. Lazare une rente
annuelle de huit besants » » 143
1171, 4 févr. — Amauri, roi de Jérusalem , donne à S. Lazare une
rente annuelle de soixante-douze besants » > 144
1174, 24 iévr. -^ Amauri, roi de Jérusalem, donne à S. Lazare
quarante besants de rente annuelle » » 145
1183, ai avril. — Humfroi, fils d*Humfroi*le*jeune , donne à S. La- zare vingt besants de rente annuelle . • • • » » 146 n8$, déc — Raimond, comte de Tripoli, donne à S. Lazare vingt
besants de rente annuelle. » » 147
1186, 30 ocL — Adam le Grand, possesseur du casai de S. Gilles,
donne à S. Lazare une rente de soixante*quinze litres de vin . » » 148 1202. — Donation par Renard II de Dampierre, à l*abbaye de Montier
en Argonne , du tiers de la dlme d'Épense et de la Neuvilie-aux-
Bob » » 190
» > — Renard II restitue à Montier une terre située près d*É-
pense et fait une fondation pour le luminaire » » 191
• » — Renard II donne à Montier une rente d*un demi-muid de
froment, i la mesure de Châlons, sur sa dlme d*Épense . » 9 »
121 3, 15 févr. — Marie, impératrice de Constantinople, confirme aux
Pisans leurs privilèges en Roroanie » » 256
1214, 23 août. — Jean, abbé du Thabor, vend au scribe Beleays une
pièce de terre sise à Acre . . • > » 165
12 16, I sept. — Rupin, prince d*Antioche, confirme la donation faite par son aieul Boémond à S, Lazare d'une rente de mille anguilles. » » 149
XII
Indexchron, des pièces publiées.
II.
12 17. — Renard III de Dampierre ratifie les donations faites par son père Renard II, et y ajoute lui-même des aumônes
12 18. — Renard III prévoit le cas où son père, revenant d'Outremer, ne ratifierait pas les aumônes faites pendant son absence
» juin. _ Renard III vidime et confirme les donations faites par son père à l'hôpital de Châlons-sur-Mame
1219. — Anselme de Dampierre, seigneur de Noirlieu, confirme la fondation faite par son père. Renard II, pour le luminaire de Montier.
» — Renard III, prêt à partir pour la Terre Sainte, vient prendre congé des moines de Montier . . . .
mars. — Lettre de garantie de Jean de Brienne à Hermann 'de
Salsa.
» » — . Renard III de Dampierre fait une donation au prieuré de Notre-Dame des Ermites, près de Vassy
1226, 6 mars. — Jean d*Ibelin, seigneur de Baruth, confirme la do- nation faite par Gautier Brisebarre à S. Lazare de dix besants sar- racénats de rente
1227, mars. — Marie, veuve de Gérard de Ham, reconnaît 'qu'elle a donné à son. fils, Thomas de Ham, connétable de Tripoli, tout ce qui pouvait lui appartenir
S, d. [1228, de mars à juillet]. — Robert, évêque de Tripoli, écrit à s. Louis, roi de France, que Béatrice, femme de Thomas de Ham, a abandonné à son mari tous ses droits en France
1 228, juillet. — Thomas de Ham , connétable de Tripoli , vend à Blanche de Castille toutes ses terres du comté d'Artois.
» » — Olivier de la Roche , maître du Temple en France , déclare que Thomas, connéuble de Tripoli, a vendu à Blanche de
Castille toutes ses terres en Artois
» oct. — Frédéric II empereur, roi de Jérusalem et de Sicile, con- firme une donation faite à S. Lazare, en 1x83, par Humfroi, fils
d'Humfiroi-le-jeune .
» — Frédéric II empereur, roi de Jérusalem et de Sicile, con- firme deux donations faites à S. Lazare: la première par le roi Amaqri, en 1174, la seconde, par Humfroi, fils d'Humfroi-le-jeune, en 1183. » — Marie, mère, et Béatrice, femme de Thomas de Ham, déclarent confirmer la vente faite à Blanche de Castille 229, avril. — Frédéric II empereur, accorde à Conrad de Hohen- lohe un fief de 6000 besants sarracénats
232. — Renard II de Dampierre, à son retour de captivité, fait un abandon d'usage dans sa forêt des Alleux . .
233. — L'évêque de Châlons fait connaître les transactions passées entre Montier et Renard II au sujet des donations faites pendant son absence . ,
3 mars. — Donation par Renard II à la commanderie des
Templiers de S. Amand, près de Vitry
juin. — Renard II ratifie les donations faites à Tabbaye de Che- minon , pendant son absence , par son frère Henri de Dampierre ,
seigneur de Ponthion
• * — Jugement rendu au sujet de l'acte précédent .
juillet. — Accord entre Renard II et 4es religieux de Montier au sujet de l'abandon par ceux-ci d'un bien jadis aumône par Re^ nard I .... .
P.fg, 192 » 195 19* 196
1» 166 19s
150
Ï59
160 161
162
150
I$2 162 166
197
198
'97
100 202
» 203
Index chron. des pièces publiées.
xiu
II,
123^12^4. — Renard II coofirme et complète una donation faite à l'abbaye de Montier par Anselme, .seigneur d'Épense, son fils, pen- danl son séjour en Terre Sainte
> » — Renard II, dans ses derniers jours, donne à Montier toute sa dîme de Dommartin-sur-Yèvre
X234, mars. — Donation faite par Renard II aux lépreux de Châlons- sur-Mame
» avril. — Acte de Tabbé de Châtrices, dans lequel il est fait allusion à la mort de Renard II de Dampierre ....
• DOT. — Alis, princesse et dame de Toron, vidime une do- nation de trente besants fisiite i S. Lazare, en 1151, par Humfroi de Toron, et confirme cette donation
» déc — Philippe, évèque de Châlons, rappelle les circonstances de la captivité de Renard II de Dampierre
1235, 22 mars. — Pierre, archevêque de Césarée, donne à Rainaud de Fleur)% maître de la maison des lépreux de Jérusalem, la mai- son et Téglise de Pain-Perdu
1240, nov. — Armand de Périgord, maître du Temple, donne à S. La- zare un terrain situé sur le Mont-Musard à Acre ....
1246, ocL — S. Louis nolise seize navires génois pour sa première croisade
Vers 1248. — Etienne de Salerne donne à l'église des lépreux de Jérusalem une rente de dix sous
1249, 23 i"^°* — ^^^ consuls et vicomtes génois en Syrie prennent possession d'une maison sise à Acre
B 14 juillet. — Inventaire des revenus et cens de la commune génoise à Acre
1250, 3 mai. — Inventaire des immeubles de la commune génoise à Tyr et à Acre , . . .
1264, 5 mars. — Ratification par Guillelmo Scarampo, podesut de Gènes, d'un traité conclu avec Philippe de Montfort, prince de Tyr.
1267, 28 juin. — Lettre de Guillaume, patriarche de Jérusalem, priant s. Louis de Êiire un paiement à des marchands de Plaisance.
1269, avril. — Authentique délivré par le prieur et les religieux du S. Sépulcre pour une relique du bras de s. Philippe rapportée 4p Rhodes .
> 25 déc — Témoignage de Jacques L'Hermite, chevalier sur le bras de s. Philippe
1270, 4 janv. — Vidimus par Bertrand de Felenorio, d'un authen- tique délivré le 30 septembre 1268 par le prieur du S. Sépulcre pour une relique de s. Philippe
» 23 févr. — Circulaire de Bertrand de Felenorio, au clergé de Reims, lui annonçant l'apport à S. Rémi du bras de s. Philippe .
1271, 3 janv. — Qjuîttance des propriétaires de neuf vaisseaux génois et marseillais nolîsés à Luc de Thonay, amiral d'Edouard d'An- gleterre
> maL — .Lettre du sultan Bibars i Bohémond, prince de Tripoli.
1291, 27 mars. — Procuration donnée par plusieurs marchands gé- nois î deux négociants plaisançais pour toucher des Templiers de Paris une lettre de change souscrite à Acre le 16 août 1290
1291-1300. — Cinq lettres de Ricold de Monte-Croce sur la prise d'Acre (1291)
Pag. 204 »
206 20$
'53 206
IS4 ISS 231
ÎS7 214 21S 222 22$ 210
179 180
181 182
407.409 399
II
2x2
• 264-296
Index chron. des pièces publiées.
XIV
Pag. 3-120
1299, 2^ déc. - 1300, 27 août — Deux cent vingt actes commerciaux passés à Famaguste par devant le notaire génois Lamberto di Sambuceto II,
1302, 28 nov. — Henri de Lancastre, comte de Derby (plus tard Henri IV), obtient de la république de Venise une galère pour aller en Terre Sainte
1305-13 14. — Fausse lettre du sultan à Clément V et réponse de ce dernier
23 20-1 3 29. — Projet de traité entre la république de Gènes et le royaume de Chypre. , .
1376, 18 mars. — Pierre de Campo-Frégoso substitue Luc Gentile î la procuration qu'il ;i reçue d'Alix de Majorque
» 19 mars. — Obert Gentile, procureur d'Alix de Majorque, sub- stitue à la procuration son propre fils Luc Gentile
1392, 30 nov. — Vote de trois cents ducats pour la réception du comte de Derby à son départ pour la Terre Sainte
1393, 31 mars. — Vote de cent ducats pour la réception du même à son retour
1398, 14 avril. — Le sénat de Venise défend d'embarquer à l'avenir pour Alexandrie et Beyrout tout sujet non vénitien
» 7 juin. — Passage accordé à Jean-François de Gonzague , sei- gneur de Mantoue, pour JafTa et Beyrouth
» » — Départ pour Jérusalem d'un neveu du roi de France .
1399, 14 janv. — Autorisation pour deux ans à de nobles vénitiens d'armer chacun une galère pour transporter des pèlerins au S. Sé- pulcre
» 21 janv. — Même autorisadon à noble Léonardo Mudakis
» z8 févr. — Le sénat loue à Thomas de Mowbray, duc de
Norfolk, une galère pour aller en Terre Sainte .... 1402, 10 août. — Enquête ordonné à Jacobo Trévisan, châtelain,
et à Agostino Quirino, provéditenr de Coron et de Modon, sur une
réclamation du précepteur des Teutoniques de Romanie 1405. — Départ pour Jérusalem du fils premier-né du roi de Portugal. » 27 févr. — Autorisation à plusieurs pèlerins vénitiens de no-
liser un navire de l'état pour aller en Terre-Sainte » 14 mars. — Sauf-conduit pour Jérusalem accordé à Pileo de
Marinis, archevêque de Gênes . • . • • •
1407, 21 févr. — Le sénat recommande au pape Grégoire XII Vra- tislas IX, duc de Poméranie, partant pour la Terre Sainte .
1408, 28 sept. — Le sénat ordonne que dorénavant les navires de pèlerins soient armés et en spécifie l'armement ....
1409, 8 juin. — Défense aux navires portant des pèlerins de faire le commerce
141 0, 27 mars. — » La galère Barbadica est accordée au comte de Segni pour aller au S. Sépulcre
1472, 14 avril. — Nicol6 Tron, dogo de Venise , concède i Rolando Verardo de Guanto le droit de tenir une hôtellerie pour les princes et ambassadeurs allant en Terre Sainte
» 238 299-30J
173 17s 176 239
B
241 242
»
168
244
245
246 »
247 249
249
CRITIQUE DES SOURCES
LA CHRONIQUE D'ARMÉNIE DE JEAN DARDEL , ÉVÊQUE DE TORTIBOLI
u mois de juin dernier, je dressais la liste des ma- nuscrits de la bibliothèque de Dole pour l'inventaire dont j*ai commencé la publication. Un d'entre eux, marqué au dos Chronique d' Arménie , attira particuliè- rement mon attention. En l'examinant, j'acquis la certitude que je venais de mettre la main sur un document unique, auquel je n'avais rien trouvé d'analogue dans les recherches que j'avais faites jusque là pour le tome* II du Recueil des historiens arméniens des croisades. Cette découverte était pour moi, à double titre, une .véritable bonne fortune; ne devais-je pas être le premier à l'utiliser pour le volume à la préparation duquel l'Académie des Inscriptions m'a fait l'honneur de m'attacher?
M. le comte Riant m'ayant invité à consacrer dans les Archives de l'Orient latin une notice à xe précieux manuscrit, en attendant qu'il prenne place en tête du tome II du Recueil des historiens armé- niens^ je vais le décrire, donner la table des chapitres, en fixer la date de rédaction et essayer d'en déterminer l'auteur.
La Chronique d'Arménie est cotée sous le n°35i des manuscrits de Dole; elle forme avec le n^ 350, qui est une copie des Chroniques Mariiniennes en français, un seul volume. Ces deux ouvrages, sur
Arebivet ée VOrifnt latin ^ II. 18K3. i
À. Critique des sourceL
papier, sont ou paraissent être de la même main; ils ont été réunis au moins dès le XVI* siècle, comme on peut en juger par la signa- ture « Boisset » et par les indices de propriété qui sont en tête, au milieu et à la fin du recueil. La Chroniqtu d'Arménie comprend elle seule les 80 derniers feuillets; primitivement elle devait en avoir au moins 81, peut-être 82, parce qu'elle est incomplète d'une partie des chapitres CXXI-CXXIV. La perte de ce feuillet ou de ces feuillets peut remonter à une époque assez ancienne, antérieure certainement à la reliure du volume, car, à l'endroit où existe la lacune, on ne remarque aucune trace apparente de déchirure; l'absence de toute pagination ne permet pas, au premier aspect, de constater la lacune. Le cadre de l'écriture est de 183 à 185 millimètres environ de hau- teur sur 140 environ de largeur; les pages ont 295 millimètres sur 220 et sont en général de 31 lignes. Les chapitres et la lettre ini- tiale de chaque chapitre sont en rouge; l'écriture est simple et dénote le commencement du XV' siècle.
Comment cette chronique est-elle arrivée à la bibliothèque de Dole? Je l'ignore. Tout ce que je sais sur son origine, c'est que, au XVI* siècle, jusqu'en 1589 au moins, elle a appartenu, ainsi que les Chro- niqms Martiniennes , à la famille Boisset, de Pesmes (Haute-Saône). Outre la signature a Boisset », qui figure, comme je l'ai déjà dit, en tête du volume, il y a, entre les deux ouvrages, l'indication des dates de la naissance de six enfants de Jean Boisset et de Marguerite Bichelet, depuis 1530 jusqu'en 1552, et de quatre enfants de Jean Boisset le jeune et d'Étiennette Mairot depuis 1560 jusqu'en 1570. Il est de plus fait mention de la collation du grade de docteur en droit de l'Université de Pavie à Pierre Boisset, de la célébration de sa première messe, le 5 février 1584, à l'église de Pesmes, dont il devint curé. Enfin, on voit aux fol. 79 et 80 qu'il appartint encore, au XVI* siècle, à Jean Aubert, de Pesmes.
Dans les notes ajoutées entre les deux chroniques, il est question d'un tremblement de terre ressenti, le 10 novembre ijjo, à 9 heures du soir; d'une inondation arrivée à Pesmes, le -4 décembre 1570, et qui fut si terrible que les eaux de l'Ognon passèrent par dessus le pont; d'une autre inondation plus terrible encore survenue le 15 décembre 1589; la nuit précédente, il avait fait des éclairs et tonné. Deux pages sont relatives à la bataille de Saint-Quentin, en 1557, et contiennent les renseignements les plus curieux sur l'attaque de la vjUe, sur les officiers et les gentilshommes qui y perdirent la vie et dont les noms sont donnés.
Le dernier chapitre de la Chroniqtu d'Arménie porte le n® CXLIII. J'ai déjà dit qu'il manque une partie des chapitres CXXI-CXXIV, mais le nombre des chapitres est en réalité de 144. Le rubricateur,
I. Chronique d'Arménie.
qui n*e$c pas le copiste du manuscrit, si on en jUgé par la différence d*onhographe de certains mots et surtout des noms propres, dans les rubriques et dans le texte, s'est souvent trompé dans la numé- roution des chapitres. Dans la première partie de la chronique, les chapitres I, III, IHI, XIX, XX, XXVII, XXVIII, XXX, XXXII, XXXV, XXXVI, XL, XLII sont seuls numérotés; la numérotation ne devient continue qu'à partir du chapitre XL Vil. Jusque là, il a trouvé le moyen de commettre plusieurs erreurs, de donner le n« XXXII au n- XXXIII , de ne tenir après le chapitre XL (XXXIX du manuscrit) aucun compte d'une division intitulée Incidence qu'il considérera plus loin comme un chapitre ; de répéter deux fois le cha- pitre XLII. Plus loin, il fait d'autres répétitions; mais comme, à plusieurs reprises, il saute des numéros, il arrive à la fin avec un écart d'une unité.
La liste des chapitres qui suit, donnera un aperçu du contenu de la Chronique et nous montrera que si , . au point de vue de l'histoire des croisades, elle ne nous apporte pas la somme de renseignements que nous voudrions espérer , elle est de la plus haute importance pour l'histoire de l'Arménie au XIII* et surtout au XIV* siècle.
Chi commenchent les Cronicques et histoires des gestes et partie des faiz des roys de haulte et basse Armenye , lesquelz ont régné et gouverné le dit royaume depuis l'an del incarnation Nostre Seigneur Jhesu Crist XXXII jusques a Tan mil CCCLXXIIII, et continuent en descendant de génération en génération jusques a la droitte lignie du noble roy Lyon le quint a présent roy d*Armenye. Et s'ensie- vcnt chî après les intitulations des chapittres par nombre jusques a la fin des ca- pittres et par ceste ordonnance pourroit Ten sçavoir clerement et legièrement de qaoy chascun capittre parle , lequel dit roy Lyon fut en prison ou pouoir du Soudan de Babiloyne et fu délivré de la dicte prison l'an de la purification de Jhesu Crist mil CCCIIIl» et deux, le derrain jour de septembre. — Le premier chapitre parle comment le roy d'Armenye , nommé Abcar, estoit mescreant et mesel et comment il fil gaiTÎz par miracle , et après se converti a la foy de Jhesu Crist luy et son peuple et brisièrent leurs ydolles. I.
Comment le roy Defchat fut mués en fourme de pourciel par la voulenté de Dieu pour ce que il avoit fait mettre en prison ung saint preudomme qui preschoit la foy crestienne.
Comment saint Silvestre , qui lors estoit pape de Romme, et l'empereur de Con- suntin mandèrent au roy Derchat et au dit saint Grigoire que il venissent devers tttlz a Rommè. III.
Comment l'empereur de Constantinoble s'efforça de constraindre le roy Caquit d'Armenye et son peuple a obéir a l'église de Grèce, et £st mettre le dit empe- reur et aucuns de ses prelas en prison et cômmeucha la liayif^ contre les Grecs. IIIL
Comment le roy Caquit, ainsy comme il s'en retoumoit en son paiis, fist morir
A. Critique des sources.
ung prélat métropole grec en I. sac et son chien avec luy pour ce que il ap- pella son chien Armin en la présence du roy et de sa compaignie.
Comment le roy Caquit fu pendus par la gorge aus murs d'un chastel en ven- gance de ce que il a voit fait morir le dit prélat métropole grec.
Comment les Armins perdirent leur seignourie.
Comment baron Constant s'en fuy luy X' hommes d'armes en la basse Armenye qui estoit en la subjection de l'empereur de Constantinoble.
Comment le dit baron Thoros gasta et destruit Tille de Cippre qui pour lors se tenoit a Pemperéur de Constantinoble.
Comment l'empereur de Constantinoble conquist le paiis de la basse Armenye.
Comment baron Lyon , filz baron Roppen , fu couronnez en roy d* Armenye.
Comment l'empereur de Constantinoble et le dit roy Lyon premier firent aliances l'un a l'autre.
Comment Phelippe, aînsné filz du prince d'Antioche, fiit couronnez en roy d' Ar- menye aprez la mort du roy Lion.
Comment le dit roy Heyton fist aliances au grant Can , seigneur de Thoris.
Comment le dit Soudan de Babiloyne ala en Arinenye a tout grant ost et descon- fist les Armins et prist baron Lyon , filz du dit roy Heyton et l'emmena en prison en Babiloyne.
Comment le dit roy Heyton alla devers le grant Can et luy requist que il luy voulsist aidier a soy vengier du dommaige que le Soudan luy avoit fait.
Comment le Soudan de Babiloyne assembla grant ost et se combati contre le grant Can et le roy d'Arntenye et fu le dit soudan desconfir.
Comment baron Lyon , filz de baron du dit roy Heyton , fu délivrés de la prison au Soudan.
Comment baron Lyon fiit couronnez en roy d' Armenye après la mort du roy Heyton son père et après ce que il ot regnè XVIII ans, trespassa sans hoir de son corps, et après luy fut couronnés baron Lyon, le tiers filz baron Thoros, filz du roy Heyton , lequel baron Thoros morut en la bataille contre le soudan et com- naent k dit roy Lyon le tiers fut tués luy et ung de ses oncles en trayison. XIX.
Comment Alinac , oncle du dit roy Lyon de par son père , se alla plaindre au grant Can de la traison que Billargon avoit fait a son nepveu , et le grant Can fist tuer le dit Billargon en sa présence pour le dh Alinac. XX.
Comment deux, des fflles du devant dit roy Heyton forent mariées et après du mariage du roy Ossin qui espousa la niepce de Robert^ roy de Sezille, fille de son frère le prince de Tarente.
L Chronique d'Arménie. 5
Comment le royaume demeura ou gouvernement de quatre grans barons pour ce que le ûiz du dit roy Ossin estoit encoire en Teaige de VIII ans.
Comment le dit baron Ossin fist murdir et estrangler la dicte dame Isabel , suer du dit roy Ossin et ses quatre enfans mettre en prison, dont les deux y morurent et les anltres deux mist hors de prison et les Ast mettre en une barque en mer et arrivèrent a Rodes et puis maria s:i fille Alips au dit roy Lyon le quart, qui estoit meneur de eaige et soubz son bail.
Comment le dit Lyon fist mourir sa dicte femme Alips quant ii fit venu en eaige et puis espousa Constance, fille du roy Fedric, roy de Sezille, quy avoit esté femme de Henri, roy de Cipre.
Comment le dit roy Lyon fist morir le dit baron Ossin pour les mauvaistiez qu*il avoit fitittez et fist retourner en Armenye ses cousins germains messire Jan de Lissegnan et messire Bemon son firère , et puis ordena que le roy ainsné d'Armenye venist aprez sa mort au premier enfant malle de la dicte madame Ysabiel , sa vielle ante , que le dit baron Ossin avoit fait miurdrir et estrangler pour ce que il très- passa sans hoir de son corps.
Comment messire Jehan de Lisegnan manda a son ainsnè firère Guy de Lisegnan que le roy Lyon quart estoit trespassez et qu*il Tavoit fait son héritier aprez luy.
Comment le dit messire Guy de Lisegnan vint en Armenye a grant compaignie de gens d*armes et fu reçeu moult honnourablement et couronné en roy d' Armenye. XXVIL s
Comment le roy Guy requist a Henry, roy de Cippre, qu'il le laissast )oyr et posséder du fiel que messire Eraorry de Lisegnan, seigneur de Sur et frère du dit roy Hemry tenoit a son vivant comme son hoir, si comme vous orés cy après. XXVUI.
Comment le dit roy Henry fist prendre et mettre en prison ceulx qui Ta voient déposé de son royaume et comment le dit messire Hugues retourna en Armenye, et comment après la mort du roy Hemry de Cyppre les Cyppriens firent roy mes- sire Hugues de Lisegnan, filz de messire Emerry tiers frère de Henry, roy de Cippre.
Comment messire Bemon de Lisegnan alla devers le saint Père par le conseil de son fi-ère messire Jehan de Lisegnan , soy plaindre du roy Hugues de Cippre pour ce qu'il ne vouloit rendre a luy et a son frère le fief de messire Amorry de Lisegnan, seigneur de Sur, leur père. XXX.
Comment le dit Bemon requist au saint Père et aux cardinaulz comment ii leur pleust a secourir le peuple chrestien d' Armenye et le pappe luy ottroya.
Comment Guy de Lisegnan , roy d* Armenye^ envoya ses messaigés a Hugues, roy de Cipre , en ly requérant qu'il ly deiivrast le fief dont dessus est £aicte mention.
Comment le saint Père envoya lettres au roy Guy, aus prelas et aus seigneurs d'Armenye pour refour mer aucuns poins de la foy cathollcque esquelz les Armins crroient XXXII.
A. Critique des sources.
Comment le roy Guy envoya II chevaliers par devers le saint Père avecquez ung evesque de son paiis, et retourna le messaigë du saint Père appelle Danyel et estoit Armin, avecquez eulz.
Comment le saint Père entendi que les Armins avoient tué k roy Guy, leur seigneur, et messire Bemon son frère , et comment il les manda en sa présence pour savoir l'ochoison de leur mort.
Comment lez diz deux legas arrivèrent en Armenye de par le saint Père avecquez les Armins quy estoient aies devers luy comme dit est. XXXV.
Comment lez diz deux legaz firent jurer le roy, le catholico, les prelas et sei- gneurs d* Armenye que il tenroient dès oresmais sans varier les articles de la foy et comment il envoièrent requerre ayde de monnoye au saint Père. XXXVI.
Comment les legas se partirent d'Armenye et vindrent devers le saint Père et ung chevalier que le roy et les seigneurs du paiis envoièrent avec eulz et le saint Père l'envoya en Cyppre par devers son collecteur.
Comment les Armins mirent a mort le bon roy Guy de Lisegnan leur seigneur et messire Bemon son frère , a tort et sans cause , et se taist Pistoire des faulsetés du roy Constant.
Du trespassement messire Jehan de Lisegnan , prince et connestable d'Armenye, et de messire Bemon son filz, et comment ung des Armins quy avoit esté consentans de tuer le roy Guy et les dessus dis fut tués par miracle.
De l'élection du roy Constant et retourne l'istoire a parler de luy et de ses fais. XL.
Comment icelluy roy Constant fist mettre en prison la dite madame Soldainc et sez II enfans et comment il les cuida faire emprisonner.
Comment le roy Constant commanda a deux chevaliers que il feissent noyer la dicte dame et ses deux enfans et comment il eschappèrent de mort par la grâce de Dieu. XLII.
Comment la dame et ses deux enfans arrivèrent en Cyppre. XLII.
Du miracle qui advint en l'ostel saint Simeon ou la dame et ses enfans demou- roient et comment le roy Hugues de Cippre y vint et enmena la dicte dame et ses enfan.s avecques luy. Incidence.
Comment le roy de Cippre Pierre alla devers le saint Père Urbain quint pour le passaige de oultre mer et pour faire couronner messire Bemon le premier diz de la dicte dame en roy d'Armenye, et après parle de la mort du roy Constant.
Comment les Armins couronnèrent le filz baron Heyton et l'appellèrent roy Constant et comment les Cypriens tuèrent le roy Pierre leur seigneur.
Comment Pierre, roy de Cyppre, alla par deux fois devers le saint Père et du traittié de mariage du dit messire Lyon. XL VIL
I. Chronique d'Arménie,
Comment le prince et connesuble <i*Antioche qui lors gouvernoit le royaume â*Ardpre, ne voult laissier partir pour aler en la Morée et acomplir les conve* Daoces du dit mariage. XLVUI.
Du mariage du dit messire Lyon et comment le filz du roy Pierre fu couronné • et fist le dit messire Lyon seneschal de Jherusalem. XLIX.
Comment madame Ysabel , cousine du roy Pierre , vint en Cippre et arriva en Famagousse le jour que V en couronnoit le jouene roy Pierre de Cipre. L.
Comment les seigneurs d'Armenye escriprent au dit messire Lyon en luy sup- pliant qui voulsist venir rechepvoir le royaume d'Armenye et qu'il le receveroient comme leur roy et seigneur. LL
Comment les Armins virent le roy Constant et donnèrent le gouvernement a la vielle royne d'Armenye et comment il escriprent au roy Pierre de Cipre comment il luy pleust leur envoier le dit monseigneur Lyon pour estre leur seigneur et leur roy. LII.
Comment les messaigés. allèrent devers le dit messire Lyon et luy présentèrent les lettres que les seigneurs et le peuple d'Armenye luy envoioient. LIII.
Comment le roy de Cipre manda monseigneur Lyon et ly dist le teneur des lettres que les Armins luy avoient rescript LIIIL
De la response que messire Lyon fist aus messaigés d'Armenye des lettres qu'ilz luy apportèrent. LV.
Comment le roy manda les dis messaigés et leur fist dire par son oncle que il leur envoieroit en Armenye le dit messire Lyon leur seigneur quant la guerre de luy et des Jennevois seroit finée et luy aideroit de tout son pouoir. LVL
Comment les messaigés vinrent en l'ostel de messire Lyon et lui dirent la res- ponse et tantost il ala en l'ostel du roy pour luy requérir une barque pour passer lez dis messaigés en Armenye.
Comment messire Lyon donna congié aus messaigés d'Armenye et leur nomma cenlz que il vouloit qu'il gouvemaissent pour luy et envoya I escuier aveucquez eulz et le dit Manuel le courrier. LVU.
Comment les messaigés se partirent de Cipre et entrèrent en la mer et arrivèrent au Courch et puis s'en alèrent par nuit en la ville de Sis. LVIII.
Comment les lettres que les messaigés et l'escuier furent leues en audience de- vant tous. LIX.
Comment les Jennevois vindrent en Cyppre et assegièrent Famagousse et en- trèrent dedens par certain traittié et mirent sus aus seigneurs de Cipre et a messire Lyon que il avoit esté consentant de la mort du roy de Cypre Pierre, son cousin, et pour ce les arriestèrent avecquez les aultres seigneurs de Cipre ou chastel de Hmtgoassc, LX.
Comment les seigneurs Jennevois , aprez ce que il orent esté informés que mes:
8 A. Critique des sources.
sire Lyon estait pur et innocent de la mort du roy Pierre, la royne vielle et eulz lui firent respondre que il leur paiast pour l'armée XXXVI" besans blans de Cippre et puis s*en alast quant il voulroit. LXI.
Comment mcssire Lyon manda a sa mère et a sa femme qui estoient a Nichocie, que il luy feissent finance de la dicte somme de XXXVI" besans blans de Cippre.
Lxn.
Comment monseigneur Lyon requist a Tadmiral des Jennevois que il ly pleust de le laissier aler au chastel du Courch et y demourer jusquez au tems d'esté. LXIII.
Comment messire Lyon fist mettre sa robe et ce que il avoit de demourant pour aler au chastel de Courch et fut en péril de perdre tout, et comment luy , sa mère, sa femme et ses gens se partirent de Cyppre et arrivèrent au dit Courch. LXIIII.
Comment messire Lyon voult faire une petite armée pour prendre la yille de Tarso que le Soudan de Babilonne tenoit et il ne pot finer de vaissiaulx. LXV.
Comment messire Lyon envoya ses espies a Tarso pour sçavoir secrètement aus Armins crestiens qui habitoient en la ville se il voulroient estre en son ayde a prendre la ville. LXVI.
Comment le capitaine de Courch failli des convenances que il avoit faittes a monseigneur Lyon et manda a Tadmiral de Tharso que il se gardast du dit mes- sire Lyon. LXVII.
Comment le roy de Cyppre et les Jennevois furent courouchiés contre messire Lyon pour les nouvelles que le capitainne de Courch leur avoit mandé. Si envoie- rent une gallée armée a Tisle de Courch pour faire prendre messire Lyon. LXVIII.
Comment messire Lyon envoya dire au capitaine de Courch que il s'en vouloit aler en son paiis et luy prier que il luy prestast aucuns de ses vaissiaulz pour passer oultre. LXIX.
Comment messire Lyon ordena son département et se parti luy V' par nuit se- crètement, affin que se les II galées des Jennevois venoient en sursault par nuit a Tille du Courch , il ne le prissent et emmenaissent avecques eulz en prison en Fa- magousse. LXX.
Comment les Armins de la ville du Sis vindrent encontre monseigneur Lyon faisant grant feste et grant joye et le rechurent honnourablement comme leur sei- gneur naturel. LXXI.
Comment messire Lyon envoya querre sa mère et sa femme au lieu ou il leur avoit dit que il l'attendissent. LXXII.
Comment les dames devant dictes arrivèrent ^ la ville de Sis et comment elles furent receues a grant sollennité et a grans luminaires. LXXIII.
Comment les quatre gouverneurs présentèrent a monseigneur Lyon l'avoir royal qu'ilz avoient eu en garde et luy offrirent a rendre conte des despens que il avoient faiz pour le paiis. LXXIIII.
I. Chronique d*Armink.
De la response que les IIII gouverneurs firent a monseigneur Lyon sur la de- mande que il leur fist de Tavoir royal. LXXV.
G>maienc monseigneur Lyon fist assembler tous les prelas, barons, chevaliers et da- mes et tout k peuple en soy plaingnint a eulz de ce que les quatre gouverneurs ne luy vouloient pas rendre bon conte de l'avoir royal que il avoient eu en garde. LXXVI.
De la respoose que les prelas et tout le peuple assambléement 6rent a monsei- gneur Lyonj et comment baron Vaissil, l'un des quatre gouverneurs, fu mis en prison. LXXVIL
Comment messtre Lyon envoya au chastcl nng de ses barons et ung clerc pour examiner la dicte royne et le dit baron Vaissil sur le cas dessus dit. LXXVIII.
Comment les Armins requirent a monseigneur Lyon que il ly pleust a soy faire coaromier de leur catholico a la guise Arminoyse. LXXIX.
Du couronnement monseigneur Lyon et de madame Margueritte de Soîssons sa femme et fîit en la mère église de Sis. IIIIsk.
Comment le roy cuida faire trièves a un prince turc ainsi comme les Armins avoient autres fois fait, mais il ne pot pour aucuns traîtres Armins qui Tempeschiè- rent. IIU«L
Comment Daoudbach fist mettre en prison les messaigés du roy et Hst arrester le char roy et les bestes qui apportoient la vitaille a la ville de Sis et comment ceulz de la ville issnrent par nuyt de la ville sur leurs ennemys ponr avoir de la vitaille. im«U.
Comment Daoudbach assega la ville et comment le roy et ly firent trièves. IIII^xIIl.
Comment les faulz Armins , qui furent courouchiés des trièves que le roy et Daoudbach avoient faittes, envolèrent lettres a un grant baron en Babilonie, en ly promettant .mais que il venist en Armenye a tout grant ost, il luy liveroient la ville de Sis et tout le palis et seroit roy d* Armenye. IIII*i^IIII.
Comment Boudbaquir se parti du Caire et s'en vint devant la ville de Sis. IIII»V.
Comment Varhain le traitre en qui le roy se iîoit, avant que il se partist pour aler faire le messaigé du roy a Boudbaquir, fist tant aus traîtres bourgois de la ville que il luy baillièrent leurs lettres pour délivrer la ville au dit Boudbaquir. IIU^xYL
Comment Boudbaquir vint assaillir la ville de Sis par nuit et prist grant foison de crestiens et puis assega la ville. IlII^^Vn.
Comment le catholico et les faulz bourgois Armins mandèrent a l'amiral du Halep que se il vouloit venir a eulz en personne devant la ville de Sis , il le luy renderoient pour le Soudan. IIIIx^VIIL
Comment Mellech l'amiral vint devant la ville du Sis et y trouva Boudbaquir qui Tavoit asscgié et 6st le roy bouter le feu au bourcfa pour ce que il veott qu'il œ se pouroit tenir contre si grant effort. UU^^IX.
10 A. Critique des sources.
Comment le roy (ist jurer aus Armins que il viveroient et mourroient Tun avec Tautre comme bons crestiens. IIIî"X.
Comment Mellech ramlraîl devant dit assailli le chastel et se dépendirent contre lu/ les gens du roy et comment le roy fu blecië d*une bombarde en la bouche. IlII'fXi.
Comment Mellech , Tamiral du Halep , manda au roy que le Soudan son seigneur luy avoit mandé que il luy fist sçavoir se il ly vouloit rendre le chastel et de- venir sarrasin^ le dit soudan le feroit son grant admirai et rendroit tout son paiis. IIII«XU.
Comment le dit Mellech Tamiral vim de rechief assallir le chastel par plusieurs
foys. iin«xni.
Comment les faulz Armins rescriprent au dit Mellech Testât du roy et que en brief temps il luy renderoient le chastel , car la famine y estoit moult grant. IIII»XI1II.
Comment les fauU Armins firent conspiration pour tuer le roy « mais par la vo- lenté de Dieu il fallirent a ce faire. lIlI«xXV.
Coxiiment le roy manda aus gens d^annes qui avoient pris le donjon que il leur rendissent et il leur pardonroit tout ce que il avoient fet. IlII" XVI.
Co*mment le roy fist assaillir le donjon celle nuit par quatre fois et si ne pot estre pris. im«XVII..
Comment baron Vaissil, filz de baron Thoros, cuida faire tuer le roy et livrer le paiis nus mescreans. IIII»XVIII.
Comment le roy recouvra le donjon par ung frère jacopin quy estoit compaignon de revesque de Nebron. im«XIX.
Comment les faulz Armins livrèrent a Mellech Tadmiraii le chastel. C.
Comment Mellech l'amiral manda au roy que il luy rendist le donjon et que il venist a luy seurement et ly douroit seureté pour s*en aler en son paiis se il y vouloit aler. CI.
Ci aprez s'ensuit la teneur de la lettre de seureté translatée de arable en fran- çois. CIIL'
Comment le roy se parti du donjon et vint soy rendre a Mellech l'amiral et luy fist le dit amirail plusieurs oQres. CIIIL
Comment le roy mercia Mellech l'amiral des ofhres que il luy fist et puis fist le dit Mellech tendre ung pavillon ou le roy fut logiés. CV.
Comment le roy se conseilla a aucuns crestiens renoyez qui estoient du conseil Mellech l'amirail pour sçavoir se il s'oseroit partir du dit amirail. CVI.
Comment le roy bailla et livra au dit Mellech l'amiral tout le trésor et avoir royal que il trouva quant il vint en Armenye et 11 l'envoya au soudan» CV{L
I. Chronique d'Arménie. ii
Gunmcnt Mellech l-amiral se parti de la ville de Sis et enmena aveucq luy le roy, la royne et leurs enffans et pluiseurs aultrez en la ville du Halep. CVIII.
Comment Mellech l'amiral envoya le roy et sa compaignie au Caire par devers le Soudan de Babiloyne. CIX.
Comment le Soudan fist venir en sa présence le roy et sa compaignie et le requist le Soudan que il devenist sarrasin. CX. *
Comment la vielle royne et messire Soliier Doulcart requirent au dit amiral qu'il alaissent demourer en Jherus.ilem et demandèrent le çathoiico et les aultrez Armioa grâce de retourner en Armenye, CXI.
Comment le catholico fist deffendre aus prestres d*Armenye que il ne priassent pour le roy en leurs messes ne en nulle autrez de leurs prières. CXII.
Comment le soudan fist constraindre le roy de faire cartre et lettre de sa main comment il ne partiroit jamais du Caire. CXIII.
Comment le roy de Cippre envoya II jacopins devers le Soudan pour le requérir que il delivrast le roy. CXIIII.
Comment le roy requist un cordelier nommé frère Jehan Dardel de la province de France que il lui pleust a demourer avec luy. CXV.
Comment le ûlz du soudan derrenier trespassé^ quy n*avoit que VII ans, fu fait Soudan et fut ou gouvernement d*un grant amiral nommé Garathe, pour ce que il estott mendre de aige. CXVI.*
Comment le roy fist requérir Eunebech l'amirail par ung chevalier qui estoit bien son amy, que il Ten voulsist laissier alcr et Teust délivré, mais il n'ot la sei- gneurie que trois moys. CXVIII.
Comment Descamour , Tamiral de Damas , ot le gouvernement et vint le dit En- nebech a lui le hart ou col. CXIX.
Comment certains messaigés vindrent au Caire devers le soudan pour requérir le roy et de la response que le conseil du soudan leur fist. CXX.
Comment Descamour Tamiral fist par malice deux requestes au roy ausquelles il respondi saigement. CXXI.
Comment le roy d' Armenye envoya son confesseur frère Jehan Dardel par devers le roy d'Arragon pour s^ délivrance. CXXV.
Comment le dit frère Jehan Dardel et son compaignon arrivèrent a Barchinone et présenta le dit frère Jehan les lettres du roy au roy d'Arragon. CXXVI.
Comment ung chevalier de Barchinone fist prier au dit confesseur que il allast avec lay en Castelle et que il despenderoit volentiers V^ flourins du sien pour la délivrance du roy. CXXVI.
12 A. Critique des sources.
Comment Tenfam d'Arragon ec le dit confesseur orent conseil ensemble comment le dit confesseur responderoit au roy de CasteUe se il luy demandoit que le roy d*Arragon avoit donné pour délivrer le roy d'Armenye. CXXVII.
Comment les dessus dis enfans d'Arragon, le confesseur et le chevalier vindrent devant le roy de Castelle et lui présentèrent les lettres de par le roy d*Armenye. CXXVUI.
•
Des empeschemens qui sourvindrent au roy de Castelle, et par ce il ne pot dé- livrer le dit frère Jehan si tost comme il eust volu. CXXIX.
Comment le dit frère Jehan trouva en la cité de Avillu ung faulz contrefait chevalier armin quy avoit renyé Jhesu Crist et s'estoit fait sarrasin. CXXX.
Du dîscort qui fut entre les dis messaigés et messîre Bonnenac chevalier et mes- saigé du roy d*Arragon pour les joyaulz du roy de Castelle. CXXXI.
Comment lez diz messaigés présentèrent leurs lettres a l'amiral Barcout et de la response que le dit Barcout fist au chevalier messaigé d*Arragon. CXXXI.
Comment le soudan manda les messaigés a comparoir par devant luy et luy présentèrent les joyaulz. CXXXIII.
Comment l'amiral Barcout délivra le rov Lyon d'Armenye de la prison au Sou- dan. CXXXIIII.
Comment le roy vint en Alixandre lui et ses gens et comment le Soudan et les amiraulz envoyèrent en Alixandre en mandant a Tapiiral que il prîst le roy et le renvoyast es prisons du soudan.
Comment le roy oay nouvelles que le roy de Cippre estoit mort, dont il fu moult dolent. CXXXV.
Comment le roy arriva au port de Venise et puis a Avignon par devers le saint Père. CXXXVI.
Comment le roy se parti du saint Père pour aller en Arragon et en Castelle. CXXXVII.
Comment le roy de Castelle alla en Esture et le roy d'Armenye ala a Saint Jac- quez en Galice en pelerinaige. CXXXVIII.
Comment le dit frère Jehan Dardel fu sacré en evesque de Cortebery et puis le roy de Armenye fist sa rcqueste au roy de Castelle. CXXXIX.
Comment le roy de Castelle donna au roy d'Armenye les retenues de trois villes de son royaume a sa vie pour soustenir son esut et XV«n flourins contans pour faire ses despens a venir en France. CXL.
Comment le roy d'Armenye prist congié du roy de Castelle et alla prendre la possession des dictes villes et puis vint en Navarre , en Biherne et puis devers le saint Père. CXLI.
I. Chronique d'Arménie, 13
Comment le roy d'Arraenye vint a Paris et alla le roy de France contre a grant compaignie. CXLIII.
Le dernier chapitre est relatif à Tentrée à Paris de Léon V, entrée qui, d'après la Qjroniqtu, eut lieu le 30 juin 1384. Notre auteur nous parle de l'accueil magnifique Élit au roi d'Arménie par Charles VI et par les ducs de Berry et de Bourgogne, du dîner donné au Louvre en son honneur par le roi de France. Son récit s'arrête là, par con- séquent au milieu de l'année 1384. Donc en plaçant entre cette année et le 29 novembre 1393, jour de la mort de Lémi, h, date de la rédaction de la Chronique, je crois être dans le vrai. Car, si elle avait été écrite postérieurement, l'auteur, qui était un chroniqueur officiel , comme il a soin de nous l'apprendre lui-même ' , n'eût pas manqué de nous tenir au courant des faits et gestes de son maître.
Dans quel but a été composée cette Chronique ? Deux causes peuvent être indiquées : ou bien Tauteur a voulu faire connaître aux Occidentaux le souverain malheureux et détrôné qui venait leur demander ira asile , ou , en leur exposant les infortunes de ce prince et la triste situation de l'Arménie tombée au pouvoir des Infidèles, provoquer leur pitié et leur arracher des secours en hommes et en argent, qui eussent permis à Léon V de rentrer en possession de ses états. Quoi qu'il en soit, l'auteur a su Êiire une œuvre intéressante, ^ui se recommande et par l'abondance et par la précision des faits. Cette abondance et cette précision sont portées à un tel degré que le chroniqueur a dû vivre dans l'intimité et la confiance du roi Léon pour avoir pu le connaître de la sorte. Mais quel était ce confident ? Je pense l'avoir trouvé dans un personnage qui naturellement doit avoir eu une certaine culture intellectuelle et avoir pris une part active aux affaires de l'Arménie; selon moi, ce personnage ne seniit autre que le confesseur dq roi. C'est une opinion que ne manqueront pas de partager tous ceux qui éuidieront avec soin la Chronique; c'est une conclusion qui se présente d'elle-même à quiconque connaît le cœur humain.
Pendant que le roi d'Arménie e«t en captivité au Caire, arrivent à Jérusalem « pluiseurs pèlerins nobles, chevaliers et escuiers, et » aultres, entre lesquelz avoit ung religieux, nommé firère Johati 3 Dardai, nés d'Estampes en la province de France, et son.compai- 0 gnon y nommé fi^re Anthoine de Monopole, et aioient en peleri- 0 naige en Jherusalem et au mont de Sinay » ^ Jssm Dardel était cordelier, comme nous l'apprend la rubrique; il est seul, avec son compagnon, désigné par son nom; rien des autres pèlerins, si- non qu'ils allèrent au Caire « faire révérence » au roi d'Arménie
i « Lyon le quint pour lequel sont faittes ces cm- 2 Chap. CXV du ras., fol. 64.
• nicques et hîstoyres • (Chap. XXI, fol, 11 v").
14 A. Critique des sources.
qu'ils savaient dans les fers. Mais il est dit que frère Jean chanta la messe devant le roi, le jour de la sainte Marguerite, qu'il fut invité, après la messe , par le roi à demeurer avec lui , qu'il y consentit , sauf approbation de ses supérieurs, qu'après avoir été à Jérusalem demander cette approbation, il revint au Caire vers Léon qui a le » retint pour son confesseur et resconfortoit le roy le dit frère Johan )) tous jours en toutes ses adversités au mieulx que il pouoit et sça- » voit ... Et demoura le dit frère Jehan et son compaignon jusques » a l'an MCCCLXXIX et escript de sa main partie de toutes les » lettres que le roy envoioit en Ponent, c'est a dire es parties de par j> decha ».
Plus loin nous voyons Jean Dardel , «r de Tordre des frères mineurs » de la province de France, qui par long temps avoit demouré avecques » luy (le roy d'Arménie) au Caire j», investi « par instrument pu- » blicque » d'une mission auprès de Pierre IV, roi d'Aragon , et, si besoin était en cas d'insuccès , auprès des autres rois de la chrétienté. Il reçoit de Léon l'anneau royal et part, muni de pleins pouvoirs, avec son compagnon, le ii septembre 1379 ^ Le i" mars suivant, ils arrivent à Barcelone; le 5, Jean Dardel présente au roi d'Ara- gon les lettres de son maître et le prie d'envoyer au soudan d'Egypte des messagers pour demander la délivrance du roi d'Arménie. Les négociations traînent* en longueur pendant huit mois; Jean s'impatiente de ces lenteurs et supplie le roi d'Aragon de consacrer à la délivrance de Léon les revenus des églises de son royaume. Pierre promet à Dardel, par lettres scellées, une galère nommée la Victoire, et l'in- vite à l'armer, sachant bien qu'il n'en avait pas les moyens. Il espé- rait ainsi « soy despeschier de luy». Enfin, sur les instances réitérées de Dardel, il consent à envoyer au soudan d'Egypte, par un pè- lerin, nommé Jean Alfonse de Loric, une lettre en faveur du roi d'Arménie, et il remet à Dardel des lettres pour les prélats et seigneurs de son royaume. « Et le dit frère Jehan porta ses lettres a grant mes- » chief de cuer par tout le royaume d'Arragon, en Catheloigne, en » Valence et en la conté de Roussillon et les présenta aus prelas et » seigneurs du paiis et il respondirent que a ce faire leur devoit leur 9 roy monstrer example et aultre chose n'en emporta le dit con- » fesseur ».
Je pourrais suivre encore longtemps Jean Dardel et le montrer partout et toujours continuant à plaider avec le même zèle louable, les mêmes efforts persévérants la cause de son malheureux maître, et naturellement le chroniqueur ne nous faisant grâce d'aucun détail, d'aucun fait, d'aucune date quand il s'agit de Dardel, tandis que
Cfatp. CXXVI du ms., fol. 69
I. Chronique d* Arménie. 15
d'autres personnages, beaucoup plus considérables, sont à peine l'objet d'une simple mention. Sa personnalité finit par remplacer presque celle de Léon V, et, quelque sympathique qu'elle soit, on ne peut s'empêcher de la trouver encombrante. C'est pourquoi, ne voulant pas donner sa biographie, je renonce à l'accompagner dans ses mis- sions. Les lecteurs de la Chronique pourront, s'ils le jugent à propos, apprendre à le connaître plus amplement.
Je terminerai en mentionnant cependant encore un fait qui se rat- uche à l'histoire ecclésiastique de l'Italie. La Chronique nous apprend qu'en 1383 o le XI« jour d'avril nostre saint Père le pape prononça 9 en plain concitoire, présent le saint collège, le dit frère Jehan, con- » fcsseur du roy, evesque de la cité de Tortible en recompensation » des boins services, painnes et travaulz que le dit frère Jehan a voit » euz et soustenus pour Tonneur de sainte Eglise en poursievant » la délivrance du roy d'Armenye » ^, et qu'il fut sacré en l'église Notre-Dame de Ségovie au mois d'août suivant 5. L'évèché dont il est question et qui est dénommé ailleurs dans la Chronique Cortibery et Cortebery, est Tortiboli, suffragant de Bénévent, qui n'exista qu'au XIII* et au XIV* siècle. Jean Dardel en fut le septième et avant- dernier titulaire. Ughelli ^ le nomme, mais ne le reconnaît pas comme èvêque; il le qualifie d'intrus et, dans une note, il dit de lui: « Omittitur ut intrusus ». Ce qu'il rapporte de Dardel se borne d'ailleurs à cette simple phrase: « Johannes, electus hujus ecclesiae » episcopus anno 1383 a pseudo Pontifice Clémente VII, solvit soli- » tum pensum 20 junii 16 ».
Comme conclusion, je pense qu'on peut vraisemblablement admettre que Jean Dardel est l'auteur ou tout au moins l'inspirateur de la Chronique d'Arménie.
Ulysse Robert.
4 Chap. CXXXVl du mt., fol. 77. 6 Italia sacra, t. VIII, col. 389.
5 Cbap. CXXXIX du ms.. fol. 78.
II. ÉTUDE SUR LA CHRONIQUE DE ZIMMERN
RENSEIGNEMENTS QU'ELLE FOURNIT SUR LA PREMIÈRE CROISADE [ Traduit par M. FuRCY Raynaud ].
M. le docteur Barack^a donné le premier, pour la Bibliothek des Ulterarischen Venins in Stuttgart, une édition en quatre volumes, très complète et très bien faite, de là Chronique dite de Zimmern '; elle est écrite en dialecte souabe-alaman du XVP siècle: cette publication a ajouté un document de la plus haute importance à la collection, déjà riche, des teates relatifs à l'histoire spéciale de l'Allemagne du sud, car elle renferme une foule de matériaux précieux pour les recherches histo- riques; désormais il ne sera plus possible d'écrire une histoire com- plète sans en tenir compte. Les deux seuls manuscrits connus de cette chronique se trouvent à la bibliothèque du prince de Fûrstenberg, à Donaueschingen *. Ignorés jusqu'au XIX* siècle, ils avaient, il est vrai, été déjà retrouvés avant M. Barack; Lassberg î, Ittner \ E. Mùnch 5,
1 Zimmtriiche Qironiky faerg. von Dr. K. A. Ba- chemin en caractères de chancellerie, vers le milieu rack, t. MV. Tûlnngen, 1869, in 8." (vol. XCI-XCIV du XVI* siècle: il ne contient qu'une portion, le de la Btkii^ihek dti Utlerarisch. Vertins m SlutigartJ, tiers environ , de la chronique. Le cod. B formant t'nc deaxîètne édition, revue et corrigée, est en cours deux forts volumes grand in-fol. est une copie sur ik publication; les vol. I et II ont paru en 1881 ; papier du manuterit A^ auquel on a ajouté un grand les vol. m et IV paraîtront dans le courant de 1882. nombre d'appendices et d'armoiries et autres pein-
2 Voyez Barack: DU HoMdschriftem der fûrstîieh' tures exécutées avec soin. jûrsUnbtffitthtH Bibliothek ^u Donaueschingen, 186$, 3 Liedersaal, II, p. LXXXI-LXXXIII.
B*** $80 et 581. La description exacte de ces manus- 4 I^FIrritr, publiés par le docteur H. Schreiber (1827),
crits se trouve aussi dans l'édition de la Chronique I, z^j-zjé.
de Zimmem, t. IV, pp. 447 et as. Le Codex A n'est 5 Geschiehte der Hanses Firstenberg^ 1829, Vol. I,
pas l'original, comme le porte la couverture ; d'après p. XL.
Barack, c'est la première copie, mise au net sur par-
Archiws de f Orient latin. II, 1882. 1
l8 A. Critique des sources.
Krieg von Hochfelden ^, Ruckgaber s Vanotti *, Fîckler ^ et Uhland »** en avaient signalé le mérite. Mais c'est M. Barack qui les a publiés et étudiés à fond le premier; le premier il a tiré de cette étude des conclusions satisfaisantes sur l'auteur de la chronique, les sources aux- quelles celui-ci a puisé , 'l'époque où il a composé son œuvre et la langue dans laquelle il l'a écrite. En effet, tandis que quelques-uns des savants cités plus haut et surtout Ruckgaber, désignent le comte Wil- helm Werner de Zimmern ", M. Barack démontre " jusqu'à l'évidence que, si le comte a fourni des renseignements relatifs à l'histoire de sa maison, il ne peut pas être le véritable auteur de la chronique : d'après lui, elle aurait été écrite par le comte Froben Christophe de Mespel- bronn'3 (né en 15 19, mort entre le 23 août 1566 et le 7 mars 1567) et par Hanns Mûller, secrétaire du comte de Zimmern à Messkirch , devenu plus tard grand-prévôt du comte de Zimmern à Oberndorf sur le Neckar (mort à Oberndorf après 1568) '^; la date de la rédaction devrait être placée aux environs de l'année 1566,
Voici le jugement que porte M. Barack sur la valeur des divers renseignements fournis par la chronique : « Pour les événements con- » temporains , s'ils ne se sont pas passés trop loin de l'auteur , les » renseignements historiques méritent toute confiance. Pour ceux, au » contraire, qui, dans l'ordre des temps et des lieux, ont été moins » à la portée de l'auteur et de son observation directe, il sont assez » souvent présentés sous un faux jour, ou bien certains faits sont pré- » sentes comme connexes, comme causes et effets, tandis qu'en réa- » lité ils sont étrangers l'un à l'autre et que l'ordre chronologique )> empêche absolument de les rapprocher. Il est donc indiscutable que » cette chronique , comme tant d'autres ouvrages analogues , perd » une partie de sa valeur pour les événements qui, lorsqu'elle a été » écrite, remontaient déjà à une époque reculée et qu'une forte dose » de critique et de prudence est nécessaire à qui veut en faire usage : » mais, abstraction faite de la richesse des sources où l'auteur a puise » à pleines mains et pour faire contre -poids au doute critique, il
6 Geschiehtê dtr Grafeu von Ebtrsiein tu Schwaben » Il n'y a presque pas une famille de l'Allemagne du (i8}6), p. 349-3^0' ■* Bud qui n'y soit nommée avec accompagnement de
7 Getchiehtc dgr Grafen von Zimmern : ein Btilrag » faits inconnus et de leurs motifs, et cela projette sur ^ur Geseh. da ieutichin Adtlt, Rottweil (1840), avant- » son biitoire plus de lumière que ne pourraient le propos. » faire des' chartes sans commentaire ».
8 Geuhicbt* ier Graftn von Montfort uud von Wer- 10 Pfeiffer, Gtrmania, I. a, ss.. VI, 50, et 5$. denherg (184$), p. viij; il appelle la Chronique une « Dans les nombreux renseignements qu'elle fournit « oeuvre hors ligne pour l'histoire spéciale de la » sur Bodman, comme dans tout le reste, la Chroniqnt m Souabe ». » de Zimmern, de 1566, semble animée par un souffle
9 Archiv fur GescbicbU, Généalogie^ Diplomatik, I, » vivifiant de tradition populaire ».
32 et ss. : parlant de la valeur de la Chronique au 11 Gachithte dtr Crafea von Zimmern, p. IV.
point de vue de la science, il dit 1 « elle consiste moins ta Vol. IV, pp. 4^1 et c.
» dans la forme de l'œuvre, qui est difiTuse et prolixe, 13 IbiJ. pp. 455 et s.
• que dans les matériaux précieux qui y sont accumules, 14 Ibid. p. 457. » matériaux tirés de documents perdus ou introuvables.
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. 19
» faut reconnaître que le style en porte une profonde empreinte de 9 véracité '5 ».
En plaçant cette chronique sur la même ligne que tant d'autres compilations anciennes dont on doit avoir la même opinion, M. Ba- rack a prononcé un jugement généralement juste, et, son importance se trouve ainsi établie par une autorité des plus compétentes. Mais Thistorien consciencieux n'en a que davantage le devoir de contrôler dans les détails la véracité des renseignements fournis par ce do- cument; pour cela, il faut remonter aux sources (à celles du moins qui peuvent encore se retrouver) et les remettre en lumière. Ce travail fera naturellement ressortir l'authenticité relative des renseignements et leur valeur.
Tel est le motif qui nous a déterminé à rechercher dans cette étude les sources d'où a été tiré le chapitre de la chronique relatif à la première croisade; après cela il nous sera possible d'établir la valeur des renseignements parfois très intéressants qu'elle fournit sur cette croisade.
M. Rôhricht a déjà signalé l'importance de ce chapitre, mais il n'en a pas fait l'objet d'une étude approfondie »^ Ce sont ses indications qui nous ont amené à étudier avec un soin particulier ce chapitre de la chronique de Zimmern avant d'écrire notre étude sur Pierre l'Her- mite : nous en avons reconnu toute l'importance pour qui veut rendre un meilleur compte de la croisade de Pierre et nous avons été assez heureux pour y trouver quelques détails intéressants, que nous avons pu utiliser *7. Nous avons déjà exprimé à cette occasion notre opinion sur ce chapitre, mais notre but est, aujourd'hui, de reproduire d'une manière plus complète ce que nous avions dû, alors, ou mutiler faute de place, ou renoncer à encadrer dans notre récit.
Nous commencerons par donner le texte original avec une traduction littérale du chapitre en question; car la chronique, nous l'avons dit déjà, est écrite ea dialecte souabe-alaman du XVP siècle'^; mais, pour la clarté de l'exposition, nous nous permettrons, dans la tra-
is Vol. rV, p. 44S «t s. Nous pouvons encore p. i66: M. Rôhricht l'explique Ainsi qu'il suit: La
citer d'autres jugements très /avorables portés sur Chronique de Zimmern est « une source où il faut
cette Chronique par divers écrivains: par Gerviuus, • puiser pour l'histoire de la première et de la deuxiènje
Geseh. der ieuticb. DUklung^ 2* éd., vol. II, p. $35; » croisade .... on ne l'a jamais encore désignée
^as les GôUinger Gelehrie» An^eigent 1869, p. 1299; • ou reconnue comme telle, mais comme elle est
dans le Liierar. Centralbîatt, 1869, p. :44e ; par Wat- » basée sur des relations de témoins oculaires , très
tcnbach dans les Heidelberger Jahrhùeher^ i869t P< S9S " anciennes et probablement perdues, elle est intéres-
et m. ; par Birlinger, dans le Tkeohgisebes Literatur- » santé au plus haut degré et fournit beaucoup de
kUa, 1S70, p. $19; doiu ^ Zéitsehrift fur verglei' • renseignements nouveaux. »
chaiie Sfrachfonehnng^ vol. XX, pp. $5 et ss. Voy. 17 "Beter ier Ermite y ein kritiicher Beitrag ^ur
tam le Pras^tms composé par l'éditeur pour la 2« Gescb. des ertten Kreu^^uges, Lcipsig 1879, p. 134.
édttioa de la Cbroniqme, et la Scbwàbisehe Kronik^ 18 Voy. Barack , Zimmerisebe Chronik , vol. IV,
1881, N'* 34 s (Soantagsbeilage des Uerhmrs). p. 467 et ss. C'est le dialecte souabe-alaman, mais
lé V. Zeitscbrift fur demUehe Philologie^ Vol, VII, avec tmc forte prépondérance de l'alaman.
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A. Critique des sources.
duction, de nous écarter de Toriginal, en le découpant en petits cha- pitres; nous laisserons subsister les rubriques de la chronique; les titres de chapitres, ajoutés par nous, seront mis entre crochets.
In disem capitel wurdt an^aigt , wann sich erstlichs der rhumreich ^ug wider die tingleiihigen linder Kaiser Hainrichen dem dritten an- gefangen, auch warauss die vol- genden capitel ge:(Ogen werden. '
!• éd., p. 78 a« éd., p. 8$.
Mittler zeit, wie dise handlungen zwi- schen denen zwaien bischoven zu Costanz fùrgingen, » erhube sich, als man zellet nach Christi unsers herrn gepurt ain tau- send fûnfundneunzige , der aller grôssest heerzug wider die ungleûbigen, von dem man geschriben findt. Es waren darbei gar treffenliche vil fûrsten ,*gaistlichs und weltlichs stands, auch graven, freien herrn, ritter und edelknecht, von hochen ùnd nidem teutschen landen, aus Gallia, Italia, auch gemeinlich ausser aller chri- stenhait, also das man den haufen achtet und ûberschlug biss an die dreimal hun- dert tausendt werhaftiger man zu ross und zu fuoss. Was unsâglicher grosser mùhe und arbait , sorg (A 40, a) und ge- farlikait dise underwegen, bis sie die statt Jérusalem sampt der landtschaft Judea erobert, gehaht und erlitten, das ailes ha- ben Guido Remensis , dessgleichen Ro- bertus Monachus und insonderhait Gui- lielmus Tyrius , so eins tails.derselben zeit gelept und darbei und mit gewesen,' nach der lenge beschriben, desshalben nit von [2, éd. p. 86] nôien, solches weiter alhie einzufiern [i. éd. p. 79]. Aber nachdem die iezernempten histo- rici uud andere (60) mer nit Hochteut- schen, sonder Franzosen oder Nider- lender gewesen, haben sie allermaist der herschaften irs landts, die ains tails mitge-
I Titre pUcé par l'auteur de la Chronique, en tête de la partie qui comprend, dans la traduction, les ' chapitres suivants, de I A IV (t. 1, p. 78-83 — a* éd. p. 8$-89).
Dans ce chapitre^ on apprendra quand a commencé la glorieuse guerre contre les Infidèles ^ sous le règne de l'empereur Henri III^ et d'où ont été tirés les chapitres sut— vants. '
L [ Introduction ; sources ].
Tandis que les choses se passaient ainsi entre les deux évèques de Constance > , Tan 1095 ap. J. C. se forma, pour mar- cher contre le Infidèles , la plus grande armée dont on ait jamais entendu parler. Il s*y trouvait un très grand nombre de princes éminents , ecclésiastiques et laï- ques , des comtes , barons , chevaliers et écuyers de haute et de basse Allemagne, de Gaule et d'Italie et de toute la chré- tienté , et Ton estimait leurs forces à 300,000 combattants à pied et à cheval : ,îls eurent à subir en route des fatigues (et des peines indicibles^ à passer par des ' soucis et des dangers sans nombre, avant , de conquérir la ville de Jérusalem et le pays de Judée: Gui de Reims, Robert le Moine et en particulier Guillaume de Tyr, qui ont en partie vécu à cette épo- que et assisté à ces événements, les ont décrits en détail: c'est pourquoi il est inutile d'y revenir ici: Mais comme ces historiens et d'autres encore n'étaient pas des Hauts-Allemands, mais des Français ou des Néerlandais , il se sont occupés des seigneVirs qui étaient partis de leur pays avec l'armée, ils ont mis tous leurs soins à rappeler leurs noms et à racon- ter leur histoire ; quant à la noblesse de la Haute Allemagne, qui n'a pas moins exposé sa vie et qui a, elle aussi, accompli nombre d'actions nobles et louables, ils
a Le chroniqueur vient, à l'instant, de raconter les querelles et les violences réciproques de Pévèque Gebhard, partisan du pape, et d'Arnold de Heiligen- berg, partisan de l'empereur.
IL Étude sur la Chronique de Zimmern.
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20ftD, soDderlich gedacht, dieseiben mit irtn namen und geschîchten ganz fleissig aogezaigt, aber des hohen teutschen adls, dcr dodi nit wenigef Icib und leben ge- vaget, dana vil loblicher adelicher thaten begangen , haben sie nit anders , daon nu în der gemain und mit denen kurzesten worteo meldang gethon. Darumb ist zu «-issen, das in dem closter zu Alperspach auf dem Schwarzwaldt ain ait geschriben booch, dessgleichen ain grosser gewirkter auÊschlag gewesen , ) welche baide von Ungen,unverdechtlichen jarn von der frei- herrschaft Zîmbern dahin kommen und gegeben worden. Der inhalt des ganzen bttchs ist ain beschribung des hôrzugs, und gûtlich zu glauben , das sollichs von der ireiherren zu Zimbem ainem , deren drei , namlich herr Friderich , herr Con- radt und herr Albrecht, gebrûeder, darbei gcvesen, beschriben und aufgezaichnet seye worden. Gleicherweis sein grosse figuren schetbenwis in das gemelt tuoch gewûrkt, mit lateiniscben worten, wel- cher inhalt sich mit dem buch vergleicht; aus disen baiden dise nachvolgende ca- pitl, so vil es die freiherm von (A 40, b) Zimbem belangen thut , gezogen worden.
Die ursach aber und der anfang der rhumreichen, loblichen und christlichen expédition ist fûrnemlich die gewesen : Der loblich, theur fûrst, herzog Gottfridt von Lottringen, seines geschlechts und herkomens ain grave von BulLon, hat kaiser Hainrichen ioblicher gedechtnus dem vierten allzeit mit trewen angehan- geo, und als sich begeben^ das Kaiser Hainricb mit macht in Italiam zogen und Rom im jar Christi tausendt ainsund- achtzige belegert, ist im gemelter herzog Gottfridt auch nachgevolgt, und nachdem auf ain zeit die stat Rom hart gesturmbt worden, auch ain gut thail der mauren und munition zerprochen, hat er sich so ritterlichen in solchem sturmb gehalten, das er der alleierst auf die mauren ko- incD, durch welche namhafte eerliche
n*en parlent qu'en termes généraux, et ne la citent qu*en quelques mots très brefs. Q.ue Ton sache donc qu'il y avait au mo- nastère d'Alpirsbach, dans la Forêt-Noire, un vieux manuscrit et une grande tenture en tapisserie, 3 qui, tous deux, avaient été apportés de temps immémorial de la baronnie de Zimmern et donnés au cou- Ivent. Le sujet du livre est la relation de la croisade; le texte et les dessins ont vrai- semblablement pour auteur l'un des barons de Zimmern ; trois d'entre eux , trois frè- res, assavoir sire Frédéric, sire Conrad et sire Albert, avaient pris part à celle guerre. Sur la tenture on voit, dans des cercles, de grandes figures accompagnées d'ins- criptions latines, dont le sujet correspond à celui du livre. De ces deux documents on a extr.iit ce qui concerne les barons de Zimmern : ce sera l'objet des chapitres suivants.
II.
[Le motif de la croisade. Le duc Godefroi de Bouillon],
Or, voici la cause principale et le com- mencement de cette expédition glorieuse, illustre et chrétienne: L'illustre et cher prince, le duc Godefroi de Lorraine, de la race et de la maison des comtes de Bouillon, a toujours été fidèlement atta- ché à l'empereur Henri IV d'illustre mé- moire ; lorsque l'empereur Henri a mené son armée en Italie et a fait le siège de Rome, en l'an ïo8i ap. J. G., Godefroi l'y a suivi ; à un certain moment, lorsque l'assaut à été donné à la ville et qu'une grande partie des murailles et des forti- fications étaient battues en brèche , il a fait preuve d'une telle vaillance, qu'il est arrivé le premier de tous sur la muraille, et c'est surtout à cet acte héroïque et glorieux que l'empereur a dû la con- quête de Rome. Cet assaut eut lieu au
3 p. 79, I. 11, 2* éd. 1. 12: « Ain grosser ge- » vtrkter AafschUg > ; le sens de la page 99, 2* éd. p. 106 &it voir que cet Amftcblag . était un tissu de
toile qui servait de tenture dans le chœur de l'Église d' Alpirsbach : nous en reparlerons plus loin en détail.
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A. Critique des sources.
that die stat Rom fïkrnemlich von den kaiserischen erobert ist worden. In disem sturmb, so im Junio beschehen , het sich gemelter herzog Gotfridt dermassen ge- brucht, das er von wegen ainer so grossen ûbung in ain todtliche kraokhaic fallen was, derhalben gelopt und verhiesse er sich Got dem allmechtigen , wann es sach wer, das er lebendig und [2. éd. p. 87] bci krcften belibe, so wclte er zum hailigen grab ziehen und solcbs widerumb [i. éd. p. 80] aus denen hen- den der ungleûbigen zu bringen sich un- dersteen. Daraut ward er in ainer kûrze wunderbarlich (61) gesundt, und sobald er widerumb in teutsche land kam , nam er urlaub vom kaiser und sucht aile mitl, damit er gelt, ain somma kriegsvolk zu versôlden, zusamenbringen môchte. Und aïs er sollichs bis in das zwôlft jar be- harret, ver (A 41, a) kauft er zuletst mit bewilligung seiner baider brûder, herm Balduini und herrn Eustachi, aile ire ligende gûeter, des willens, wider die ungleûbigen dise mergliche barschaft zu wolfart gemainer christenhait zu ge- brauchen. Zu solchem ward in auch nit wenig verursachen das gros blutvergiessen und die stetige krieg, so zwischen dem kaiser und denen teutschen fûrsten durch anschiften der bâpst erregc wurden.
Als nu die fursten aus Gallia und aus andern nationen das eerlich, christenlich fùrnemen vcmamen, die auch zuvor durch den bapst Urbanum zu Clermant in Au- ergnc darzu bewegt, erwelten sie herzog Gotfriden ainhelligclich zu ihrem obri- stcn ûbcr den ganzen baufen. Sollichs môcht so baldt in deutschen landen nit kont werden, es naraen etlich bischof das creuz an sich, als nemlich bischof Conradt von Chur und bischof Otho von Sirassburg, herzog Friderrichs von Schwaben brùeder. Zu disen und andern bischofen mer verfûegte sich bischof Thie- mo von Salzburg, dessgleichen herzog Egkhart von Bayern, ain sun grave Ot- tons von Scheyrn, und herzog Walther von Tegk. Dessgleichen so zogent mit dise
mois de juin ; le dit duc Godefiroi y prit une telle part que l'excès de fatigue lui causa une maladie mortelle: se voyant en ce danger, il fit un vœu au Seigneur tout puissant et promit, au cas où il con- serverait la vie et recouvrerait ses forces, d*aller au Saint-Sépulcre, se faisant fort de l'arracher des mains des Infidèles. Il guérit miraculeusement en quelques jours, et dès qu'il fut de retour en Allemagne, il prit congé de l'empereur et par toutes sortes de moyens amassa l'argent néces- saire pour payer la solde d'un certain nombre de gens de guerre. Pendant douze ans, il poursuivit son projet: enfin, du consentement de ses deux frères, le sei- gneur Baudouin et le seigneur Eustache, il vendit tous leurs biens fonds, ce qui lui procura une sompie considérable d'ar- gent comptant, se proposant de l'em- ployer pour le bien général de la chré- tienté. Les guerres continuelles qui, à l'instigation du Pape, régnaient entre l'em- pereur et les princes allemands et la grande effusion de sang qui en résultait eurent aussi leur part d'influence sur sa détermination.
III.
[ Les croisés Allemands ].
Lorsque les princes de Gaule et d'au- tres nations apprirent que l'on allait commencer la glorieuse entreprise chré- tienne que leur avait déjà préchée au- paravant le pape Urbain, à Clerraont en Auvergne, ils choisirent unanimement pour chef de toute l'armée le duc Gode- froi. Cela ne fut pas connu immédia- tement en Allemagne. Quelques évoques prirent la croix, entre autres l'évéque Conrad de Coire et l'évéque Othon de Strasbourg, frères du duc Frédéric de Souabe. A ces évéques et aux autres se joignirent l'évéque Thiemon de Salz- bourg , puis le duc Ekkart de Bavière , fils du comte Othon de Scheiern, et le duc Walther de Teck. Avec eux arrivè- rent encore les comtes et barons dont les
IL Étude sur la Chronique de Zitnmern.
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Didivolgende graven und freiherren 4 : frgvt Hainrich von Schivar^enhurg, pfal\- fraft Hugo von Tàbingen, grave Ru- dolf und grave Huldreich von Sarwerden, irave Hartman von Dillingen und Kiburg, gravt Thiemo von Eichenhch^ grave Hain- ricb von Helfenstainy grave Adelprecht von Kircbherg , grave Hainrich von Hailigen- btrf , ain grave vont Fanen, herr ArnoU freiberr von Busruing, ainfreiherr von Fri- dovf, herr RuodolJ freiberr von Brandis, ain freiberr von West [A 41, b) erburg , grave Bercbtoldt von Neifen^ herr Albrecht freiberr von Stôffein; item ain grave von Salm, ain grave von Viernenbergy ain herr von Bolanden; item grave Emmich vùn Lyningen , ain grave von Rôttelen und ain grave von Zwaibruclten y dar^u ain wurkiicbe anxal von der ritterschaft , die ûJle ^u errettung des christenlichen glau- fens mit denen ungJeûbigen XM C^* ^^- P* 88] streiten begerten.
Der ^eitj aïs dise mer in deutschen îanden erscbaîUn, luaren herr Friderrich und herr Conradtvon Zimbern, gebrûeder, bei Kaiser Hainrich ^w hof, daran sie neben [i. éd. p. 81] un3 mit andern graven und hern aus dem landt ^u Schwaben etîichejar hetten ge- JUnt, auch unangesehen den grossen scha* den, so der herrschaft Zimbern von her^og Berchtoîdten von Zeringen lugefûegt, bei iren herren in îieb und laid trewîichen waren ver (62) harret. So bald der xug angiengy namen sie ain undtrthenigs urlauh, ver- fùe^ten sich darauf xum fàrderîichisten ^u irem herrn vattern, herrn Gotfriden, den sie sampt iren batden brûedeniy herrn Got- friden und herrn Albrechten, :^u Herren- limbern fanden. Denen und :^uvoran irem hirrn vatter yiigten sie ah, das ir wiîl und mainung wer, in solchem eerlichen christenlichen \ug ^« sein und neben an- dern graven, freien und vom adel dent- scher nation ir ritlerlich gemàeth gegen den ^rausamen erbjinden des glaubens und ailes christenlichen bJuots ^u bewisen ; derhalben
noms suivent : Je comte Henri de Schwar- Xenburg , le comte palatin Hugues de Tubjngenf le comte Rudolphe et le comte Huldreich de Sarwerden, le comte Hart- mann de Dillingen et Kibourg, un <:omte Thiemon d'Eschenloch, le comte Henri de HelfensteiUy le comte Albert de Kirchberg^ le comte Henri de Heiligenberg , le comte de Fanen, sire Arnold, baron de Busnang, un baron de Fridow, sire Rudolphe, baron de Brandis, un baron de Westerbourg, le comte Berchtold de Neifen , sire Albert^ baron de Stôffein; item un comte de Salm, un comte de Viernenberg , un sire de Bolanden; item le comte Emich de Ly- ningen, un comte de Rœtteln et un comte de Deux-Ponts, enfin un nombre consi- dérable de chevaliers, tous désireux de combattre les Infidèles^ pour le salut de la chrétienté.
IV.
[Le départ des barons de Zimniern],
Au moment où cette nouvelle se ré- pandit en Allemagne , sire Henri et sire Conrad de Zimmern , tous deux frères, se trouvaient à la cour de l'empereur Henri, où ils avaient servi pendant plusieurs années avec d'autres comtes et sires de Souabe: malgré les grands dommages qu'a- vait causés le duc Berchtold de Zaeringen à la seigneurie de Zimmern, ils étaient restés attachés à leur maître , dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Aussitôt que la croisade commença, ils demandèrent respectueusement leur congé, et allèrent, avant toute autre chose , re- joindre leur père, sire Godefroi, qu'ils trouvèrent à Herrenzimmern avec leurs deux frères, sire Godefroi et sire Albert. Ils annoncèrent à leur père d'abord, puis à leurs frères, que c'était leur volonté et leur désir de se joindre à cette glorieuse entreprise chrétienne et de faire preuve de leurs sentiments chevaleresques, aux côtés des autres comtes, barons et hommes no- bles de la nation allemande, en combattant
. 4 Dans le texte original , nous avons transcrit en caractères iuliqucs toutes les parties du ricit que le
chroniqueur a tirées du Codtx d'Alpirsbacb.
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A. Critique des sources.
sie in ah iren herrn vatter auch umb erlaubt- nus ersuchen woIUn, dar^u, das er sie naeh aller notturft auf die rais weîU versehen. Mit disen und dergleichen worten hewegten sie {A 42 a) irn brueder^ herrn Aïbrechteny so ain :^ait lang xu Herreni^imbern anhaimsch gewesen, das er auch mit seinen baiden brûe- dern, herrn Fridenreichen und herrn Con-- radten, ^tt T^iehen begerte. Aïs nu ir her vatter seiner son gemûet erkannte, wolte er sie nit daran hindern , sonder sagt inen darauf XMt trewlichen^ was er vermôcht, mit^uthailen, damit sie x.u der christenU- chen rais gefûrdert wurden, Darauf, so fûrderlich er môchte , ferket er sie ansehen- îich ab mit harnasch, pferden und anderm, ^u aim solcbem weiten xug dienstîich, Aber nachdem herr Fridenreich von Zimbern ihe und allwegen ain prachtJicher her gewesen, welchs er also von jugend auf an dem kai- serlichen hof, auch in kriegen gewonet het, liess er sich an der :^erung, die im und baiden seinen brûedern, herrn Conradten und herrn Albrechien , von irem herrn vatter verordnet, nit benùegen^ sonder y on wissen und hinter gedachtem seinem herrn vatern, auch aller seiner brûedery schet:^et und nôtet er etliche underthanen, in der herschaft gesessen, insonderhait in dem dorf Rulinghoven , da derselbigen ^eit sur reich und xuolhàbig leut, die Zoppen gehais- sen , wonnhaftig waren; derhalben nach seinem abschid grosse clag von dem ge- mainen man envuchs, er auch dessen her- nachy wie voïgen [2. éd. p. 89] wurty in grossen unfàl kam, Nach solchem ^ogen sie endtlichen ^u pfal^graven Hugen von Tû- bingen, irem obristeUy bei dem sie her^pg Walthern von Tegk, fendricheuy und ain grosse anxal graven und herm, auch ain merhlich somma von der ritterschaft fan- den [1. éd. p. 82]. Mit denen raisten sie durch Hungarn und Bulgarei auf Constan- tinopel :^u.
les féroces ennemis de la foi et de tout sang chrétien ; c'est pourquoi ils voulaient le prier, comme leur père et seigneur, de leur en donner la permission, et de leur fournir tout ce qui leur était nécessaire pour le voyage. Leur langage toucha leur frère, sire Albert, qui avait fait un séjour d*une certaine durée à Herrenzimmern, et il de- manda à partir, lui aussi^ avec ses deux frères, sire Frédéric et sire Conrad. Leur sire père, lorsqu'il connut leurs sentiments, ne voulut pas les en empêcher, et même il leur promit de leur donner fidèlement tout ce qu'il pourrait, afin qu'ils fussent en état de partir pour le voyage chré- tien. Sur ce , il les équipa aussi promp- tement qu'il le put, et de son mieux, en harnais, chevaux et autres objets utiles pour une expédition aussi lointaine. Mais, comme le sire Frédéric de Zimmern avait toujours eu des goûts fastueux, parce que, depuis sa jeunesse, il avait vécu à la cour lie l'empereur, même pendant les guerres, il ne se contenta pas de la dépense que leur sire père avait faite pour lui et ses frères , sire Conrad et sire Albert ; sans le consentement et à l'insu de son père et de tous ses frères , il mit à contribu- tion, en employant la violence, quelques vassaux de la seigneurie, et en particulier le village de Rulinghoven, où habitaient à cette époque des gens très riches et opulents, nommés Zoppen: aussi, après son départ, le bas peuple fit-il entendre de grandes plaintes et plus tard, comme on le verra, il (Frédéric de Zimmern) tomba dans une grande infortune. Après cela, ils allèrent enfin rejoindre leur chef, le comte palatin Hugues de Tubingen; ils y trouvèrent déjà arrivés, le duc Wal- ther de Teck, porte-étendard, une grande quantité de comtes et seigneurs, et un nombre considérable de chevaliers. Ils voyagèrent en leur compagnie, se diri- geant par la Hongrie et la Bulgarie sur Constantinople.
II. Étude sur la Chronique de Zimmern.
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Wie berr Jôrgy frdherr von Zim- hern , ehe dann der beischlaf T^wi- scben im und jfolen Adelgunden^ fretin von Hohenclingen beschehen, sambt seiner fraw muter und seim bern bruoder Cuno in ainem ge- mainen landtsterben mit tod ver- gangen und ^u Sant Jergen ver- graben worden. 5
{6}) Vor wenig tagen, ehe utid \uvor berr Fridenreich , herr Cenradt und herr Aïbrecht von Zimhern, gehrûeder, mit herxpg Waîthern von Tegk und phal\grave Hugon von Tûbingen ah ohristen ûher den Uutschen baufen sich auf die rais begaben, venuon* ir herr hrueder, herr Jerg von Zimb£m, der ain i^eit lang ^a Clingen, vne gehôrt, ^ bei herrn Hartman von Clin- gen, verharret, 7 seiner brûeder fûrnemen. Derhalben, dieweil es dem patriarchen van AquilejOj & uucb grave Hainrichen von Hai- îigenberg und inen allen nach irem wilîen er gangen y 9 nam er ain urîaub von herrn Hartman und seinem geniahel, aucb dessen wif, bern Hainrichen, und seiner kunfti- gen verlopten hawsfrawen, frôle Adelgunden, der mainung, geen Herren^imbem ^u reiten und seine hrùeder , ee dann sie dise weite, sorghliche fart anfiengen , j^u besuchen und \u gesegnen ; auch , seitmals er mit frôlen Adelgunden von Clingen ain heûrat ver- banden, wôlte er seins herren vatters, daryi seiner brûder gtmûeth in solchem erkundigen. Als er nu geen Herren^imbern 'kam und seine brûeder, so er x^finden ver- mainte , vor kur^en tagen »o vemam ver- ruckt sein, truege er des {A. 4^, a) un- versebnen, geschwinden abschidts ain grosse
; Titre placé pir Tauteur de la Lhronique de Zimmern en tète de U partie de sa Chronique (p. 82- £5, s* éd. p. 89-90) qui fonae, dans la traductJoa, le chapitre V. Quoique» dans ce chapitre, il y ait peu de choaes qui se rapportent à la croisade , nous l'a- «VDS admis dans ce travail , parce qu'il fait partie de l'casemble et qu'il a été, au moins pour le fond, évideament emprunté à U source principale où l'au- teur a puisé, U Codex de la eroitade, d'Alpirsbach. é Pag. 78; a* éd. p. «S.
Comment sire Georges^ baron de Zim- mern, mourut pendant une épidl- mie, avant V accomplissement de son mariage avec demoiselle Aide- gonde, baronne de Hohenklingen, ainsi que madame sa mère et son frire sire Cunon, et comment ils ont été enterrés à S. Georges K
Quelques jours avant le départ des (A. 42, b.). frères sire Frédéric, sire Conrad et sire Albert de Zimmern avec le duc Walther de Teck et le comte palatin Hugues de Tûbingen, chefs des troupes allemandes, sire Georges de Zimmern leur frère, qui, comme il a été dit déjà ^, avait fait un séjour de quelque temps à Klingen 7, chez le sire Hartmann de Klingen, fut informé de la détermination de ses frères. Comme les choses avaient marché suivant [le désir du patriarche d'Aquilée * , du comte Henri de Heiligenberg et d'eux tous 9, il prit congé du sire Hartmann et de madame son épouse, de leur fils sire Henri, et de sa fiancée et future femme , demoiselle Al- degonde; son intention était d'aller à Herrenzimraern, rendre visite à ses frères et prendre congé d'eux avant qu'ils ne se missent en route pour ce long et pé- nible voyage; de plus, comme il s'était fiancé à demoiselle Aldegonde de Klin- gen, il voulait connaître à ce sujet l'opi- nion de son père et de ses frères. En ar- rivant à Herrenzimmem, il apprit que ses frères , qu'il espérait y trouver , étaient partis depuis peu 10 : ce départ inattendu et si prompt lui causa un grand chagrin. Cependant il rendit compte à son père
7 Château situé au nord-ouest de la petite ville de Stein en Suisse, canton de Schaffhouse.
8 Ulrich, abbé de S< Gall, que l'empereur Henri IV avait £iit nommer patriarche d'Aquilée.
9 Ils avaient chassé par U force Gebhard, évéque de Constance , et cette entreprise leur avait réussi contre toute attente. Voir Zimmeriteh» ChronU^ I, p. 77 (a* éd. p. 83).
10 Au printemps de X096.
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A. Critique des sources.
heschwerde. ledoch herichtet tr sein herr vatter, auch seine xyjen hrûeder, herrn Gotfridèn und herrn Cunon, die doiumal lu Herreniimbern waren, aller handlun- gen, so sich mitler :^eit ^.'^ischen denen bischoffen verloffen,^^ auch dos et ain xeit lang ^{i Hohenclingen sich erhalten^ aida im herr Hartman von Clingen sein ainige dochter, frôle Adelgunden, ;^a vermeheln versprochtn hct, Derhalben, dieweil es ain eerlicher htirat, [2. éd. p. 90] der im gmess, so heger er , ir aller, sonderlich seins herrn vatters willen in solchem :^u wissen^ sich darnach hàben \u richten, Als nu sein herr vatter, dar^u bede seine brùeder sein getnûeth vernamen, verwillig' iten sie gutwilligclich in disen heirat, und ist xjii vermuten , es hab im sein herr vatter mit [i. éd. p. 83] verwilligung der brùe- der sein gepûrenden thail an der h'erschaft verordnet, witwol man des kain grund hat Demnach aber die hoch^eit und dos beischlafen sich bis in das drit jar hernach ver^og, »a kam. ain solcher grausamer er- schrockenlicher landtssterbend durch die ganx^ teutsch nation, dergleichen auch bei ment- schen gedenken vor nie erhôrt worden, also auch das :^am vihe und andere wilden thier eben so wol, als die vientschen, vergiengen. H In disem sterben berueft Got der allmechtig frawen Agnesen gràvin von Hohenberg, »4 des alten herrn Gottfriden gemahel, dar^u ire xwen son , herrn Jôrgen und herrn Cunon , sein brueder , der lange xeit vorhin krank gelegen war, aus disem jamerthal Die wurden in das Closter m Sant Jergen gefûrt und aida in irer altfordern begreb- tnus in Unser {A. 4^, b) Frawen capellen lu der erden (64) bestatet, Herr Gotfrid der elter hat nach absterben seiner gemahel und baider seiner son ain solchen kumer gefast, das er sich aller weltlicher gescheft abgethon und die gan^ herschaft seinem son, herrn Gotjriden, so mit seiner gemahel,
et à ses deux frères , sire Godefroî et sire Cunon, qui se trouvaient en ce moment à Herrenzimmern, de tout ce qui venait de se passer entre les évéques »' : il leur dit aussi qu'il avait séjourné quel- que temps à Hohenklingen, où sire Hart- mann de Klingen avait promis de lui donner sa fille unique, demoiselle Alde- gonde: et comme c'était un mariage ho- norable et convenable pour un homme de sa qualité, il demandait à connaître leur volonté à tous, et, en particulier, celle de son père, afin d'agir en consé- quence. Après l'avoir entendu, son père et ses deux frères donnèrent de bon cœur leur consentement à cette union et l'on doit supposer, bien qu'on n'en ait pas de preuve, que son père, avec l'assenti- ment de ses frères, lui promit la part de son domaine qui lui revenait. Depuis lors, de délai en délai le mariage fut re- mis jusqu'à la troisième année i^: or, à cette époque, une terrible épidémie, telle que, de mémoire d'homme, on n'en avait jamais connu de pareille, étendit ses ravages sur la nation Allemande ; les ani- maux domestiques et 'autres (sic) bètes sauvages étaient frappés comme les hom- mes *3. Pendant cette épidémie, Dieu tout puissant appela à lui, de cette vallée de larmes , dame Agnès comtesse de Ho- henberg u, épouse du vieux sire Godc- froi, et ses deux fils, sire Georges et sire Cunon son frère,, qui était depuis longtemps malade et alité. Ils furent transportés au monastère de S^ Georges, où on les enterra dans la tombe de leurs ancêtres, dans la chapelle de Notre-Dame. Le vieux sire Godefiroi ressentit une telle douleur de la mort de son épouse, et de ses deux fils, qu'il se déchargea du soin de toutes les affaires temporelles, et remit toute la seigneurie entre les mains de son fils, sire Godefroi, qui habitait
11 C*est-i-dire entre l'cviquc de Constance, Geb- bard, et l'évêque Arnold, comte de Heiligenberg, abbé de S* Gall, partisan de l'empereur.
12 Jusqu'à l'année 1098, si, d'après la donnée du chroniqueur, on prend pour point de départ l'aaaée du retour de Georges de Zimmem cbei son père.
13 Les chroniqueurs de l'époque ne parlent pas d'une pcsie semblable en l'année 1098. D'autre part,
l'Ailemagne fin ravagée par la peste en 1094 : sur ce point, voy. Bcmold de S* Biaise et la Chronique d'fikkc- hard, i l'année X094.
14 Ce château de Hohenberg est situé dans le voi- sinage de Deiltngen, près de Spaichingen, royaume de Wurtemberg: voy. Stâlin, Wirttmh. Gncbichu, II, p. 400 s.
II. Étude sur la Chronique de Zimtnern.
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fram Elsbethen heripgin von Tegk, ^u Har- haustn gesessÉtt, ûhergeben hat, Volgendis ùt er in dos closter :^u Sant Jergen gan- goî, darin er bis in sein end hîihen und v3 jar noch aida gelept hat. Es ist auch bemacb fràU Adelgundt von CHngen bêrrn EberbarUn freiherrn von Rosnegk verme- hekt worden^ dem sie hcrnach vil kindcr gehoren bat.
IVk die Hochtëutschen ain grosse niderlag 'bei Nicea erliten , darin ber Conradl und herr Albrechi freiherren von Zimbern erschlagen und her Fridenreich , ir bruder, atif dm tod verwundt darvon ko- mcHy der sich volgendts widtr in teûtsche land verfûegt hat^ aber nii lang dorin beliben, ^^ •
Als aber herzog Gotfrid von Bulion and der ganz hauf durch Hungern und Balgaret in Thratiam komen, haben sie durch untrew kaiser Alexi von Constan- tinopel vil gueter [2. éd. p. 91] leut ver- loren, doch seindt sie dreimal hundert uusendt stark, (A. 44, a) on weib und kind, glick lichen und w^ol ûber den arm des mers Hellesponti, genannt Bospho- rus, in Asiam geschifft, und wiewol inen etliche saracenische fursten und poten- uten mit grosser anzai voiks entgegen zc^en und inen den pass oder eingang Syriac zue wheren sich understanden , idoch lagen sie denselben allwegen ob ,. deren sie ain grosse anzal [i. éd. p. 84] erschluogen.
Nach disen victoriis ruckten sie fort auf Nicea m die stat. Underwegen aber und nit weit von Nicea wardt dem teulschen haufen an prcfiant und allerhani narung abgeen,
à Harhausen avec son épouse, dame Eli- sabeth, duchesse de Tegk. Après cela, il alla demeurer au monastère de S. Geor- ges, où il est resté jusqu'à sa mort, et où il a encore vécu de longues années. Par la suite, demoiselle Aldegonde de Klingen épousa sire Eberhard, baron de Rosnegk, auquel elle donne beaucoup d*enfants.
Comment les Hauts-Allemands iproih virent à Nicée une grande défaite, oii sire Conrad et sire Albert^ ba- roîis de Zimmern, furent tués: et comment sire Frédéric, leur frere^ blessé mortellement, a été guéri et, dans la suite, est retourné en AU lemagne, mais n'y est pas resté longtemps '5.
VI.
[Marche de Godefroi vers l'Asie],
Quand le duc Godefroi de Bouillon et toute l'armée, après avoir traversé la Hongrie et la Bulgarie, arrivèrent en Thrace , la perfidie de Pempereur de Constantinople , Alexis, fut cause qu'ils perdirent beaucoup de braves gens. Néan- moins ils arrivèrent heureusement en Asie en traversant le bras de THellespont nommé le Bosphore , au nombre de 300,000, sans compter les femmes et les enfants: quelques princes et potentats sarrazins vinrent à leur rencontre avec de grandes forces et tentèrent de leur dis- puter le passage ou l'entrée de la Syrie, mais ils leur opposèrent une résistance vi- goureuse et en tuèrent un grand nombre.
VII.
[Soliman bat un corps de $^200 hommes].
Après ces victoires, il continuèrent à avancer sur la ville de Nicée. Mais, en route et non loin de Nicée, le corps al- lemand vint à souffrir du manque d'ap-
is Titre placé par Tauteur de l.i Chronique en tcte de la partie qui comprend, dans la traduction,
les chapitres VI i XII ci-après (p. 83 i 85, 2" éd. p. 90-93» I. 8).
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A. Critique des sources.
und ah su herichUt, wie stark dit Tûrken verhanden und nemlich das sie nit feer von dannen ir léger geschlagen, riUn sie erstlichs mit grossen sorgen und fûrsichtigkait auf die fûeterung, hernach aber von tags x*t tags hegahen sie sich , ihe lenger ihe weiter hinauSy his \u letsten, das sie auf rehen meil wegs sich vont léger tbeten, blûnder- ten und raupten, Zu letsten, als sie des tûrkischen kônigs Solimans gar kain sorg mer heten , welcher sich hisher mit vleis also still gehaltent und iren hei :^waihun- derten xu ras und drei tausendt ^u fues sich abermals on aile ordnung vom léger gethon, warden sie in solcher eil von ge- dachtem Tûrken Solimanno umb (6/) T(pgen und der mererthail erschlagen.
Aïs dise mer im léger erschallen^ ent* stand ain grosse empôrung, also das die gemainen knecht on aile ordnung an die findt ^e xithen begerten; und wiewol pfalxr grave Hugo von Tûbingen, dessgleichen herxpg IValther von Tegk , als die obristen, das kriegsvolk gern aufgehalten, in an- sehung {A. 44, b) der schnellen niderlag , auch die grossen macht der feindt, iedoch môcht sollichs also wenig verfahen^ das sie XU letsten xwungen waren, ain orànung Xe machen; XPÎ^^ derhalben mit viertau- senden x^ ^"^^ ^^^ ftmfundxwainxig tau- senden xu fuess an die feindt, der hoffnung, seitmals es ihe nit anders sein konnte, eer einxulegenf oder aber ir leben darumb x^ geben; und wiewol von Deàtschen, inson- derhait dem adl, gar ernstlich ward ge- siritten, die auch vor andern nationen eer- licher uud ritterlicher thaten sich :(« be- fieissen begerten, waren inen doch die Tûrken so gar mit irer unxelichen menig ûberlegen^ die auch so fast mit den ver gif ten geschossen auf sie trangen^ x^ ^^^^ ^^^ ^^^ rettung der anderen Chris ten xu langsam kam, das iren XU letsten der mererthail ward erschlagen.
provisionnements et de vivres de toutes sortes. Cependant, ayant appris quelles forces les Turcs avaient assemblées et [sa- chant] qu'ils avaient établi leur camp non loin de là, ils apportèrent pendant les pre- miers jours beaucoup de mesure et de pru- dence dans les sorties qu'ils étaient obligés de faire pour aller au fourrage; mais, par la suite, ils étendirent leurs sorties de jour en jour plus loin dans toutes les directions^ jusqu'à ce qu'enfin ils allèrent exercer leurs pillages et leurs volerics jusqu'à 10 milles du camp.* Ils en étaient arrivés à ne plus s'inquiéter du roi turc Soliman, qui, jusque là, s'était bien gardé de bouger: Mais enfin, un jour qu'ils s'étaient de nouveau éloignés du camp en désordre, au nombre de 200 cavaliers et 3000 hommes de pied, ils turent promp- tement cernés par le dit turc Soliman •t la plupart furent massacrés.
VIII.
[Défaite d'un corps chrétien fort de içooo hommes].
Lorsque la nouvelle en arriva au camp, elle y produisit une grande surexcita- tion ; le bas peuple demandait à marcher contre l'ennemi, sans attendre d'ordres: les chefs, le comte palatin Hugues de Tûbingen et le duc Walther de Tegk , considérant la promptitude de la défaîte des leurs et la grande force des ennemis, auraient bien voulu arrêter cet élan; mais leurs efforts eurent peu de succès, et, à la fin, ils se virent contraints de prendre leurs dispositions. Ils marchèrent donc à la rencontre de l'ennemi avec 4000 ca- valiers et 25,000 hommes de pied, fai- sant contre fortune bon cœur et résolus à se couvrir de gloire dans cette affaire, ou à y sacrifier leur vie. Les Allemands et surtout les nobles, avaient la prétention de se distinguer par dessus toutes les autres nations par l'éclat de leur hauts- faits: aussi combattirent-ils vigoureuse- ment; mais les niasses innombrables des Turcs leur étaient tellement supérieures, les Infidèles les écrasaient sous une telle pluie de projectiles empoisonnés, et, d'au- tre part, les autres chrétiens mirent tant
II. Étude sur la Chronique de Zimmern.
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Under dmen waren haide ohrfsten, pfaî:^- gravt Hugo von Tûhingen und herj^og Waîther [2. éd. p. 92] von Tegk , und dann der mererthail aller vorhenannten graven und herren, doch natnlichen grave Huldreich und grave Rudolf von Sarwer- den, herr Conradt und herr Albrecht, ge- hrûtder, freiherren von Zimbern\ herr Albrecht jreihtrr von Stôffein^ grave Berch- toldt von Neifen, on andere vil. vont adl aus hoben teutschen landen. Die aber aus disent baufen und nemlich darvon kamen, was grave Hainrich von Schwar^enhurg , herr Fridenreich von Zimbern , ain freiher'r von [i. éd. p. 85] Brandis, genannt Ruo- dolfy ain edelman von Embs und ainer von Fridingen, die kamen hart und ûhel vervjundt darvon, Welche, so bald sie irer wunden gehailet und genesen^ {A. 4^, a) begaben sie sich in dienst hen^og Gotfridts, ires obristen feldthauptmans y in ansehung, dieweil der merersthail der Teutschen sampt iren hauptleuten und bevelchhabern in ob- angexaigter schlacht umbkomen tuaren.
Ùber etliche zeît nach eroberung der sut Antiochia rûket das christenlich là- ger fôr die stat Hierusalem, die ward belegert und nach vilgehabter mhûe und arbait im jar nach der mentschwerdung unsers herren tauseudt neunundneunzige gewaltigclichen crobert. Daseibst wardt herzog Gottfridt zu aim kônig ainhellig- lichen erwellet. Aber der from, theur fùrst regiert nu ain )ar. An sein stat ward erwelt herzog Balduinus, sein brueder; der regiert achtzehen jar.
Bei im blibe herr Fridenreich von Zim- bern etliche jar, Nachdem aber Boemundus von Apuliay herzog :(« Antiochia, imfûr- genomen, in Frankreich ^i* schiffen, ttam gedachtfr herr Friderich von Zimbern^ der
de lenteur à venir à leur secours, qu'à la fin la plupart d'entre eux furent tués.
IX. [Des tués et des blessés].
Parmi eux se trouvaient les deux chefs, le comte palatin Hugues de Tubingen, et le duc Walther de Teck, et la plupart des comtes et barons nommés ci-dessus, en particulier le comte Huldreich et le comte Rudolphe de Sarwerden, sire Con- rad et sire Albert , barons de Zimmern , sire Albert, baron de Stôffeln, le comte - Berthold de Neifen et beaucoup d'autres nobles de la haute Allemagne. Ceux qui revinrent la vie sauve étaient le comte Henri de Schwarzenberg , sire Frédéric de Zimmern, un baron de Brandis nommé Rudolphe, un noble homme d'Embs et un noble homme de Fridingen, tous griè- vement blessés. Aussitôt qu'ils furent guéris de leurs blessures et remis sur pied, ils allèrent se mettre au service du commandant en chef de l'armée, le duc Godefroi, car la plupart des Alle- mands avaient succombé dans cette ba- taille, avec leurs capitaines et leurs commandants.
X.
[Frédéric de Zimmern passe quelques années au service du roi Baudouin et retourne en Allemagne],
Quelque temps après la prise de la ville d'Antioche, les chrétiens arrivèrent sous les murs de la ville de Jérusalem, dont il firent le siège, et, après bien des peines et des travaux, ils la prirent d'assaut, l'an 1099 de l'incarnation de Notre-Sei- gneur. Le duc Godefroi fut élu roi à l'un- animité. Mais ce pieux et digne prince ne régna qu'une année. A sa place fut *élu le duc Baudouin, son frère, qui régna 18 ans. Sire Frédéric de Zimmern de- meura quelques années auprès de lui. Lorsque Bohémond de Fouille, duc d'An- tioche , forma le projet de s'embarquer pour la France , le dit sire Frédéric de Zimmern , qui n'avait jamais eu la vo- lonté de se fixer dans le pays , prit son
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A. Critique des sources.
nie des wiîkns getuest^ in dem Jand XM heleiben, (66) urJob, der maînung, mit dem gedachten fûrsten in Frankreich und volgents wtderumh haim in teutsche îand \u :^ieb:n. Dem er also nachham , aber nicht lang beharren thete, wie hernach voîgen wurdt.
congé: il avait l'intention de se rendre en France avec le dit prince et de rega- gner de là TAllemagne, sa patrie. C'est aussi ce qu'il fît, mais il n'est pas resté longtemps (dans son pays), comme on le verra plus loin.
XL
Man findt zu Alpersbach in dem clo- ster in aim seer alten buch geschriben, das vor vilen jaren ain freiherr von Zim- bem dem closter ain ^Idinen leuchter ainer wunderbarlichen arbait, so im (A. 45, b) latein genennt wùrt candelabrum miri operis, zu eewiger gedechtnus ge- schenkt hab. Wie aber derselbig mit sci- nem namen gehaissen , auch wie lang es seye, das er gelept, oder auch wahin gedachter leuchter komen, mag man nit wissen. Doch ist glaublich, in hab iez oftgemelter herr Friderrich von Zimbern aus Syria mit sich gebracht und hernach in das closter geben.
* (1182) Ich findt »6, das in dem hoch- berûempten christenlichen herzug, den weilunt herzog Gottfridt von Bullion in [2, éd. p. 93] Asiam und das hailig landt gethon, neben andern fûrsten, grafen und herren ausser teutschen landten mit geraist sein pfalzgrave Adelbero von Wittelsbach, dergleichen graf Ortolf von Thaur, under denen graf Ortolf, nach- dem Jérusalem und das hailig landt glûck- lichen erobert, widerumb in teutsche landt gezogen. Underwegen ist er krank worden und desselbigen légers gestorben*. Der côrpel ist geen Hochenwart gebracht und daselbst begraben worden. *
[Frédéric de Zimmernfait don au monastère d'Alpirsbach d'un candélabre d*or qu'il avait probablement rapporté de Syrie],
Dans un très vieux livre du monastère d'Alpirsbach, on trouve consigné ce fait, qu'il y a nombre d*atinëes, un baron de Zimmern, voulant perpétuer sa mémoire» a fait don au monastère d'un candélabre en or, d'un travail merveilleux, qui est dé- signé en ces termes latins: candelabrum miri operis. Mais on ignore le nom du donateur, l'époque où il a vécu, comme aussi d'où est venu le dit candélabre. Ce- pendant il est vraisemblable que c'est le sire Frédéric de Zimmern qui l'a rapporté de Syrie et en a fait don au couvent.
XII.
[Autres Allemands qui ont pris part à la première croisade «^].
Je trouve que, dans la glorieuse expé- dition que conduisit jadis le duc Godefroi de Bouillon en Asie et en Terre-Sainte, à la tète de l'armée chrétienne, entre au- tres princes, comtes et seigneurs d'Alle- magne se trouvaient le comte palatin Adalbcrt de Wittelsbach et le comte Or- tolf de Thaur, lequel comte Ortolf a re- pris le chemin de l'Allemagne après l'heu- reuse conquête de Jérusalem et de la Terre-Sainte. Mais, en route, il tomba malade et mourut. Son corps a été rap- porté et enterré à Hohenwart.
16 V. p. 85, 1. 30-38, a" éd. p. 9a, 1. 41; p. 93, l. 8. Tout ce pASsagc, relatif aux autres Allemands qui ont pris part à la premîire croisade , est un de ceux qui ont été interpolis postérieurement en ap-
pendice dans le texte , et ne se trouvent que dans le manuscrit B, de la p. ii8a A l.i p. i$$7. Voy. t. IV, p. 449.
II. Élude sur la Chronique de Zimmern.
31
Wk ber Friderich freiherr von Zim- bern widerum t^u kônig Balduino in Syriam ^ogeriy aber darvor die hcrschaft Rosenfeld sampt irer ;ç«*- gebdrde mit grossem nachthail seincr brader verpfendt bat ^\
Aïs nu berr Fridenreich von Zimhern U'îderumh ainbaimsch worden und sein harn vattem y herrn Gottfriden ^u Sant Jer^fn haimgesucht , den er gesundt und nvlfarent befunden , auch etliche X!^it mues- sig und on aile unrhue oder arhait , da er dann von jugfndt auf an hôfen und in krtegen woi gewonet, verger en was^fieng er an schwermiietïg ^e werden und in von ker^en rewen^ dos er von andern Teut* fchen widirumb ûher mer :(« ruk ^ogen, in ansehungy das er sein jugendt {A, 46, a) an dem kaiserlichen hove, darnach hei an- dern fûrsten, ^uletst hei X!^aien kônigen vcn Jérusalem ^uhracht^ hei denen er hoch geeret und ains merklichen ansehens fur andere geachtet und gehalUn worden. Der- bjïben er oft hînder sich denken was , wlcber gestaît und wie er wider ûher ttuer komen môchtCy damit er nit die ûhe- rigen ^eit seins lehens also unnutxlich und mit scbwermûetigkait ver^eren mûeste; und sonderlich hedacht er den abgang seiner haider hrûeder^ weiîandt herrn Conradts und herrn Alhrechts , und aller deren, die hei Nicea und in Syria, auch an vil andern vrten mer ir hluot umh den namen Christi vergossen hetten, dahei und mit er getue- sen, auch ivie vil urlicher vom adl ans teutschen landen {die im wolhekannt) (67) sicb jenat mer nidêrgelassen und gesetity denen es glicklichen und wol rrgangen und vor andern nationen waren geeret worden, Mit dergleicben gedanken gieng er tag und nacht umh , also das im entlichen ^u muot
17 Titre pUeè par 1* auteur âe la Chronique en the de la partie qui comprend, dans la traduction.
' Comment sire Frédéric de Zimmern est retourné en Syrie, vers le roi Baudouin, et comment il a^ aupa- ravant, au grand détriment de ses frères, mis en gage le domaine de Rosenfeld avec ses dépendances '7/
XIII. [Frédéric de Zimmern se repent d'être re- venu dans sa patrie et prend la résolution de repartir pour la Syrie"],
De retour dans -son pays, sire Frédéric i» éd., p. 86. de Zimmern alla rendre visite à son père, sire Godefroi , à S. Georges , où il le trouva en bonne santé et heureux ; après être demeuré quelque temps dans Toisi- veté, sans soucis et sans peine , comme il y avait été habitué dans sa jeunesse, à la cour et à la guerre, il commença à devenir mélancolique et à ressentir dans son cœur le regret d'avoir repassé la mer et quitté les autres Allemands ; il se rappelait qu'il avait passé sa jeunesse à la cour, de l!empereur, puis auprès d'au- tres princes et enfin auprès de deux rois de Jérusalem, chez qui il avait occupé de hautes situations honorifiques et joui d'une grande considération de la part des au- tres. Souvent il songeait à part lui com- ment il pourrait passer encore une fois la mer, afin de n'être pas réduit à mener le reste de ses jours une vie inutile et mélancolique. II revoyait particulièrement dans ses souvenirs le départ de ses deux frères défunts, sire Conrad et sire Albert, et tous ceux qui avaient versé leur sang pour le Christ à Nicée, en Syrie et en bien d'autres lieux, dans des combats dont il avait été témoin, et tous les hommes illustres de la noblesse d'Allemagne (qu'il connaissait bien) qui s'étaient établis et fixés dans les pays d'Outre-mer, y avaient trouvé )a fortune et le bonheur, et étaient honorés devant les autres nations. Ces pensées le poursuivaient jour et nuit, de sorte qu'à la fin il se décida à passer
les chap. XIU à XVIIl ei-après (p. 86-89 « >* ^* ?' 93» »• 9 — p. 97» ï- 9).
32
A. Critique des sources.
kam , widerumb ùber metr ^i* faren und die ùberigen tag seines lebens daseîbst ^m vertreiben , denen Christen getrewlichen helfen.
So [2. éd. p. 94] baldt er nu soîch fur- nemtn in seinem heriçn endtîichen beschlos- sen , wiewol er nit dergleichen thet , schrib er seinem brueder , herrn IVilhelmen^ der aîlwegen bei denen fùrsten von Schwaben an dem hoj gewesen, das er t^u im und herrn Gotfriden dem jungern geen Herren- Ximbern aufs fûrderlichst komen welt, So bald das geschaJie , hieît èr {A. 46, b) baiden seinen brûedern allerlai ursach fur , in dar^u bewegendt, das er begeren wer von inen sein gepûrenden thail von der herschaft, dan er sich t^u rhuwen und fur sich selbert aîlain [i. éd. p. 87] sein welt; solich sein begeren geschehe inen auch nit Xuwider , dann er nichts desterweniger nichts von den andern allen ungethailts haben wôît, Doch so war sein gem:et und will vil anderst. Es ward im :^u seinem tail (aus gehaiss ires herrn vatiers, bei dem sie aile drei :(« Sani Jôrgen gewesen) die herrschaft Rosenvelt »» mit denen schlôs- sern Harhausen »9 und Tiefenberg »o sampt denen dôrfern, lehettden und aigenleuien, auch aller oberkait, dar^u gehôrendt.
Gleich bald y nachdem im die armen leut huldigung getban und geschwom , fieng er an , dieselben hertigclichen \u schet^en und durch allé die mitl, dardurch er trawet gelt von inen :(m bringen, darin het er gar kain erbermbde. Sein hofgesind vom adl und andere^ der er nit wenig von wegen seiner rais bei im het^ denen auch sein anschlag unverborgen^ dieweil sie mil im
encore une fois la mer pour demeurer le reste de sa vie en Terre-Sainte , et y prêter aide et assistance aux chrétiens.
XIV.
[Frédéric de Zimmern réclame et obtient de ses frères une partie du domaine sei- gneurial].
Aussitôt qu'il eut arrêté définitivement ce projet dans son cœur, bien qu'il n'en fit rien paraître, il écrivit à son frère, sire Guillaume, qui était resté jusqu'alors à la cour du prince de Souabe, qu'il dési- rait se rencontrer au plus vite avec lui ainsi qu'avec son autre frère Conrad , à Herrenzimmern. Dès qu'ils furent réunis, il exposa à ses deux frères les motifs de toutes sortes qui l'obligeaient à leur ré- clamer la part qui lui revenait du do- maine seigneurial : il voulait , disait-il , prendre son repos et vivre pour lui seul ; sa demande, d'ailleurs, n'avait aucune si- gnification hostile à leur égard , mais il ne voulait, néanmoins, rien avoir en co- propriété avec tous les autres. Mais son intention et sa volonté étaient tout autres. Sur l'ordre de son père , auprès duquel ils s*étaieut rendus tous trois à S' Georges, il reçut pour sa part le domaine de Ro- senvelt 18, avec les châteaux de Harhau- sen «9 et de Tiefenberg »« , les villages, dîmes et serfs qui en dépendaient et les droits y attachés.
XV.
[Conduite inhumaine de Frédéric de Zim- mern à Végard de ses vassaux].
Une fois que les pauvres gens lui eu- rent rendu hommage et prêté serment de fidélitc, il n'attendit pas longtemps pour commencer à les pressurer durement et par tous les moyens, pour en obtenir de l'ar- gent : il n'eut de piti4 pour aucum d'entre eux. Les gens fort nombreux , nobles et autres, qu'en vue de son voyage il avait réunis autour de lui, et pour qui ses projets
18 En Wurtemberg, bailliage de Sulz.
19 Hii Wurtemberg, ba'lliage d'Obemdorf.
20 N'ckistc pius aujourd'hui : v. chap. XVI.
II. Étude sur la Chronique de Zimmern.
33
ma dem land i^ieben woîUn, halftn im n'étaient point un mystère , parce qu'ils àar;u nach alUm irem vermôgen. avaient l'intention de quitter le pays avec
lui, l'y aidaient de toutes leurs forces.
Zum letsten verset^et er ailes mit ai-
nmdern on wissen seiner brûeder, nemlich
die berscbafl Rosenvelt mît den dôrfern
nnd aller ^ucrehôrde her:^cg Friderichen
von Tegk , seinem scbwager , dardurch
kanftig ûber etlich jar ein grosser xs^nk
uni ividerudll :i^wischen denen her:(pgen
i\}H Tegk und der freiherrschaft Zimbern
tnlstuende, die losung betreffendt, welchen
mderwillen {A. ^7, a) ain apt ^m Sant
GalUn, von dem die her^ogen von Tegk
dds scbenkenampt :^u lehen tragen, richtet
und binlegety der ges tait das die herrschaft
Rosenveldt dcn berj^ogen von Tegk beliben
ist;^^ aber das scblos und dorf Harbausen ,
dos er docb gan^ in ain abgang komen
bet lassfHy gàb er mit aller ^ugehôrde XM
kaufen denen closterfrawen ^u Oberndorf
am Kegker , das seines brueders , berrn
Gfitjridts, scbweber , der ait ber:^og von
Tegk, ainer seiner dôcbteren :^u lieb, die
hlind geboren, gebawen bat. Dise kauf-
hrief umb Harbausen sein noch verbanden.
Noch bel er etlicbe ^ebenden :^u Rosenveldt,
Eerlacb^^ und Eisingen^i {68), die ver-
pfendt er mit aller gerecbtig- [2. éd. p. 9$]
lait und jure patronatus dem Jobannser-
haus lu RotweiLu Die veste Tiefenberg
fob er aim edelman, der Brantbocb ge-
baisse», dergestalt das er und seine kinder,
dôchttrn als knaben, das ^u leben von der
freiberrscbaft Zimbern empfaben solten,
Diser Brantbocb Eisenbart was ain lange
leit seines berrn vatters amptman ^u Ro-
seuveldt gewesen und bet ain son bei iexr
geJacbtem berrn Fridenreichen , der nacb-
voIgenJts mit im binweg ûber meer \og;
XVI.
[Frédéric de Zimmern met en gage toutes ses possessions , en vue de son deuxième voyage en Syrie],
Pour finir^ il mit en gage, à lîinsu de ses fières, l'ensemble de ses possessions^ savoir le domaine de Rosenvelt avec les villages et dépendances, entre les mains de son beau-frère, le duc Frédéric de Tegk, ce qui a été l'origine d'un litige qui a duré plusieurs années, entre le duc de Tegk et la baronnie de Zimmern, au sujet du partage ; un abbé de S* Gall, de qui les ducs de Tegk tiennent leur dignité en fief, ont tranché ce différend et arrangé les choses de telle sorte que la terre de Rosenvelt est restée aux ducs de Tegk a». Il (Frédéric de Zim- mern) vendit le château de Harbausen, qu'il avait laissé dépérir, avec le village et toutes les dépendances, aux religieuses du couvent d'Oberndorf sur le Neckar: ce couvent avait été construit par le vieux duc de Tegk, beau-frère de son frère, sire Godefroi, pour une de ses filles, qui était aveugle-née. Les actes de vente de Harbausen existent encore. Il possé- dait encore quelques dîmes à Rosenvelt , £erlach>2 et £isingen>3; il les donna en gage avec tous les droits et le jus patronatus y à la maison de l'ordre de S. Jean de Rotweil »4. Il donna le châ- teau-fort de Tiefenberg à un homme noble, nommé Branthoch , à la condition que lui et ses enfants, les filles aussi bien que les garçons, le tiendraient en fief de la baronnie de Zimmern. Ce Branthoch £i- senhart avait été longtemps bailli de son père à Rosenveh; l'un de ses fils était attaché à la personne dudit sire Fré- déric et passa plus tard la mer avec lui :
31 D't^h une charte du 14 dêc. 1317 , les ducs ic Teck ont cédé plus tard Rosenfeld A Eberbard de Wnnenberg. V. SUlin, fVirt. Gestb., III, 1^4.
32 AujoarJ'bai ErUhetm en Wurtemberg, bailliage ^ Baiiagen.
ArchivfS de F Orient latin, II, 1882.
23 Isia^en près Rosenfeld.
24 Sur rhôpital de Rotweil , voy. Ruckgaber , Gfschichie drr Reùbssladi Rotlwtil, 11, i, p. 356.
34
A. Critique des sources.
het vorhin ain siti, aîlerntchst he\ dem schlos Tiefenberg gehaht, Untrewes Zil gehaissen , dir was im von seinen missgôn- mm und feindcn [r. éd. p. 88] ahgeprennt worden, Nach knger T^eit ist dises Tiefen- berg von denen Branthochen in andere hend.koment lu Utsten auch abgqngen.
{A. i^7, b) Demnach aber herr Friden- rich sein herschaft gan^ verpfendet und also aller on worden, nam er im fur, wi- derumb von dannen in Syriam ^u ijiéheny der hoffnung f widerumb zum kûnig Bal- duino (so der anderst noch in leben) ^k komen und Got :^u lob , auch gemainer christenhait ^u gutem tuider die ungleû- bigen ^u streiten. Es waren auch etliche vont adl und andere jii im , die sein fur- nemen gehôrt , komen , deren ains thails umb Gotx^ willen, ain thail umb ritter- schaft ^u erlangen, aucjj ain thail umb sold und gelt , das er inen frei gutwillig gab, soîchen x.ug fur sich genomen und mit im :^ieben wolten. Mit denselbigen und seinen aignen dienern schicket er sich, so pest er môcht , und ^og auf ain ernempten tag darvon, nam sein weg fur sich den nechsten durch das Rheintaal , da sich sein hauf meret, dann herr Gerolt freiherr von Fati^S und andere mer ^u im kamen^ und volgendts den nechsten auf Mailandt. Da- selbst erfur er, das die Genueser und Ve- netianer Kriegsvolk annamen, die sie dem kônig Balduino auf sein ernstliche pit und begeren {A, 48, a) XM ^^V schicken wolten, Darumb so saumet er sich nit, sonder ^og on allen ver^ug gun Genua, aida das Kriegsvolk ieiundt in treffenlicher animal darvon wôlte. Mit denen fuor er ûber mer, fand den kônig Balduinum stark vor der stat Accon, in latein Ptolemais genannt, ligen. So bald nu die Venetianer und Ge- nueser ankomen , wardt die stat ^u wasser und lu landt dermassen genôtel, das sie
il avait auparavant occupé, dans le voi- sinage du château de Ticfenberg , une habitation connue sous le nom de « Un- trewes Zil » ; ses envieux et ses ennemis y avaient mis le feu. Longtemps après, ce château de Tiefenberg est passé des Branthoch en d'autres mains, et il a fini par tomber en ruines.
XVII.
[Deuxième voyage de Frédéric de Zimmern en Syrie : il prend part à la prise de Césarée],
Une fois qu'il eut mis en gage tout son domaine et s'en fut complètement déchargé , sire Frédéric se décida à re- partir pour la Syrie, se proposant d'y rejoindre le roi Baudouin, s'il était encore en vie, et d'y combattre contre les Infi- dèles , pour la gloire de Dieu et le bien de la chrétienté. A lui s'étaient joints quelques nobles et autres , qui avaient en- tendu parler de son projet et qui dési- raient faire cette campagne et voulaient voyager avec lui, les uns pour accomplir la volonté de Dieu, les autres pour gagner leurs éperons de chevaliers, d'autres pour avoir la solde et l'argent qu'il voulait bien leur donner. Il fit ses préparatifs aussi bien qu'il put , avec eux et avec ses propres serviteurs, et partit au jour fixé; il fit d'abord route par la vallée du Rhin, où sa troupe s'accrut, car le baron de Fatz as s'adjoignit à lui avec d'autres; puis il se dirigea sur Milan. Là , il ap- prit 'que, sur la demande et les instances du roi Baudouin , les Génois et les Véni- tiens acceptaient l'engagement de gens de guerre, pour les envoyer à son aide. En conséquence, il n'hésita pas et se di- rigea sans retard sur Gènes, où grand nombre de gens de guerre étaient sur le point d'achever leurs préparatifs de dé- part. Il passa la mer avec eux et trouva le roi Baudouin campé avec son armée devant la ville d'Acre, appelée en latin Ptolemaïs. Aussitôt après l'arrivée des Vénitiens et des Génois , on commença à serrer la ville de près, par terre et
2$ Vauiz dans U vaille du Rbtn (Grisons).
II. Étude sur la Chronique de Zimmern.
35
M ^*aim monaten hernach getualtigcU- chen eroheri v/ard und der ungleubigen, Jfich mit grostm schadcn und nachtaiî der ChrisUn, ain merkliche suma erschîagen, Herr Fridenreich von Zimhern katn aher- uals gar hart [2. éd. p. 96] verwundt iârvott, dem %u.is ailes sein volk erschla- ^em wordtH und insonderhait sein getrewer geselly herr Gerolt von Faix,' Dise schlacht îtschach in dem sihenden jar nach der ero- herung der stat Jérusalem anno domini tau- iendt ainhundert und sechse.
Bald hernach kam herr Fridenreich von Zvmbern in die stat Cesaream; da enthielt rr sich hei aim (6^) ritter aus teuischen knden , was ainer vont Horn , der im gar ^etreulich hilf and rat hewis , bis im seine vunden gehaiJten,
Vf ain leit gieng er in iexjgemelter stat Cfsarea in gros sent unmuot gani^ traurig spa^iern fur ain thor, hin und wider geden- kindt an den grosen verîurst seiner guten freundt, auch seiner [i. éd. p. 89] getrewen diener, die er mit im aus teutschen landen ge^ hrachi het, auch aller seiner hab, dessen er ailes von denen ungleubigen beraubt wer. In solcben gedanken bekam im ans der schick- ung Gottes ain priester, den fûrt er nach freundtlichem gruess {A. 48, b) in ain ca- pelkn, so unferr von inen stunde, Da claget er im seinen grossen unfal, wîe er lu mermalen wider die ungleubigen ge- striien und allwegen die seinen erschlagen, im auch :^wen leibliche brûeder von' den unglaubigen umbkomen und im nechst aber- mais aile seine diener und soldaten , die er aus seinen aignen gûetern umb Got:^ teillen verlegt und verso Idet , auch das ûherig, aile sein hàb und gut verloren het, rr auch allwegen hart auf den todt ver» ivundt mit nôten darvon komen wer ; huob damach an und beàchiet im aile seine sindt, sovïl er gedtnken kunt , mit grossem ernst, Der priester fraget in , waher sollich gelt im komen wer und wie er das i^uwegen bet gehracht. Da bekennt er im , wie er lu mhermalen seines herrn vatterSy auch sein unJ seiner brûeder arme lent geschet^t,
par mer , de sorte qu'aprcs deux mois de siège elle fut prise d'assaut ; un grand nombre d'Infidèles furent tués, mais non sans avoir infligé aux chrétiens beaucoup de pertes et de dommages. Sire Frédéric de Zimmern s'en tira encore une fois la vie sauve, mais grièvement blessé; tous ses gens étaient tués et en particulier son fidèle compagnon , sire Gerold de Fatz. Cette bataille, eut lieu 7 ans après la prise de Jérusalem — anno domini 1106.
XVIII.
[Séjour de Frédéric de Zimmern à Césarée; son repentir et sa mort"].
Bientôt après , sire Frédéric de Zim- mern arriva dans la ville de Césarée, où il fut logé chez un chevalier allemand , nommé de Horn: celui-ci lui donna con- scieusement aide et secours iusqu'à ce qu'il fût guérit de ses blessures. Un jour qu'il se trouvait d'humeur sombre et accablé de tristesse , il alla se promener devant l'une des portes de la dite ville, son- geant à ses bons amis, à ses fidèles ser- viteurs, qu'il avait amenés d'Allemagne avec lui et qu'il avait si cruellement per- dus , à son avoir que les Infidèles lui avaient pris. Pendant qu'il ruminait ces pensées, il rencontra un prêtre, envoyé par Dieu, qui le salua amicalement et le conduisit à une chapelle qui se trouvait dans le voisinage. Il lui confia son in- fortune, lui raconta comment il avait com- battu plusieurs fois contre les Infidèles, et comment chaque fois ses gens avaient été tués autour de lui, comment deux de ses propres frères avaient aussi été tués par les Infidèles, comment, peu de temps auparavant , il avait encore une fois perdu tous ses serviteurs et ses sol- dats , qu'il avait amenés < de ses propres domaines et entretenus pour l'amour de Dieu, comment il s'était vu enlever tout son avoir et son bien , comment il avait échappé lui-môme â grand peine, grièvement blessé: après cela; il com- mença à lui faire avec une grande cha- leur l'aveu de tous les péchés dont il pouvait se souvenir. Le prêtre lui de- manda d'où lui était venu tout cet argent
36
A. Critique des sources.
gestraft und heschwerct het, damit er den mhererthaiî ûherhomen; wiewol er ^u letst aus grosstr hegierd auch sein vetUrlich erb verset^et und on worden tuer; seinen brûe- dern und aîlem seinem geschlecht t^u nach- taiU Der priester ward in gar bertigclich darutnh strafen und an^aigen, das gewis- lich allain die schat^ung und das hart, untnilt ahnemen von denen armen îeuten ain ursach seins grossen verlursts und un- fais wer ; dann wiewol er gemainel, das er sollich gut allain ^m aim widerstandt der ungleûbigen gebrucht , daran nicht un- recht gethan haben, so wer es doch Got so grôsslich x,uwider^ so er nit her^lich rew und laid darûber het, das itn on ailes felen hie bei [2. éd. p. 97] leben noch mer widerweriigkait und unfaU widerfaren, und dennost dort mit eewiger peen und straf gebûesst {A. 4g^ a) werden mûeste. Herr Fridenreich schluog in sich selber, verhiess dem priester sein leben :(u pessern, schidt also wolgetrôst von im, kam unlangs hernach wider xj^m kônig Balduino; bei dem ist er hernach pliben. Er endet sein leben un- der kônig Balduino , dem andern dises na- mens, ist in Syria begraben worden.
et comment il se Tétait procuré. Alors il avoua qu'il avait à plusieurs reprises pressuré, tourmenté et opprimé les vassaux de son père et les siens propres, et ceux de ses frères, et que c'était ainsi qu'il s'était procuré la plus grande partie de cet argent, encore que, par grande cupidité, il eût mis en gage et cédé sa part de l'hé- ritage paternel au détriment de ses frères et de toute sa famille. Le prêtre le ré- primanda sévèrement et lui fit comprendre que la manière dont il avait pressuré les pauvres gens, les durs traitements qu'il leur avait fait subir sans pitié, étaient les seules causes de ses grandes pertes et de ses malheurs ; qu'il s'était trompé s'il avait cru , en cela , ne pas mal agir , sous prétexte qu'il voulait dépenser cette fortune uniquement pour combattre les Infidèles; que, s'il n'en ressentait pas au fond de son cœur un profond re- pentir et une vive douleur, il offenserait Dieu si gravement, qu'il devrait pen- dant le reste de sa vie éprouver encore plus de revers et de malheurs, ce qui n'empêcherait pas qu'il dût encore les expier dans l'autre vie par des peines et des supplices éternels. Sire Frédéric rentra en lui-même , promit au prêtre de réformer sa vie et le quitta consolé et réconforté : peu après il alla rejoindre le roi Baudouin, auprès de qui il est demeuré depuis lors. Il termina ses jours sous le règne de Baudouin II et fut enterré en Syrie.
Telle est cette relation de la première croisade; si Ton peut faire la preuve de sa véracité, son importance saute aux yeux. En effet, nous y trouvons des renseignements que l'on chercherait vainement ailleurs, comme par exemple, ce qui concerne la part prise à la première croisade par un grand nombre de personnages nobles d'Allemagne dont l'auteur cite les noms , et sur la plupart desquels nous ne pos- sédions jusqu'ici aucune donnée; puis, le récit détaillé des deux pèle- rinages de Frédéric de Zimmern.
Mais, avant de procéder à un examen de ce chapitre et de re- chercher la valeur relative des données qu'il renferme , la première chose à faire est d'établir quelles sont les sources qui ont fourni la base du récit.
Et d'abord, à cet égard, l'auteur ne laisse aucune obscurité: loin
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. 37
de là; dès le premier chapitre de son livre nous trouvons l'indication des ouvrages qui lui étaient connus et qu'il a utilisés de préférence pour rexècution de son œuvre: ce sont les suivants:
1. Gui de Reims;
2. Robert-le-Moine ;
3. Guillaume de Tyr;
4. Des ouvrages d'auteurs dont il ne donne pas le nom;
5. Un Codex manuscriptus du monastère d'Alpirsbach;
6. Une grande tenture sur laquelle étaient dessinées, dans des cercles, de grandes figures en tapisserie.
A propos des renseignements au'il a puisés à ces diflférentes sources, le chroniqueur expose qu'il croit inutile de reproduire ce qui est dit dans les ouvrages inscrits sous les quatre premiers numéros, par la raison que leurs auteurs étaient français ou néerlandais, et qu'ils n'ont fait une mention spéciale que des actes accomplis par ceux de leurs compatriotes qui avaient pris part à la croisade, tandis qu'ils ne rap- pellent qu'en termes généraux ceux de la noblesse allemande, qui, cependant s'est montrée, dans cette guerre, sous un jour glorieux. Ce qu'il cherche , c'est à mettre en relief le rôle des Allemands dans la première croisade. Ne fût-ce qu'au point de vue de l'étendue et du but de l'œuvre qu'il entreprend , il lui eût été impossible d'y Élire entrer les longs développements des histoires écrites par les au- teurs français ou néerlandais. Il présuppose d'ailleurs que ces his- toires sont suffisamment connues. Il n'affirme cependant pas d'une manière absolue qu'il ne s'en est pas du tout servi; en effet, il dit: * c'est de ces deux ouvrages (et par là il entend les n.°* 3 et 6 , le » codex et la tenture d'Alpirsbach) qu'ont été extraits les chapitres » suivants, pour ce qui concerne les barons de Zimmern : » ne doit-on pas conclure de ces paroles qu'il a dû emprunter à d'autres sources les renseignements qui n'ont point trait aux barons de Zimmern? et ils sont nombreux. Nous verrons encore qu'il a connu et utilisé d'autres sources que celles qu'il cite, entre autres la Chronique d'Ursper g y celle de Bernold de 5. Biaise, les Annales d'Aventin, etc., mais que, néan- moins, H n'a pas absolument négligé les premières nommées, bien qu'à l'en croire il juge inutile d'en reproduire le contenu: en tout cas, celles où il a le plus largement puisé et qui servent de base à son récit sont le Codex d'Alpirsbach et les indications de la tenture.
Arrctons-nous encore quelques instants aux relations de la croisade connues du chroniqueur et citées par lui en tète de la liste. Parlant de Gui de Reims, de Robert-le-Moine et de Guillaume de Tyr, il dit qu'« une partie d'entre eux vivaient à l'époque de la première croi-
38 A. Critique des sources.
» sade et y ont pris part » K Dans sa pensée, cela doit évidemment signifier que deux au moins de ces historiens ont été contemporains et témoins oculaires de la croisade: a-t-il tort ou raison? Ce point ne peut plus faire, pour nous, Tobjet d'un doute; en effet, nous sa- vons que Guillaume de Tyr est mort postérieurement à Tannée 1184 *, et que Gui de Reims, si c'est, comme nous le supposons. Gui de Bazoches que le chroniqueur désigne sous ce nom , n*a vécu qu'à la fin du XII« siècle. Ni l'un ni l'autre n'a donc pu être témoin oculaire de la croisade. Pour Guillaume de Tyr, l'auteur de la Chronique de Zimtnern a dû savoir lui-même que cet écrivain n'a pas pris part à la première croisade , et pas un des contemporains du chroniqueur n'a dû le considérer comme un témoin oculaire de cette guerre; cela ne peut pas faire pour nous l'objet d'un doute. Abstraction faite de ce qu'il a continué son Hisioria jusqu'à l'année 1184, il dit lui- même que, jusqu'à l'année 1142, il a emprunté son récit à d'autres, mais que pour tout ce qui est postérieur à cette date, et particulièrement à partir du règne de Baudouin III, il ne relate que ce qu'il a vu de ses propres yeux ou appris par le récit véridique de personnes qui assistaient aux événements '. Il eût été difficile à l'auteur de la Chro- nique de Zimmern de se tromper à ce langage. Il est extrêmement probable qu'il avait sous les yeux l'édition de Bâle de 1549 ^. Ainsi, il ne peut avoir attribué la qualité de témoins oculaires qu'à Robert- le-Moine et à Gui de Reims. Pour le premier, c'était autrefois une opinion généralement admise S mais , jusqu'à ce jour, le fait n'a pas été démontré^, bien qu'il faille sans aucun doute faire remonter la rédaction de VHistoria de Robert beaucoup plus haut qu'on ne l'avait cru dans les derniers temps 7. En tous cas, alors même qu'il n'aurait pas puisé à une source quelconque des renseignements à cet égard , l'auteur de la Chronique a dû considérer Robert comme un témoin
I Chap. I , p. 20 ; éd. Bftrack , I , p. 76 , 1. 88 ; 5 Par Blondus , Vossius, Lelong, V Histoire litti-
2* cd. p. 8$, 1. 52. raire de France^ MabiJlon, Morlot etc. Pour plus de
a L' Historia belli sneri de GuiP.aume de Tyr s\^ détails , voy. Recueil des hist. occid. des crois. , III ,
tend jusqu*à Tannco 1184: la date de sa xcort est p- xliv, et s.; Potthast, p. 997, va jusqu'à donner TZ/ij*
probablement postérieure à l'année 1184. toria comme une source originale.
3 Guillaume de Tyr écrit au commencement du 6 Voy. Recueil^X.c», KX.Syh«\^Gesch,de$ L Kreu^i, liv. XVI: « Qiix de praesenti hactenus contcxuimus p. $0; 2* éd. (Leipz. 1881), p. 4$.
• historia, aliorum tantum quibus prisci temporis pie- 7 C'est M. Riant qui le premier, a, di nos jours,
• nioradhuciamulabaturmenioria.collegimus ratione: appelé l'attention sur ce point (EpistoU Alexii ad
• unde cum majore difilcultate , quasi aliéna mendi- Rob. Flandr. Genève , 1879 , p. xlj). Ce qui nous D cantes sufFragia, et rei veriutem, et gestorum se- détermine à placer VHistoria de Robert dans les dix » riem , et annorum numerum sumus consecuti : licct premières années du XII* siècle , c'est que Guibert » fîdcli , quantum potuimus , hxc eadem recitatione , s'est inspiré de Robert ; c'est un fait que nous es- >» scnpto mandavimus Qiix autcm sequuntur dein- raierons de démontrer autre part. Pour le moment » ceps partira nos ipsi fi Je conspeximus oculata, par- nous nous contentons de renvoyer aux passages que a tim eorum, qui gestis interfuen.nt, fida nobis patuit nous avons indiqués dans Peter der ErtmiU^ p. 34;
• narratione ». et s. notes.
4 Basilea:, per Kicolaum Brylingerum et Joann. Oporinum, 1(49. Ed. Philip. Poyssenot.
If. Étude sur la Chronique de Zimmern. 39
oculaire, et il y a une particularité qui devait le confirmer dans cette opinion; ce sont les passages de VHistoria où Robert emploie géné- ralement, au lieu du mot Francis l'expression nostri^; mais ces pas- sages sont tous empruntés à l'auteur des Ces ta Francorum , témoin oculaire celui-là (c'est un fait hors de doute) , et que Robert a copié presque mot pour mot. Au temps de l'auteur de la Chronique de Zim- mern, VHistoria de Robert était répandue, en particulier en Allemagne, à un grand nombre d'exemplaires manuscrits 9; il en avait même été publié, dès cette époque, deux éditions imprimées, celle de l'année 1472 *° et celle de l'année 1533 ". C'était, sans aucun doute, du moins en Allemagne, la relation de la première croisade la plus connue ".
L'auteur de la Chronique a dû, par les mêmes motifs, attribuer la qualité de témoin oculaire à Gui de Reims: disons le sans plus tarder; ce nom résonne à notre oreille d'une manière étrange, car, parmi les écrivains connus qui ont parlé de la première croisade, aucun ne porte ce nom. Nous connaissons bien un Gui de Ba:(^oches *5, mais non un Gui de Reims; si ces deux noms ne s'appliquent pas à une seule et même personne , nous devrions avouer que nous ne possédons absolument aucun autre renseignement sur le dernier, et l'auteur de la Chronique indiquerait là une source historique absolu- ment inconnue partout ailleurs. Mais il est, à notre avis, assez probable que le mot Remensis s'applique à Gui de Bazoches. On sait que Bazoches se trouve aux environs de Reims: or, Gui a fait un long séjour dans cette ville. Bazoches est un château fort, situé dans le département de l'Aisne, entre Soissons et Reims. C'était la maison patrimoniale des Châtillon; les comtes de Blois descendaient d'une branche collatérale de, cette famille. La branche aînée conserva le nom de Ba:(oches. Les Châtillon et les Bazoches habitaient Reims, Soissons et les environs. Dans ses lettres. Gui de Bazoches donne la description d'une villa voisine de Reims , où il passait Tété à l'é- poque où il était chantre à Châlons-sur-Marne. L'épithète Remensis convient parfaitement à un membre de la maison de Bazoches-Châ- tillon; de plus, au Moyen- Age, le mot Remensis, était synonime
t Voy. entre autres, Retueil ^ l. e.y pp. 757, 7^9, couira Saractnos , an. salutis 1097 pro lerra $aneta.
761, 765, 778 etc. gestum^ etc. Basil. i$33, in-fol. — Voy. Potthast,
9 Voy. Riant. Epistola AUxii ad Robert. Flandr., Bibl. hisl.f p. 997. Recueil^ 1. c, p. Ij. p. xi. On connaît encore, i l'heure présente, plus de la Voy. Riant, p. xl : Robert avait été l'objet de
So manoscrits de Robert. Voyez, Ibii. p. Ixiv et s. plusieurs versions allemandes dont Tune imprimée
loParac chez Ter Homen, i Cologne en l'an 1472; au XV« s. Voy. aussi Archiva de POr, îai.^ I, 715. on ne connaît plus qu: quatre exemplaires de cette 13 Voy. les renseignements fournis sur cet écrivain
cdîtion; trois sont A Paris, le quatirèrae à Bonn. par Riant, Noie sur Us auvres de Gui de Basoches ^
Vov. Reetii des eroisada , Hist. occid. , 111, p. Ij, Paris, 1877, in-S", Scheefier-Boicborst, dans les J^on.
o Peter d. EremiUy p- 9. Germ. SS. t. XXIII, 663, et Hagenmeyer, Veier ier
II Pâme avec d'autres écrits sous le titre de- Uremiie^ pp. 26, 329. BeU^m ehristUncrum principum^ pracipne Galhrmm
40 A. Critique des sources.
de l'expression Champenois '^ y que Ton emploie de nos jours; il nous semble donc que rien ne s'opposerait à ce qu'il y eût identité entre Gui de Reims et Gui de Bazoches. Cependant cette manière de voir peut, assurément, être erronée ; en eflfet, comme l'auteur place le nom de ce Gui avant celui de Robert-Ie-Moine , cette circonstance pour- rait être l'indication qu'il s'applique à un auteur qui aurait vécu avant Gui de Bazoches; dans ce cas, l'opinion que nous attribuons à l'au- teur de la Chronique de Zimmern prendrait quelque vraisemblance , et il faudrait admettre que ce Gui était contemporain de Robert-le- Moine et écrivait antérieurement à Guillaume de Tyr: mais il est évident que ceci ne serait plus applicable à Gui de Bazoches; car celui-ci, on le sait, vivait encore après la mort de Guillaume et s'est amplement servi de VHistoria belli sacri pour sa Chronographia *5. D'un autre côté, si Gui de Reims et Gui de Bazoches ne sont qu'une seule et même personne ; il est singulier que Gui occupe la première place parmi les noms cités par le chroniqueur; en effet, sa Chrono- graphidy le seul ouvrage pour lequel il puisse être mentionné ici, n'a qu'une très courte partie consacrée à la croisade, tandis que Robert et Guillaume ont exclusivement traité ce sujet; il se trouverait donc que le chftniqueur aurait placé au premier rang la chronique univer- selle du premier et au dernier l'histoire spéciale de la croisade du second. Mais rien ne démontre, dans la Chronique de Zimmern ^ que l'auteur se soit appliqué à suivre strictement la chronologie, lors même qu'il cite les autres sources auxquelles il a eu recours; tout au contraire, ses indications chronologiques, lorsqu'il en donne, ne reposent pas sur des bases bien solides, nous le verrons plus loin et le prouve- rons derechef à la fin de cette étude, et, sans doute, ayant sous les yeux divers écrivains, il lui paraissait difficile de distinguer la valeur plus ou moins grande de leurs récits à ce point de vue: nous devons donc nous en tenir à l'opinion que nous avons déjà exprimée , à savoir, que les plus grandes probabilités sont en faveur de l'identité de Gui de Reims et de Gui de Bazoches.
Maintenant, de ces trois ouvrages sur la première croisade, il est certain qu'il en est un au moins qui a servi à l'auteur de la Chro- nique de Zimmern , c'est VHistoria belli sacri de Guillaume de Tyr ; en effet, il en reproduit des passages dans d'autres parties de sa Chro-
nique ^^ y et, à la fin du manuscrit, dans la liste des sources auxquelles
•
14 C'est i l'anubiliti de M. le comte Riant que » Uume de Tyr, le savant auteur de ThUtoirc de Jé-
nous sommes redevable de ces renseignements sur » rusalem, parle d'une Mclusine qui aurait épousé un
Bazoches. » seigneur français, nommé Hugues de Reteste et aurait
I j Voy. aussi Scheeffer-Boichorst, Introduction de » été la mère du sire Baudouin de Bourg , qui a été le
r Alberici Chronùou dans les Mou. Germ. SS. t. XXIII, » second roi de Jérusalem , après la mort du cher roi
p. 66). » Godefroi ».
16 P. ex. t. IV, 242 : le chroniqueur dit : ■ Guil> *
II. Etude sur la Chronique de Zimmern. 41
il a puisé , il le nomme expressément ^^. Il n'est point douteux que les quelques données sur Godefroi de Bouillon qui se trouvent dans la partie que nous étudions doivent provenir de Guillaume de Tyr, à moins qu'elles ne se trouvent aussi dans Albéric de Trois- Fontaines ; en effet, il est non seulement possible , mais extrêmement probable, que c'est dans ce dernier qu'ont été puisés les renseigne- ments en question sur Godefroi, de sorte que le chroniqueur ne les aurait reçus qu'indirectement de Guillaume de Tyr; nous reviendrons sur ce point.
Il en est de même pour Robert-le-Moine et Gui de Reims. Si le chroniqueur les nomme de nouveau expressément dans la liste des sources qui se trouve à la fin de l'ouvrage **, il n'en fait plus une seule fois mention dans tout le cours de sa Chronique, et comme nous n'y trouvons pas un renseignement que l'on puisse faire remonter directement à l'un ou à l'autre, nous devons douter qu'il leur ait fait aucun emprunt direct. Il est possible qu'il n'ait connu Gui de Reims que par ouï-dire, par les passages d'Albéric de Trois-Fontaines où celui-ci lui donne la parole *9; dans ce cas il ne s'en serait servi que d'une manière indirecte, comme, peut-être, il avait déjà fait pour Guillaume de Tyr, ainsi que nous l'avons vu. Quoiqu'il en soit, ce qui est positif, c'est que ni Robert, ni Gui n'ont pu exercer une influence sensible sur le récit que le chroniqueur fait de la pre- mière croisade.
Tout autre, ,au contraire, a été l'influence de ces « autres » auteurs, que le chroniqueur désigne vaguement dans la liste placée au com- mencement de notre extrait; et parmi eux il faut assurément compter au premier rang Albéric de Trois-Fontaines. On sait que l'histoire de la première croisade écrite par Albéric de Trois-Fontaines est une compilation puisée dans les relations de Guillaume de Malmesbury, de Guillaume de Tyr et de Gui de Bazoches; il nous serait donc permis de supposer que l'auteur de la Chronique de Zimmern a également connu le premier de ces écrivains : mais , comme il ne le nomme nulle part , nous devons admettre que les passages qui concordent avec ceux de Guillaume de Malmesbury sont unique- ment extraits de la Chronique d'Albéric: c'est elle, évidemment, qui a servi de base au récit du chap. II de notre extrait: pour le démon- trer, il nous suffira de citer ici le passage correspondant d'Albéric: « Godefridus Idae filius imperatori Henrico contra Hildebrandum mi- » litavit, et in oppugnando Romam partem mûri quae sibi obtigerat
17 i^Ie se trouve i la 611 du manuscrit B^ de U 19 Voy. plus haut la note 13 de la p. 39. jusque
page if;8 â la p'ge 1561, et, dans Tédition de Ba- dans les derniers temps on croyait perdu l'ouvrage
racfc, t. IV, p. 4^ 3-465 • Ne pas confondre cette liste de Gui de Bazoches, retrouvé par M. Riant, et on ne
arec celle que nous avons donnée au chap. I. connaissait de lui que les citations qu' Albéric de
iS Ibîd. p. 4^4- Trois-Fontaines en donne dans sa chronique.
A. Critique des sources.
» primus irrupit, postea prse nimio labore in nimia siti nimium vî- » num hauriens febrem quartanam nactus est. Audita autem causa » vise Hierosolymitanae , illuc se iturum vovit, si Deus illi redderet » sanitatem. Quo voto emisso, vires ejus penitus refloruerunt *** ». Ce passage n'est pas le seul où notre chroniqueur ait puisé ce qu'il dit de la campagne de Godefroi à Rome : dans un autre passage (ad an. 1081), le même Albéric dit qu'en l'an 1081 l'empereur Henri se mit en marche sur Rome , et que Godefroi faisait partie de sa suite. Ce ne peut être également que le récit d' Albéric qui lui fait dire que Godefroi se procura par tous les moyens possibles l'ar- gent nécessaire pour sa glorieuse croisade, et qu'il finit par vendre tous sts biens. Albéric dit, il est vrai : « Episcopo Leodiensi Otberto » dux Godefridus castrum BuUionium vénale exposuit, vi vente adhuc » matre sua Ida et consentiente , pro mille et quingentis marcîs » argenti »* » ; mais il n'est pas le seul à parler ainsi ; Gilles d'Orval affirme expressément que, tandis qu'il se préparait à partir pour Jé- rusalem, Godefroi « possessiones suas vçnderet et earum preiium » secum déferrer " » ; le chroniqueur aura donc également connu le récit de Gilles. Il ne serait peut-être pas difficile de découvrir d'au- tres auteurs, originaires de la Belgique, qui lui ont fourni des matières pour son récit. Peut-être aussi a-t-il connu l'ouvrage de Jacques de Vitry '3 qui ne fait pas non plus partie de ceux dont il donne la liste à la fin de son ouvrage.
Toutes les relations dont nous venons de parler étaient connues de l'auteur de la Chronique, et à chacune il a emprunté quelque chose pour former la base de son récit; mais toutes ont été composées par des Français, ou des Néerlandais, et ceux-ci ne se sont occupés, la plu- part du temps, que des personnages originaires de leur pays. Or, il se proposait surtout de décrire la part prise par les Allemands à la première croisade; il devait donc rechercher d'autres sources de ren- seignements plus appropriés à son sujet, et, dans le nombre, il dé- signe comme les plus importantes et celles dont il s'est le plus inspiré, ce vieux Livre d'Alpirsbachy et cette tenture où l'on voyait des figures en tapisserie *^. C'est de là qu'il a tiré tout ce qui , dans son récit , a rapport aux sires de Zimmern. Quant aux autres renseignements relatifs au rôle des nobles allemands, il les a assurément puisés à d'autres sources : ce ne sont plus les auteurs français et belges mentionnés plus haut , mais bien Bernold de Saint-Biaise '5 , la
20 Albérici CAroMfCJM, adannum I099(é(l. Leibuitz, 25 Historia Oritntalis^ sive Hieroiolymitaua. p. 180). 24 Voy. c. I, p. 21.
21 ChroMtco» , Ad an. 1096 et ad an. 1099: après 2$ Bcmoidi Chrenicoti (Mon. C^rm., 55., V, p. 400- ce passage Albéric ajoute expressément; « ti quiû 467).
» eruce signatut indigtbat peeunia ».
22 Getta pontif. Ltoi., dans ChapeauvUle, U, p. 40 et dans Mon. Germ.t SS.t XXV, p. 91.
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. 43
Chronique d*Ursperg*^ et Aventin. Ils lui ont fourni tous les ren- seignements désirables sur le mouvement de la croisade en Allemagne (Deutschland) et particulièrement en Alemanie (Allemannien). Mais avant de démontrer ce qui , dans k' Chronique de Zimntern^ provient des auteurs que nous venons de nommer et ce qui a été emprunté au Livre d^Alpirsbach et à la tenture^ il nous reste à donner des dé- tails sur ces deux pièces; leur importance saute aux yeux et, si on les possédait, elles auraient une valeur de premier ordre pour Thistoire de la première croisade. Malheureusement elles sont perdues, au moins jusqu'à ce jour, et cette perte est d'autant plus regrettable que, bien certainement, elles contenaient d'autres choses que ce que la Chro- nique de Zimmern leur a emprunté.
Considérons d'abord ce que le chroniqueur dit du vieux livre au chap. I: il en ressort que, dans le temps, on conservait le manuscrit et la tenture à Alpirsbach ; que ces deux pièces provenaient d'un don fait autrefois par un baron de Zimmern ; que le sujet du livre était une relation de la marche de l'armée croisée vers l'Orient, et, enfin , que, selon le chroniqueur, l'auteur du livre serait un des barons de ZimmeVn, ayant lui-même pris part à la croisade; quant à la relation qui existait entre le livre et la tenture en tapisserie , elle résulterait de l'identité du sujet traité dans l'un et représenté sur l'autre.
Ce vieux livre manuscrit avait , sans doute , appartenu autrefois à l'ancien monastère d' Alpirsbach *7, dans la Foret-Noire, mais assurément il ne s'y trouvait plus à l'époque où l'auteur écrivait sa chronique , sans quoi celui-ci eût certainement employé d'autres expressions^*. L'a-t-il eu entre les mains , en a-t-il tiré directement les renseigne- ments qu'il donne, ou bien ne les a-t-il eus qu'indirectement par une copie qu'il aurait lui-même recopiée? autant de questions que l'on ne saurait trancher avec certitude: cependant on peut admettre comme ce qu'il y a de plus problable, qu'il a e^, à un moment donné, le livre entre les mains, ou môme qu'il l'avait sous les yeux lorsqu'il écrivait les cha- pitres qu'il en a extraits: mais d'où l'avait-il eu? c'est ce qu'il serait difficile de dire. En tous cas, il ne faut pas le confondre avec l'autre très vieux livre mentionné par le chroniqueur au chap. X, livre où Ton voyait que, longtemps auparavant, un baron de Zimmern avait fait don au monastère d' Alpirsbach, en souvenir perpétuel, d'un candélabre d'or d'un merveilleux travail, désigné en latin sous cette rubrique:
26 On sait que la première partie de cet ouvrage Chronique de Zimmern Ta connu , lui aussi : mais
s'est autre chose que La Cbron»^ mc d'Ekkehard d*Aura, tout ce qu'il a emprunté pour son récit de la pre-
i laquelle l'abbé Burckard d'Ursperg a ajouté un mière croisade provient d'Ekkehard. rccii de l'histoire contemporaine jusqu'au commen- fj Sur ce monastère , voy. Giatz , GeschichU des
\ du Xin* siècle. Tant qu'on n'a pas connu Klottert Alpirsbach au/ dem Sehuiar^walde ^ Stras- l'aneur de la première partie, on l'attribuait à l'abbé bourg, 1877, 8*. d'Crsptrg: de U le nom sous lequel l'auteur de la a8 Voy. c. I, p. ai.
44 A. Critique des sources.
« Candelabrum miri operis ». Le chroniqueur croit devoir admettre que ce legs provenait du croisé Frédéric de Zimmern , qui aurait rapporté le candélabre de Syrie. C'est immédiatement après la relation de la pre- mière croisade que l'auteur fait mention de ce livre, et il a emprunté la plus grande partie de cette relation à l'autre livre, celui qui ne se trouvait plus au monastère d'Alpirsbach; or, la mention est faite en de tels termes, qu'il est difficile d'admettre que lui-même ait regardé les deux livres comme identiques ; si cela eût été, il l'aurait indiqué d'une manière quelconque ; il aurait écrit , sans doute : « dans le très vieux livre « déjà mentionné ». C'est donc avec raison, suivant nous, que M. Glatz admet que ce vieux livre était un registre de donations. Cependant, malgré toutes sqs recherches, il n'a pu découvrir nulle part rien de semblable *? : à en croire les expressions du chroniqueur, il existait ce- pendant encore, de son temps, à Alpirsbach 3^ On n'a pas davantage retrouvé le vieux codex venu du monastère d'Alpirsbach, auquel le chro- niqueur a emprunté une ^rtie de sa relation de la croisade, et que par conséquent, il ne faut pas confondre avec le registre de donations; existe-il encore quelque part et pourra-t-il jamais se retrouver ? le croire serait bien probablement entretenir un espoir de jour eh jour plus chimérique.
Le monastère d'Alpirsbach J', fondé pendant la première croisade, était situé dans la Forêt-Noire, non loin de Rotweil; il dépendait autrefois du diocèse de Constance et possédait une riche bibliothèque î* dont rintégrité dut se ressentir des changements considérables qu'il subit dans le cours de son existence. Il est probable qu'elle eut à souffrir sensiblement des incendies des années 1508 et 1513'^ et des soulè- vements des paysans. Cependant l'auteur de la Chronique de Zimmern
29 Glatz, p. IV : « L'ouvrage intitulé Die Irrungen nous a ctc repondu qu'il ne s'y trouvait aucune pièce
utid Remeduren dtr Uchtlslànde im Kïoster ; et le provenant d'Alpirsbach » .
Diarium tenu de i$47 i 1559 P*^ ^^ malheureux abbé 30 Voy. ci-dessus le texte du chap. XI.
Jacques, ainsi que Die Kloster-^Kirchen-und Convenls- 31 Voy. les chartes de fondation d'Alpirsbach, da-
ordnung donnée par le même abbc en I5$4, sont les tces du 16 janvier 109$, et du 29 août 1098, dans Still-
scules pièces que l'auteur ait pu découvrir parmi la fricd, Monum. Zolleriana, t. I, i ; Kausler, Wirlemb.
masse d'actes divers qui se trouvent aux archives d'état Urkunden, 1, 31$; Glatz, p. 263; et Zell, Gebhard
à Stuttgart. Dans aucun dossier il n'a pu trouver seu* von Zaeringen dans le Freihurger Diôcesauarebiv ,
lement la tr.ice d'une Chronique conventuelle... . Nulle 1, 380.
part non plus nous n'avons rencontré abonnâtes eonven- 32 Voy. Glatz , Gesch. des Kiosters Alpirsbach ,
tuelles , comme celles de Saint-Georges, qui existent p. 223-226.
en bon état de conservation. Pas de necrohgium ou 33 Voy. Glatz, ibid., p. V et 124; la plus grande
Annales nécrologiques , pas de registre de donations , partie, et la plus importante, de la bibliothèque a été
dont la Chronique de Zimmern , 1 , p. 1 5 signale sauvée, car les commissaires Wurtembcrgeois qui firent
l'existence i l'époque du monastère. Le dernier en 1534 l'inventaire d'Alpirsbach écrivaient dans leur
abbé d'Alpirsbach était en relation avec l'abbaye rapport au duc Ulrich. « À cause des guerres un
de Saint Pierre de Salzbourg ; celle de Saint Paul » grand nombre de lettres, livres, registres et chartes
en Carinthie a hérité d'une partie des précieux do- » relatives aux privilèges de la maison de Dieu ctc.
cuments des archives de Saint Biaise : nous avons » ont été transportés i Stromberg, et sont maintenant
fait faire des recherches par des personnes de con- • en sûreté dans les caves du couvent ». fiance dans les archives de ces deux monastères: il
II. Étude sur la Chronique de Zimmern. 45
a probablement eu sous les yeux, vers 1566, le codex dont nous parlions plus haut; par conséquent il doit avoir échappé aux incendies, qui, du reste, ne détruisirent chacun qu'une partie du monastère, et avoir été soustrait avec le même bonheur aux réquisitions exercées pendant la guerre des paysans. Mais où se trouvait-il à l'époque du chroniqueur? Si, d'après ses expressions, on admet qu'il n'était plus à Alpirsbach, était-il peut-être à Herrenzimmern? c'est ce qu'on ne saurait plus démontrer. Peut-être fut-il transporté à Villingen ^* ou à Saint-Georges '5 à l'époque de l'abbé Jacques Hohenreuter (1547-1563); peut-être fut-il porté à Stuttgart 3^, lorsque l'administration des biens du monastère passa aux mains du duc de Wurtemberg; en tout cas il ne s'y trouve plus. Si, par hasard, il est rentré à Alpirsbach au XVP siècle, il aurait été perdu pendant les désordres de la guerre de trente ans. En effet, il existe une lettre de l'abbé Gaspard, d'Alpirsbach, au comte Charles Louis de Sulz, landgrave du Klettgau, datée du 31 décembre 1634, dans laquelle il dit que le monastère a été frappé de contributions exorbitantes, que, quelques années auparavant, des commissaires wurterabergeois ont emporté à Stuttgart presque toutes les chartes et les terriers du couvent; enfin, ajoute-t-il, des espions, aidés par le prédicateur du feld-maréchal suédois Gustave Horn, ont enlevé « de notre belle bibliothèque du couvent d'Ochsenhausen, 9 et transporté à Balingen, quatre sacs pleins de livres. » Il prie le comte de faire une enquête à ce sujet et de faire rendre les li- vres'7. Le fait est qu'en 1619 et déjà auparavant un grand nom- bre de livres avaient été portés d'Alpirsbach à Ochsenhausen pour les mettre à l'abri du pillage. Il est donc possible que le codex ait été porté ainsi à Ochsenhausen et qu'il soit passé de là à Balingen. Les livres de l'ancienne abbaye d'Ochsenhausen sont maintenant la propriété de la famille de Metternich, mais le codex n'est pas du nombre, sans quoi il serait assurément nommé dans le catalogue des manuscrits importants de la bibliothèque des princes de Metternich
34 Ccst U que t'abbé a ponè les trésors du cou- • n'a pu le ravoir; il savait pourtant quel était le
i«nt pour les sauver; voy. Glatz, p. i6i. » bailli qui le lui avait pris, mais il n'a pas pu l'ac-
5j Pour les dérails sur ce monastère, voy. Glatz , a cuser publiquement de vol, parce qu'il n'était pas
p. 142 sa. Au reste , i propos du traitement qu'eu- » en mesure d'en fournir de preuves et que le voleur
reai 1 subir les livres du monastère de S*-Georges, » s'était mis à l'abri en Wurtemberg. C'était un beau
voki ce'que dit la Chronique dt Zimmern, I, p. 17$, • livre, qu'on aurait pu appeler librum tradition um car
2* éd. I, p. 186: • 11 est bien regrettable que tant de » on y trouvait la liste complète des biens de la com-
• àxmaituts anciens, concernant non seulement les • munauté et des donations avec l'indication de leur
• Zimmern, "t«i< aussi d'autres familles, aient été brù- • origine et la date d'acquisition. C'est pour cela ■ lés au monastère de Sûnt Georges. Cependant on » qu'on a cherché A se saisir de ce livre et qu'on le
• a saavé des nombreux incencUes et conservé jus- » tient maintenant si soigneusement caché ».
• qa'i nos jours un viemx gros livre dont quelques 36 Le 26 juin 15 $9 l'abbé Hohenreuter fit la re*
• passages remarquables ont été reproduits dans cette mise de tout l'inventaire au duc Christophe de Wur-
• bistoire. Ce livre fut dérobé en y$66 à Tabbé temberg, voy. Glatz, p. i$i et 401.
« Jobannsea et, ni pour argent ni pour autre chose il 37 Voy. Regest, r.o 749, dans Glatz, p. 417.
46 A. Critique des sources.
publié par M. le docteur Schum 5*. Où sont allés les livres portés d'Ochsenhausen à Balingen par les gens de Horn î^ ? C*est encore un point obscur : peut-Ctre en Suède, peut-être aussi à Vienne, ou en Bohème; peut-être encore ont-ils été détruits. M. Glatz, l'auteur de V Histoire d'Alpirsbach, nous écrivait, à la date du 12 avril 1880: « Ce » livre (Buoch) pourrait avoir été simplement porté de Balingen à » Stockholm, ou bien, comme Balingen devint en 1632 possession de » la famille des comtes Schlick, avoir été placé dans les archives de » cette famille à Prague (Vienne), ou bien enfin être échu à la bi- » bliothèque royale, ou aux archives d'état à Vienne ». M. Glatz a fait des recherches dans divers dépôts d'archives et bibliothèques pour retrouver les livres précieux d'Alpirsbach 4°. M. le comte Riant en a fait faire de son côté, mais elles sont, jusqu'à ce jour, restées sans résultat, au moins pour ce qui concerne le vieux livre.
L'auteur de la Chronique de Zimmern désigne encore nettement , comme l'une de ses sources, se rattachant intimement au codex perdu, une tenture en tapisserie sur laquelle étaient représentées de grandes figures, dont le sujet concordait avec celui du livre. Car c'est bien là le sens de ces expressions: « sur la tenture, on voit, dans des cer- » clés, de grandes figures accompagnées d'inscriptions latines dont le » sujet correspond à celui du livre ))^*. Heureusement il reparle une autre fois de cette tenture dans le cours de sa chronique, et voici ce qu'il dit-»^: « Le monastère bénédictin d'Alpirsbach fut bâti en 1095 par » le sire Rutmann de Hausen, de la vallée de la Kinzig, propriétaire » du fonds et du sol, le comte Allwig de Sulz et le comte Albert » de Zollern. Lorsque la construction fut achevée, le comte Albert » entra lui-même dans l'ordre. Le baron Godefroi de Zimmern ^' » venait souvent le visiter, et, au cours de ces visites, il prit le couvent » en telle affection qu'il le choisit pour son lieu de sépulture; en » effet, il y fut enterré dans la suite avec son épouse. Pour le même » motif, son épouse Elisabeth, duchesse de .Tegk , voulant perpé- » tuer le souvenir de la baronnie de Zimmern , exécuta , avec l'aide » de neuf damoiselles qu'elle avait auprès d'elle, une tenture sur la- /> quelle on voyait en tapisserie toute l'histoire de la marche vers » Jérusalem, et comment ses deux beaux-frères Conrad et Albert de
38 Voy. Mittheilungen ûbtr du fûrstlich Metter" science au mois de septembre 1880.' Pour retrouver nich'sche Bibliothtk auf Schlots Kônigtwart in Bôhmen les livres précieux d'Alpirsbach, il avait visité les bi- par le D' W. Schum, dans le Neun Archiv der Ce- bliothéqucs de Stuttgart, de Carlsruhe, de Sigmarin- ulhch.fûr altdenlschiGeschichtikunde.\o\.\t AMt^' gt-n, de Donaueschingen , de Strasbourg, les ab>
39 Sur la situation de la bibliothèque du couvent bayes de Saint*Pierre à. Salzbourg et de S. Paul en d'Ochsenhausen en 1760, voy. Gerbert, liir aleman- Carinthie.
«rfCMiff, S. Biaise, 1773, p. 2S2-219. 41 Voy. Chap. I, p. ai.
40 M. Glatz nous avait promis de faire de son 42 Vol. I, p. 98 ss.; 2« éd. p. loé.
c&té de nouvelles recherches sur ce codex; mais 43 I-c plus feune, le frère des croisés, et non leur
une mort prématurée l'a enlevé i ses amis et A la père, dont il est parlé au chap. I.
IL Étude sur la Chroniqm de Zimmern. 47
> Zimmeîn avaient été tués à Nicée , et comment Frédéric de Zim-
> niem, blessé, était revenu avec le comte de Schwarzenburg et d'autres. » Elle travailla neuf ans à cette tenture, qui était tellement grande 9 qu*elle pouvait couvrir entièrement les deux côtés du chœur de t Herrenzimmern, au-dessus des stalles: après sa mort et celle de son » époux, on porta la tenture au monastère d'Alpirsbach, où elle se trou-
> vait encore en 1520. » Pendant la révolte des paysans, le monastère fut pris par eux, la tenture en partie brûlée et déchirée; cependant il y en avait encore quelques morceaux au château de Herrenzimmern, où on les conservait en souvenir perpétuel. Les choses étaient encore en cet état en 1566, époque où Tauteur de la Chronique vit les restés de la tenture. Cependant, au cours des trois cents dernières années, ces restes ont été perdus à leur tour et il paraît qu'ils n'existent plus nulle part^. Le château de Herrenzimmern, situé près de Rotweil dans la partie Wurtembergeoise de la Fôret-Noire, présentait encore en 1566 Taspect d'un château fort imposant: il est maintenant en ruines, mais sa destruction ne remonte pas au-delà du commencement de ce siècle : on le démolit alors pour y prendre des pierres destinées à la construction d'autres habitations ^5.
La tenture, on vient de le voir, contenait de grandes figures tra- cées sur des panneaux; ces panneaux étaient disposés en lignes hori- zontales et verticales et les figures accompagnées d'inscriptions latines, qui concordaient avec le texte du livre ^^. Ces inscriptions ou phrases, placées soit au-dessous, soit au-dessus des figures, donnaient, sans doute, l'explication de chaque tableau. L'auteur de la Chronique de Zimmern n'en cite littéralement qu'une seule, composée de ces mots: « Gottefridus 3> dux de Zimbris *? ». L'analogie ou l'identité entre les inscriptions de la tenture et les termes du livre suppose évidemment que Tun a été composé d'après l'autre; alors même que le chroniqueur n'aurait pas voulu le dire, ce serait la conséquence nécessaire des expressions dont il se sert. Il n'est plus possible, assurément, de déterminer avec certi- tude auquel des deux, du livre ou de la tenture, revient Ja priorité; cependant, il est probable que la tenture était plus ancienne que le
44 En i8}0 , on a découvert dans les ruines du pour demander que Ton voulût bien nous faire sa-
chiteaa de HerreiuiRunem un certain nombre de re- voir si Ton avait connaissance de quelques restes de
liqnes: une boite, où étaient conservés plusieurs pe- la tenture; mais notre demande est restée sans ré-
tlts ossements enveloppes dans de petites pièces de ponse.
satin et de soie, et une feuille de papier couverte d*é- 4$ Voy. Ruckgaber, /. <;., p. 22;.
crtiure; mais cela n'a point de rapport avec notre 46 Voy. chap. 1.
teonire. Ruckgaber donne des renseignements sur 47 Voy. Vol. I, p. 99; 1* éd., p. 107: « Sans
cette trouvaille dans sa Gischichu lUr Grafen von » doute ce sire Godefroi de Zimmern occupa pen-
/immem, p. 225. Même observation pour d* autres • dant sa vie une situation plus élevée que celle d'un
rdiqoes, enfermées dans une cloche de verre, que l'on » simple baron, car, sur une tenture dont il a souvent
s découvertes en iSéo dans Téglise d' Alpirsbach ; » été parlé, son nom se trouve toujours écrit ainsi :
Gtatz donne une notice ft ce sujet, p. 209. Pendant » Gottefridus, dux de Zimbris ». l'hiver de 1879-80 notxs avons écrit à Herrenzimmern
A. Critique des sources.
livre. En effet, le sujet du livre comprenait la relation de 'la guerre en Orient, et la part prise à cette guerre par les barons de Zim- mern en formait, sans doute, la partie saillante; il embrassait tout au moins la période qui s'étend du commencement de la croisade à l'année 1118, date de la mort de Baudouin I , et probablement une période plus étendue, car c'est là que le chroniqueur a puisé certains renseignements sur des faits antérieurs ou postérieurs , entre autres que Frédéric de Zimmern mourut sous le règne de Baudouin II , par conséquent à une date comprise entre les années 11 18 et 1131^*, et fut enterré en Syrie ; et encore, qu'après avoir vu mourir de la peste sa femme et deux de ses fils, Godefroi l'ancien se retira au couvent de Saint-Georges et y vécut encore de longues années ^9. Maintenant, il est impossible que le livre ait été terminé avant l'époque du règne de Baudouin II, par conséquent avant l'année 11 18; d'autre part, on admettra bien comme vraisemblable que la femme de Godefroi de Zimmern le jeune, Elisabeth >°, née comtesse de Tegk, voulant hono- rer la mémoire des sts beaux-frères, tués à Nicée, dut faire exécuter cette œuvre d'art pendant les premières années qui suivirent leur mort, peut-être à l'époque où son beau-frère Frédéric de Zimmern , revenu d'Orient 5', pouvait lui fournir les renseignements les plus précis sur la fin de ses deux frères et sur la part prise par eux et par lui- même à la croisade. D'après la description de la tenture donnée par l'auteur de la Chronique de Zimmern, il est également indubitable que les figures et les inscriptions qui les accompagnaient ne pouvaient pas s'appliquer à des faits autres que la première croisade et le rôle joué pendant cette guerre par les barons de Zimmern; par conséquent il ne pouvait rien s'y trouver qui fût relatif aux aventures postérieures de Frédéric de Zimmern, à son deuxième pèlerinage et à son second séjour en Syrie; il est évident que, toute cette dernière partie, le chroniqueur l'a tirée du livre. Il est donc extrêmement probable que si le livre n'a pas été composé dans son entier , il a du moins été terminé à «une époque postérieure à l'achèvement de la tenture: en effet, il est possible que l'on y ait introduit à diverses époques des additions et des suppléments, que la première partie, par exemple, la relation de la première croisade , ait été commencée à Tépoque du séjour de Frédéric de Zimmern en Allemagne, après son retour de la croisade, et que les renseignements sur son second pèlerinage n'aient été ajoutés que beaucoup plus tard. Dans ce cas, la relation de la
48 FAudouin II fiit sacré le a avril 1118 dans l'è- 49 Voy. la fin du chap. V.
glise du s. Sépulcre, et mourut i Jérusalem le 51 $0 Et non Agnès, comme la nomme parfois Glat7,
août II 31. Voy. Fulcherius Cariiot., //ii/. Hierosol. p. ex. p. 209 et 210 j il est vrai que cette erreur
a</afr. iiiB; Cuil. Tyr, lib. XIU, 28; Wilken, (7«;ri&. provient de l'auteur des RegesttSy cité par Clatz ,
der Kreui^ige, II, $92; Kugler, Geichichte dtr Krtui- v!* 600 des pièces justificatives.
\H** PP* «o^ A II?' Jl Voy. ci-dessus ch. X.
IL Êti^ sur la Chronique de Zimmern. , 49
croisade pourrait avoir été achevée avant la tenture et il ne faudrait Toir, dans les figures et les inscriptions de la tenture, qu'une copie du livre. On peut encore admettre q>ie le sentiment de pieux souvenir qui poussa Elisabeth, comtesse de Tegk, à entreprendre un pareil travail, poussa aussi quelqu'un à écrire les faits qui concernaient ses plus proches parents , pour en transmettre la mémoire à la postérité ; il est possible que ces deux entreprises aient été menées de front, bien que le livre n'ait été achevé que longtemps après la tenture.
Ceci nous amène à toucher un autre point que nous ne pouvons pas laisser de côté; c'est la question de savoir quel fut l'auteur du livre. La Chronique de Zimmern nous assure que 'la tenture fut exé- cutée dans l'espace de neuf années par Elisabeth, femme de Gode- firoi de Zimmern , avec l'aide de neuf damoiselles. Il est possible que ce fait fut consigné sur la tenture même et que Tauteur de la Chro- nique l'y ait lu de ses propres yeux; peut-être aussi l'a-t-il trouvé dans le codex de la croisade; peut-être encore l'a-t-il extrait du re- gistre des donations dont il a déjà été parlé précédemment 5*. Il n'y a pas de raison de douter de l'exactitude de cette indication; rien d'étonnant non plus à ce qu'une tenture exécutée au commencement du XII« siècle existât encore en 1520: on sait avec quels soins Ton conservait ces sortes de dons et les objets précieux " : La cri- tique pourrait trouver une diflaculté dans l'inscription « GottefriduSy » aux de Zimhris » 54; mais, si la qualification dux est inexacte, cela ne prouve cependant pas qu'il y ait falsification et que l'inscription doive être attribuée à une époque plus moderne; en effet, d'une part il est facile de comprendre qu'Elisabeth, née duchesse de Tegk, ait donné le même titre à son époux, comme si son union avec elle eût, par le fait même, rehaussé la noblesse de celui-ci; d'autre part on peut admettre, et c'est l'opinion vers laquelle nous penchons, qu'il Êillait lire sur la tenture , non pas dux mais dns (= dominus) et que
le chroniqueur a mal déchiffré ce mot. Il n'y a, nous l'avons déjà dit,
aucun motif pour refuser d'admettre que la tenture ait été réellement faite par Elisabeth, épouse de Godefroi de Zimmern le jeune, et
bcUe-sœur de Frédéric de Zimmern.
$1 V. d dessus p. 45 et s. mains: cependant les figures n'étaient pas aecom*
$} La Cbromiqut ie Zimmern ^ t. \, p. $9, 2. éd. pagnèes des noms des personnages, mais, i côté d«
p. éj, fait mention d'une autre tenture exécutée au chacun d'eux , Ton voyait des armoiries auxquelles
toil'-ca dn XI* siècle pour l'église de S* Lienhard à leurs descendants pouvaient les reconnaître : cette ten-
ister, dans la Forèt-Koirc : on y voyait tare, ainsi qne beaucoup « d'autres monuments d*où
en tapisserie les portraits des divers personnages no - » cette histoire a été en partie extraite , fut mise en
Mes de rAUcmagne du Sud (et dans le nombre se » pièces et brûlée pendant la révolte des paysans en
trouve celai d'un certain Wemer de Zimmern) qui, ■> l'année 1535 ». L'existence d'armoiries sur une
coobattant au service de l'empereur Henri m, avaient tenture donnée comme ayant été exécutée au XI*
été £ûts prisonniers en Bohême en lo^t et rendus siècle est propre A inspirer des doutes sur l'originalité
pldsurd i la liberté: cette peinture était destinée à et l'antiquité de cette tenture.
perpétuer le souvenir de leurs souffrances; ils étaient, 54 Voy. p. 47. d>t*on, représentés avec des chaînes aux pieds ou aux
Arfhhn dt l'OrUnî latin. II, 1 88a. 4
50 A. Critique des sources.
Nous ne pouvons en dire autant de la supposition du chroniqueur à regard de l'auteur du livre, qu'il croit avoir été l'un des barons de Zimmern qui avaient pris part à la croisade: « le texte et les dessins, » dit -le chroniqueur , sont vraisemblablement de l'un des barons de » Zimmern; trois d'entre eux, trois frères, assavoir sire Frédéric, sire ï> Conrad et sire Albert, avaient pris part à cette guerre » 5s. D'abord, il serait absolument insensé de supposer un seul instant que l'un des deux derniers ait pu être l'auteur du livre. Tous deux ont été tués aux environs de Nicée, ce qui les mettait absolument dans l'impossi- bilité de faire le récit de leurs aventures et de la catastrophe qui les avait frappés, eux et leurs compagnons ^^. En second lîfeu, l'auteur ne peut pas davantage être Frédéric de Zimmern : en effet , si c'était lui, le ton de la relation serait tout autre ; le chap. XV, par exernple, qui contient le récit de faits si compromettants pour sa mémoire , ne sau- rait avoir été écrit par lui-même; cela est inadmissible: ce n'est point là le style d'une autobiographie, quelque impartiale qu'elle pût être. Ce que nous pouvons donc croire, c'est que le livre a été écrit, non pas par Frédéric de Zimmern, mais par un auteur inconnu, très pro- bablement par une personne de son entourage , d'après des renseigne- ments fournis par Frédéric de Zimmern lui-même, à l'époque de son séjour dans sa patrie, après son retour d'Orient, et que ce travail fut entrepris à la demande de Godefrpi , ou de son épouse , ou même d'un de leurs fils. L'histoire de la croisade du vieux livre d'Alpirsbach aurait donc été rédigée dans la première moitié du XIP siècle. Cette supposition pourrait expliquer toutes les particularités que nous trou- vons dans le texte et même les inexactitudes et les erreurs qu'il renferme, et dont nous aurons encore à parler dans la suite, et en même temps elle établirait l'importance de ces mémoires pour l'his- toire de la croisade.
Mais ne perdons pas encore de vue la relation qui existait entre le livre et la tenture. Les figures représentées sur la tenture étaient destinées à illustrer les hauts faits des sires de Herrenzimmern à la croisade; mais ces mêmes hauts faits se retrouvaient évidemment racontés dans le livre , avec plus de détails ; il est donc tout na- turel que ce ne soit pas la grande tenture , mais le livre , qui ait fourni à l'auteur de la Chronique de Zimmern le plus grand nombre et les plus importants des renseignements dont il avait besoin pour écrire la relation de la première croisade et les événements auxquels avaient été mêlés les sires de Zimmern. Sans aucun doute les évé- nements saillants relevés dans son récit formaient aussi le sujet des tableaux retracés sur la tenture; il est permis de se figurer que Ton
55 Voy. U fin aa châp. I, p. ai. 56 Voy. cbâp. IX.
IL Éttide sur la Chronique de Zimmern, 51
y voyait, par exemple: le père, Godefroi de Zimmern, équipant ses fils pour la croisade et leur donnant des harnais, des chevaux, etc. 57; Farrivèe de ceux-ci à Tubingen où ils rencontrent leur chef, le comte palatin Hugues $*; puis la défaite des chrétiens à Nicée 5^ et surtout la mort de Conrad et d'Albert de Zimmern ^\ Frédéric de Zim- mern blessé grièvement ^' ; peut-être aussi , mais cela est très peu pro- bablement, la conquête de Jérusalem et l'intronisation du duc Gode- froi ^*. Nous reviendrons plus loin sur ces deux derniers points. Il est regrettable que le chroniqueur ait cru devoir se borner à rap- porter une seule des inscriptions ^î, tandis qu'il trouvait bon d'in- troduire dans son récit des choses à peine dignes d'être lues. Comment étaient faites les figures? Combien y avait-il de tableaux? Sur ces deux points il ne nous fournit aucune indication ^^. Mais, ce que Ton doit admettre comme certain, c'est que le Codex était écrit en latin: ce qui le démontre, ce ne sont pas seulement les mots de consonnance latine qui , d'après le témoignage du chroniqueur , se trouvaient inscrits sur la tenture; ce sont aussi quelques-uns des termes allemands employés par l'auteur, et surtout les constructions à participes , qu'il a évidemment trouvées dans le texte latin ori- ginal: par exemple, p. 86, 1. 35, (2.* éd. p. 94, 7): ihn da:(u bewegendy p. 87, 1. 7, (2.* éd. p. 94, 1. 12): dar^u gehôrend, p. 87, 1. 19, (2.* éd. p. 94, 1. 31): die loosung bettreffendy etc.
Nous avons rempli la première partie de notre tâche; il s'agit maintenant de pousser plus loin notre travail d'enquête , et d'abord d'établir la distinction entre les morceaui que l'auteur de la Chro- nique de Zimmern a tirés des deux sources que nous venons d'étu- dier,' et ceux qu'il a empruntés à d'autres sources, et en particulier à d'autres documents d'origine allemande. Nous l'avons déjà dit plus haut *5, il a connu et utilisé pour son histoire de la croisade des documents allemands autres que le Codex d'Alpirsbach et la ten- ture. Ce fait ressort d'abord de ses propres expressions ; en effet il dit: c de ces deux documents (le Codex et la tenture) on a ex- > trait ce qui concerne les barons de Zimmern; ce sera l'objet des 1 chapitres suivants » ^\ par là il indique implicitement que ce qui, dans son récit, ne se rapporte pas aux barons de Zimmern, a été puisé à d'autres sources. Ces expressions, sous sa plume, ne permettent
57 V07. diap. IV. liste est donnée au chap. III , k partir de Waltbtf
58 Ihii., à U fin du chap. de Tegk. Voy. aussi ce que dit Hcfiaer {Oberbairitehei $9 Voy. cfaap VII, VIII. Jrehiv , II, p. 198), i propos des peintures sur bois 60 Voy. chap. IX. qui se trouvent dans le caveau des princes, A Scheiem; éi liid. on y voit des figures dont quelques unes, portent ii Voy. chap. X. des explications et des remarques générales au sujet 6j Voy. p. 47, n. 47. des faits représentés.
64 U est probable que l'on retrouvait sur cette 65 Voy, ci-dessus p. 37 et 42.
teature toos les noms des nobles allemands dont la 66 Voy. à la fin du chap. 1.
52 A. Critique des sources.
pas même de supposer qu'il ait trouvé dans les sources d'Alpirsbach le sujet des chapitres suivants en entier; elles ne peuvent signifier qu'une chose, c'est qu'outre les renseignements que ces sources lui ont fourni sur les croisés allemands, il en a découvert d'autres en d'autres lieux: ainsi les renseignements sur les croisés allemands que l'on peut trouver dans d'autres documents ne se trouvaient point dans le Codex d'Alpirsbachy et l'auteur de ce codex , de son côté , n'a rien emprunté à ces documents; le Codex contient une relation absolument personnelle et l'auteur de la Chronique de Zimmern l'a développée en y ajoutant des morceaux empruntés à d'autres sources. S'il en était autrement , le chroniqueur aurait dû se servir d'autres expressions : il aurait dû, par exemple, dire: « Pour les chapitres suivants on a » puisé à ces deux sources, du moins pour ce qui concerne les ba- » rons de Zimmern » : cela aurait donné à entendre qu'il avait réuni dans les deux chapitres suivants tout ce que les deux sources, le Codex et la tenture, contenaient au sujet des barons de Zimmern, et que, par conséquent, le sujet de ces deux chapitres était entièrement, tiré des deux sources, soit que le chroniqueur les eût copiées mot pour mot , soit qu'il en eût seulement donné des extraits. Mais alors ce ne serait plus la relation de la première croisade fournie par l'auteur de la Chronique de Zimmern qui serait une compilation; le compi- lateur aurait été l'auteur même du livre d'Alpirsbach; dès lors, sa rédaction ne pourrait plus remonter au premier tiers du XIP siècle, mais tout au plus au commencement du XI V% car Aventin même est au nombre des sources où l'auteur aurait puisé. Mais l'auteur de la Chronique de Zimmern fait remarquer qu'il n'a emprunté au vieux livre que les renseignements concernant les nobles qui prirent part à la première croisade; cela suffit pour qu'il soit permis d'affirmer avec certitude que, s'il fournit d'autres renseignements, il les a puisés à d'autres sources, et que, par conséquent, la compilation est de son fait à lui, et à lui seul.
Au nombre des autres sources, indiquées au commencement de cette étude, nous avons mentionné déjà ^7: la Chronique de Bernold de Saint-Biaise y la Chronique d'Ursperg et les Annales Boiorum, d' Aventin. L'auteur de la Chronique de Zimmern ne s'est pas contenté de citer les deux dernières dans son catalogue des sources ** ; il leur a em- prunté des renseignements qu'il a placés dans d'autres parties de son œuvre ^. Il y a déjà là un motif pour admettre qu'ils n'ont pas
67 Voy. p. 41 et s. B rad de LQtzelhard, en Tannée 1 168 et il le dit en
68 Voy. Zimm. Chrouik^ éd. B^rack , vol. IV, » ces termes: Marchiam quoque Ancons.... i>, etc. — p. 463 et s. Vol. II, p. 332: « L'abbé Conrad d'Ursperg, qui vi-
69 Jhid.t vol. I, p. 121; 2. éd., p. 129, 1. 38. ■ vait à la même époque que Frédéric et qui a écrit « L'abbé d'Ursperg dit que l'cropcreur Frédéric Bar- » l'excellente chronique d'Allemagne » etc. — L*au- » berousse a donné la marche d'Ancône au sire Con- tcur de la Chronique ât Zimmtrn connaissait aussi
II. Étude sur la Chronique de Zimmern, 53
été sans influence sur sa relation. Mais cette supposition devient une cenitude, si l'on collationne les passages: ainsi, au chap. II, le chro- niqueur, à propos de la prise de Rooie^ dit qu'elle eut lieu au mois de juin; or, ce renseignement ne se trouve ni dans Albéric de Trois-Fontaines, ni dans Gilles, mais bien dans Ekkehard d'Aura, et dans le chroniqueur d'Ursperg, et c'est à celui-ci qu'Aventin l'a emprunté: « Capta est urbs iv° nonas junii, feria sexta ante octa- » vam Pentecostes 7° ^. Même remarque au sujet de ce que dit Tauteur de la Chronique de Zimmern à propos du congé que Go- defroi aurait demandé et obtenu de l'empereur Henri IV, dans le but de retourner dans son pays pour s'y préparer à la croisade '^ Le même renseignement se trouve dans Ekkehard et , par suite , dans la Chronique d'Ursptrg et dans Aventin. Les deux premiers s'expri- ment comme il suit, à l'année 1097: « Interea Godefridus, dux Lotha- ? ringîse vir génère, armis et ingenio clarissimus, qui priori anno è cunctis qux possidebat in precium redactis, militibus copiosis fi- ^ dequc non modica instructus, iter per orientalem Franciam fecerat; » neque ipsis ab Ungaria fugientibus territus, sed tam imperatoris » Henrici , quam régis Colomani permissions Pannonias Bulga-
> riasque permearat, etc. »: et, dans Aventin 7», on lit: « tum CON-
> SENSU AuGUSTi MANDATOQUE ex iuferiore Germania Gottofridus
-» cum fratribus Balduino et Eustachio Syriam pénétrant ».
La filiation qui existe entre la Chronique de Zimmern et la Chronique d'Ekkehard apparaît encore bien plus clairement dans la phrase du chap. III: « Cela ne fut pas connu immédiatement eu Allemagne ». Il n'y a pas à douter que ce ne soit la traduction de ce passage d' Ekkehard 73 : « Orientalibus autem Francis, Saxonibus et Thuringis, » Baioariis et Alamannis haec bucina minime insonuit, propter illud » maxime scisma quod inter regnum et sacerdotium a tempore Aie- » xandri papas usque hodie tam nos Romanis quam Romanos nobis i, iovisos et infestos iam^ heu! confirmavit. Inde est, quod omnis » pêne populus Theutonicus in principio profectionis hujus causam » ignorantes , per terram suam transeuntes tôt legiones equitum , . . .
> subsannabant ». Le chapitre VI en entier, où il est parlé de la marche de Godefîroi vers l'Asie , est également emprunté presque mot pour mot à Ekkehard, et, par suite, à la Chronique d'Ursper g ^^.
I
Tort bico les écrits d'Aventin: à preuve la remarque Ursperg. ad an. 1083. Aventin, dans les Aunaln Boia-
fj'il a ùite sur cet écrivain , vol. IV, p. 193 : il tum (Ed. d'Ingolsudt i$$4)) p. s8o, emploie des termes
<f.t entre autres choses: « 11 en fut de même, il y a i peu' près iJ|nttqMes.
» des Années, pour les oeuvres de Jean Aventin; elles 71 Voy. Chap. II.
• ont dû loogteznps rester reléguées dans un coin, et, 72 P. $98.
• ea coUationnant le texte latin avec le texte aile- 73 Dans la Chronique A l'année 1099 et dans VHù- ■ mand , on trouve qti*cn plusieurs endroits on a roiolymit. ch. IX.
« siutf de longs passages dans le but de flatter et 74 Chronic, Ursp<rg, ad tn. 1096; Ekkehard, Hit'
• d'aduler le prince (fe Bavière ». rosolym. ch. XIII. 70 Voy. Ekkehard, Chroa^, ad an. 1083: Chronie.
54 A. Critique des sources.
Citons encore Ekkehard: « Gotefridum scilicet ceterosque prenomi-
» natos duces cum suis vidimus donec diversis itinerum diâEL-
» cultatibus Bulgaria .permeata, Constantinopolitanas attigerant arces
» fictis beneficiis Alexius imperator tantos sibimet heroas ami-
> caverit, postea vero sacramentis extortis constrinxerit
» dolis eos interfecisset, nisi Gotofridi ducis sollertia cautius vigî-
» lasset absque vulgi, parvulorum ac mulierum incredibili mul-
» citudine recensita sunt CGC milia pugnatorum prseterea que-
» ties reges vel principes Sarracenorum consurrexerunt in nos, Deo » volente, facile victi et conculcati sunt. Motis itaque castris Niceam. » applicuerunt ». Il pourrait se faire, il est vrai que ce dernier pas- sage eût été déjà emprunté par l'auteur du Codex d'Alpirsbach à la Chronique d'Ekkehard ou à l'Annaliste Saxon; auquel cas il faudrait laisser de côté la Chronique d'Ursperg qui, à ce moment, n'avait pas encore vu le jour. Cependant cela est bien peu probable, car il se trouve justement que le passage correspondant, au chap. VI, ne concerne pas directement les barons de Zimmern; en second lieu, à part le chap. V, qui forme une sorte de parenthèse, la suite du récit du Codex d'Alpirsbach se relie à la fin du chap. IV et le chap. VI ne paraît être qu'une addition empruntée plus tard par l'auteur de la Chronique de Zimmern à la Chronique d'Ursperg.
Enfin, tout le commencement du chapitre X, depuis les mots: quelque temps après la prise de la ville d'Antioche^ jusqu'aux mots Bau- douin son frère ^ qui régna i8 ans y pourrait bien avoir été emprunté à la Chronique d'Ursperg. Après avoir lu d$ns cette chronique un récit détaillé des événements en question, Tauteur de la Chronique Je Zimmern le condense en une sorte de sommaire et n'en reproduit que les termes caractéristiques ; il en fait la transition nécessaire entre le récit de la catastrophe de Nicée et la suite de la relation des faits et gestes de Frédéric de Zimmern pendant la croisade. Il n'avait dû trouver sur ce sujet, dans le Codex d'Alpirsbach y que des indications insuffisantes, et, eût-il même vu sur la tenture un dessin représentant la prise de Jérusalem et le portrait de Godefroi de Bouillon (ce qui, d'ailleurs n'est qu'une pure supposition de notre part, car, dans le texte de la Chronique, on ne trouve rien de positif à cet égard), que cela ne lui eût pas fourni beaucoup d'éclaircissements. En ceci, donc, il est resté fidèle à sâti procédé, qui consistait à prendre à d'autres sources tout ce qui ne concernait pas les barons de Zimmern, et cela par la raison qu'en fait de renseignements sur la première croi- sade, son document principal, le Codex d'Alpirsbach^ ne lui fournissait rien. Ajoutons encore que le style de ce passage est d'autartt plus frappant, qu'il ne ressemble nullement aux autres morceaux que nous avons considérés comme extraits du Codex d'Alpirsbach y précisément
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. 55
à ause de leur style circonstancié; s'il s'était trouvé dans le Codex des renseignements sur les événements de la première croisade^ tels, par exemple, que le siège d'Antioche, la marche de l'armée à travers h Syrie et la prise de Jérusalem, ils auraient dû être présentés d'une autre manière qu'ils ne le sont par l'auteur de la Chronique de Zim- mern. En effet, les morceaux que Ton peut considérer comme certai- Dement extraits du Codex d'Alpirsbnch présentent un tout autre ca- ractère; ce n'est plus le stylé froid de la Chronique, tel que celui du passage en question; c'est une vive description des événements aux- quels les barons de Zimmern ont été mêlés; or cette vivacité fait défaut à tous les passages qui ne sont pas empruntés au Codex. Nous reviendrons sur ce point lorst]ue nous nous occuperons de pré- ciser le sujet du Codex.
Quant i la Chronique de Bernold , ce qui pourrait démontrer que l'auteur y a eu recours, c'est la mention qui est faite, au chap. III, d'Othon de Strasbourg: nous en dirons encore quelques mots plus loin. Ainsi donc, il parait établi qu'il n'y a pas de motif fondé de douter que tous les passages que nous venons de citer aient été empruntés à des sources autres que le Codex: il n'en est plus de même pour la liste de croisés donnée par le chroniqueur au chap. III: pour celle-ci, il n'est point facile de préciser les sources d'où elle a été tirée, et cependant, nous le verrons, il est indéniable que , pour l'établir, l'au- teur a dû avoir divers documents à sa disposition.
Et d'abord, nous y trouvons des inexactitudes patentes; en effet, parmi les premiers de la liste nous voyons les noms d'hommes qui n'ont pas pu prendre part à la croisade dès Tannée 1096 , mais qui ont dû faire partie des croisés partis pour la Terre Sainte en iioi. Tel est le cas.de Thiemon de Salzbourg et, probablement aussi, d'Ek- kehart de Scheiern. Il est cependant possible que l'auteur du Codex d'Alpirsbachf qui, nous l'avons déjà vu 7$ , écrivait pendant la première moitié du XII* siècle, ait commis un erreur. dans l'énumération de CCS croisés; cette erreur consiste à faire partir pour TOrient dès 1096 ceux qui prirent part quelques années seulement plus tard, en iioi, à l'expédition qui se termina d'une manière si tragique ; il aurait ainsi confondu les deux expéditions de 1096 et de 1 10 1 : mais ne perdons pas de vue que, dans le détail du récit, il place évidemment le départ de rarmée allemande, commandée par Walther de Tegk et Hugues de Tubingen, avant celui de Godefroi de Bouillon; que, plus tard, il parle du retour de Frédéric de Zimmern avec Bohémond , puis du se- cond voyage de Frédéric en Orient; que, par conséquent, il fixe exactement l'ordre chronologique en ce qui concerne le rôle joué par
75 Vcj. p. 50.
56 A. Critique des sources.
les barons de Zimmern; il est donc tout au moins invraisemblable que Ven doive rendre le Codex d'Alpirsbach responsable de Terreur commise par l'auteur de la Chronique de Zimmern, lorsque celui-ci compte Thiemon de Salzbourg et Ekkehard de Bavière au nombre des croisés partis pour Jérusalem en 1096: remarquons qu'il place ces noms avant celui du duc Walther de Tegk , ce qui semblerait prouver que ce n'est pas dans le Codex d'Alpirsbach ^ mais dans quelque autre livre, qu'il les a trouvés.
Il y a un fait qui mérite une attention particulière et qui fournit à notre hypothèse un appui considérable. Suivons attentivement le récit du chroniqueur: n'est-il pas surprenant qu'il ne nomme qu'une seule fois, et à propos de cette Hâte , des hommes tels que Tévêque Conrad de Coire, Othon de Strasbourg, Thiemon de Salzbourg et Ekkehard de Bavière, et qu'à partir de là il n'en souffle plus mot? Cependant ces hommes devaient jouir d'une grande considération dans l'armée; ils devaient y occuper des situations éminentes; il eût été intéressant de savoir ce qu'ils étaient devenus après la croisade, déjà même après la catastrophe de Nicée: il eût valu la peine de faire connaître leur sort, autant au moins que celui de tous les no- bles souabes dont l'auteur donne la liste au chap. III parmi les par- tants , et qu'il cite de nouveau nominativement après le récit de la catastrophe de Nicée. Lorsqu'on le voit répéter deux ou plusieurs fois les noms des comtes de Sarwerden, de Neifen, des sires de Stoffelln, de Brandis, d'Ems et de Fridingen, qui pourtant, il est permis de le supposer, occupaient dans l'armée une situation bien inférieure à celle des évèques mentionnés plus haut , et les classer exactement parmi les sauvés, les blessés ou les tués, on aurait eu le droit d'attendre qu'il fit connaître le sort de ceux qui occupaient dans l'armée .une position importante; car enfin il les avait lui-même nommés en faisant le dé- nombrement des bandes allemandes, et ils devaient, dans son opi- nion, avoir pris part, comme les autres, à la bataille de Nicée. Ce fait nous donne à supposer que le chroniqueur a bien trouvé dans le Codex d'Alpirsbach les noms des nobles allemands, c'est-à-dire tous les noms cités au chap. III, depuis le duc Walther de Tegk jusqu'au comte de Deux-Ponts , mais point ceux des trois évêqucs et d'Ekkehart de Scheyern; ceux-ci, il a dû les prendre dans la Chronique d'Urspergy dans Aventin et dans Bernold.
En effet, il est déjà plus que probable que c'est dans Ekkehard, ou, ce qui revient au même, dans la Chronique d'Ursperg ou dans Aventin, qu'il a appris que Godefroi de Bouillon aurait obtenu de l'empereur d'Allemagne la permission de se joindre à la croisade 7^; nous n'avons
76 Voy. ci-dessus p. 53.
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. ^ 57
pas de motif pour douter qu'il ait eu recours aux mêmes sources lorsqu'il s'agissait pour lui de trouver dans des documents autres que le Codex d'Alpirsbach des noms d'Allemands ayant pris part à cette croisade. Nous pouvons juger du zèle qu'il apportait à cette recher- che, lorsque nous le voyons, au chap. XII, qu'il a écrit de son propre fonds, ajouter un supplément pour faire connaître, comme en post- scriptum^ qu'Adalbert de Wittelsbach et Ortolf de Taur avaient pris pan à la croisade : assurément ces deux noms ne se trouvaient pas dans le Codex d'Alpirsbach , sans quoi il n'en aurait pas fait l'objet d'une note spéciale ajoutée après coup.
On sait que c'est Aventin 77 qui a confondu ensemble les expédi- tions de 1096 et iioi. Par exemple, il est démontré que le duc Welf de Bavière, l'archevêque Thiemon de Salzbourg et la duchesse Ida d'Autriche n'ont pris le chemin de la Terre Sainte qu'en iioi; cependant Aventin les fait partir dès 1096 avec Godefroi et Bau- douin, et assister avec eux à la prise de Jérusalem; c'est une erreur historique. Eh bien! l'auteur de la Chronique de Zimmern était à la recherche de noms allemands ; il en trouva plusieurs dans Aventin ?* et ces noms étaient groupés de telle façon qu'il lui était difficile de laisser de côté certains d'entre eux, bien qu'il vît que ce groupement n'était pas tout à fait exact. Ce qui nous fait faire cette supposition , c'est qu'il n'a pas admis, dans sa liste, le nom du duc Welf de Ba- vière, que, pourtant, Aventin nomme expressément parmi les croisés de 1096: c'est qu'il trouvait dans la Chronique d'Ursperg que Welf n'a- vait pris la croix qu'en iioi '9; voilà pourquoi il a passé ce nom.
Par contre, il a admis dans sa liste et compté au nombre des croisés partis en 1096 Thiemon de Salzbourg, qui, cependant, ne s'est, lui aussi, mis en route qu'en iioi: la raison de cette difEèrence est, sans doute, que, dans la Chronique d'Ursperg, il ne Ta pas trouvé ex- pressément désigné parmi ceux de iioi. Il est vrai que, dans Ekke- hard et dans la Chronique d'Ursperg ^ le nom de Thiemon est porté sur la liste de ceux qui ont succombé en Orient en iioi *°; mais Ekkehard ne spécifie pas que le départ d'Allemagne de ce prélat n'ait eu lieu qu'en iioi ^'; l'auteur de la Chronique de Zimmern pouvait donc, non sans fondement, conclure de cette circonstance que Thiemon avait entrepris son pèlerinage dès 1096^ et c'est ce qui l'a déterminé à l'admettre aussi dans le nombre des croisés nommés par Aventin. Si, dans le passage ** où il désigne expressément le duc Welf de Ba- vière comme le chef de l'armée allemande de i loi , le chroniqueur
11 Annal, Beior. (èdit. d'Ingolstadt.) » lib. X, 80 Voy. Ekkcèani. Chronicon, i l'année iioi, et
p. S^, ». Hierosoiym. ch. XXVI, 5 (p. 2ço).
7S Ibii., p. S98. 81 Ibid. 1 l'année iioi, «t Hùrot. ch. XXII u.
79 Ad an. iioi. Ekk., Hûros. c. XXIII, 4. 82 Ihid, et Hierot,, eh. XXUI, 4.
58 A. Critique des sources.
d'Ursperg avait, à côté de Welf, nommé Thiemon, l'auteur de la CJSrro- nique de Zimmern n'eût assurément pas admis ce nom dans sa rela- tion , car il eût été démontré pour lui que Thiemon ne pouvait être parti qu'en iioi. Il le place dans sa liste parceque les textes qu'il avait sous les yeux ne lui ont pas appris qu'en 1096 Thiemon n'était pas encore parti pour la Palestine. En cela il s'est trompé ; car Thiemon n'est parti ni avec Godefroi, ni avec l'armée qui avait précédé ce prince ; il était même retenu en pri^^on en Carinthie *5 à l'époque de la première croisade; il n'est parti qu'en iioi — toutes les sources contemporaines sont unanimes sur ce point ^^ — en même temps que Welf de Bavière , Gislebert d' Admont et Ida d'Autriche ; on trouve toujours son nom à côté des trois autres et surtout à côté de ceux de Welf et d'Ida K
Maintenant, où l'auteur de la Chronique de Zimmern a-t-il vu qu'un ÉvÊOuE DE CoiRE du nom de Conrad ait pris part à la première croisade ? c'est un point d'autant plus difficile à établir , qu'il y a , dans le renseignement même, soit une confusion de noms involontaire, soit une erreur évidente. D'abord, il est certain que , pendant les dix dernières années du XP siècle et les dix premières du XIP , aucun évêque de Coire n'a porté le nom de Conrad; les évêques de cette période avaient même des noms tout différents de celui-là. De l'année 1089 au 22 août 1095, ^^ s^^g^ épiscopal de Coire fut occupé par Udalric II; son successeur se nommait Gui (Wido); il était aupa- ravant chanoine d'Augsbourg, et est mort le x8 mai 1122*^ C'est son successeur qui s'appelait Conrad; il était comte de Biberegg: il
85 Voy. Vitnetpaisio rK^moNti, dans Canisius, III, Morgenlande^ p. XVll, et 39 u.; du même, Goldene
p. 106: a Kon multo post (c'était environ en 1095) Chronik von Hohenschwûngûu , p. 3) ss. ; Ekkeh.,
• cum per Thaunim montem in Cârinthiam iter legeret HierosoL loc. cit ; cf. Riezler , Z»r âUgrm hairisch,
■ (il fuyait devant ses ennemis) ecce Udalricus cornes Gttcb, dans les Fortehungen ^ur ieutsehen Gtschichu, » partium Ccsaris, ausus est manum sacrilegam mit- t. XVIII, p. 553, qui nomme encore d*autrcs person-
■ tere in Cbristum Dom. et in ipso monte nil minus nages de la croisade ; Rdhriclu , Btilrig* tmr Gtscb.
• suspicantem circumvenit domtnum suum et cepit. der Kreu^^ige^ II, 297 ss. et Riant, InvtHtaire, p. 4S. » Nullum genus «rumnarum , quod tempore, quod — Pour la croisade de iioi, voy. Giesebrecht, Ge- » miserum esset, in ea captivitate per quinquennium schichtt der deutscben KMiser^eil, 111, 688; Kugler, » expert!» non est ». Voy. encore Hormayr, DU . Getchiehu itr Krgm^^ige, pp. 75-81.
Bayern im Motgtmlanit , p. XVII; Tangl, dans les 86 Quelques auteurs modernes admettent qu'Udal-
Archiv. fmr Merr. GeschiebtsquelUn , XII, 103; Ëk- rie est mort en 1108 et que Gui ou Wido lut a suc-
kehard, Hierosol,^ p. 250. cidi la même année. Mais une oeuvre contemporaine.
84 Les ouvrages ci-aprés témoignent que Thiemon les Annales Augmtuni {Mon, Germ.^ SS., III) , qui n*est parti pour la croisade qu'en iioi, avec Welf vont jusqu'à l'année 1104 et ont été écrites par un de Bavière : Annaht Mtllictnsesy œuvre contemporaine, ou plusieurs chanoines d'Augsbourg , fournissent un ad an. iioi {Mon. SS., Germ, IX, 300); Anctarimm renseignement sans doute exact ; d'après elles, Udalric Clûustroneoburgtnfe, ad an. iioi (ibid., p. 6a8); Ki/a est mort en 1095 et Wido, qui avait été cbamoime i •i passio Tbiemonis, p. 108; Otto Frising., Cbronico^t, Augsbonrg^ est monté en 109$ sur la siège épiscopal lib. VII, ad an. iioo. de Coire. Voy. aussi Chronik v. Pettribamm ^ dans
85 Avec eux on nomme, comme faisant partie de VLonc^ QuelUntammUng dtr hai. Getebiebtt^f. 154. — la même expédition : les comtes Bernard de Scheiera Sur Conrad, successeur de Wido , v. Ikid. Dans une et Henri de Ratisbonne , et deux ecdésiasti^es du note du Cod, diplom. Alemannim , II, 4a, Keugart nom de Bruno. — Voy. Ekkehard, Cbronie. ann. 11 01 ; désigne encore Udalric comme èvèque de Coire en 1 107; Hierotolym. chap. XXVI; Hormayr, Diê Baytrn im mais c'est une «rreur.
IL Étude sur la Chronique de Zimmern. 59
était
le
premier
évèque
de
ce
nom
à
Coire:
il
occupa
son
siège
jusqu'au
11
mars
1150,
ou,
suivatic
d'autres,
seulement
jusqu'à
l'année
1142;
son